14 juin 2013

Louviers aussi a son grand timonier


(photo DR)
La photo de la Une de la Dépêche d’hier m’a bien fait rire aujourd’hui. On y voit le maire de Louviers, Franck Martin, tenir la barre du Marité, jouant au capitaine de voilier, le seul navire normand, précise le journaliste, participant à l’Armada rouennaise. Le Nirvana, quoi ! Le vent lui raconte l’histoire de marins couverts de gloire. Il y est, il s’y croit.
Sans revenir en détail sur l’aventure et la rénovation, de la cale aux mats, de l’ancien Terre Neuva fécampois et sur son coût exorbitant, je souhaite simplement confirmer mon opposition citoyenne à la participation financière de la CASE à ce projet devenu réalité grâce aux efforts de M. Martin, président du groupement économique créé pour l’occasion. Il va de soi que la restauration du Marité, au-delà du défi artisanal, demeure une lubie du grand timonier Martin à l’exemple de son ancien grand maître, lui aussi habitué des foucades, l’ancien président chinois Mao Tsé tung dit Mao Zedong dans le langage d’aujourd’hui. Franck Martin, ancien mao militant du temps de sa folle jeunesse, apprécie donc les métaphores marines autant que les citations latines.
Malgré les soutiens des maires de Martot et ceux d’ailleurs, je persiste et signe : à aucun moment, Franck Martin n’avait de légitimité ni d’intérêt local ou d’excuse historique pour s’engager dans le rachat du vieux gréement Marité et dans sa remise en état. Que les mânes de ses pairs lui aient légué l’amour des embruns et des pelletées de sel marin pour empêcher le poisson de pourrir n’autorise en rien Franck Martin à s’autoproclamer défenseur des vieilles coques. Il est maire de Louviers, pas maire de Fécamp.
La participation financière de la CASE est certes minime. D’ailleurs le bateau s’il est né Haut-Normand est devenu Bas-Normand. La ville de Rouen ayant retiré ses billes depuis longtemps et la région Haute-Normandie ayant d’autres dépenses plus urgentes. On aurait aimé que l’ancien président de la CASE mît autant d’ardeur à défendre des projets plus vitaux et plus locaux. Je sais bien qu’il raconte partout que la culture marine ou maritime n’est pas la plus répandue, que seuls les vrais marins peuvent comprendre ce qu’il en coûte de sueur et de sous pour la remise à flot d’un bateau attaqué par le temps et le désintérêt des hommes…désargentés. 
Il ne s’est pas trouvé beaucoup d’élu(e)s pour oser s’opposer à la tocade de l’ex-président de la CASE et lui demander de changer de cap. Les délégués n’en pensaient pas moins mais ne souhaitaient pas contrarier la passion de M. Martin pour le large de crainte de représailles. Ils connaissent ses réactions épidermiques même si depuis, M. Yung a pris le relais à la tête de la CASE et se montre plus conciliant.
Le 16 juin, les voiliers descendront la Seine jusqu’à l’embouchure. Si vous apercevez le Marité, ayez une pensée pour tous ces matelots et ces commandants de bord à l’image du capitaine de pêche Récher qui a si bien raconté (dans la collection Terres humaines) les souffrances de ceux qui passaient des mois en mer, par tous les temps, pour attraper des morues et faire vivre leurs familles. C’était autre chose que de se pavaner derrière un gouvernail pour la photo de…famille.

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