Ma philosophie est faite.
Les occidentaux auraient tort de bombarder la Syrie. Aussi étrange que cela
puisse paraître, j’ai été convaincu de cette nécessité en entendant Dominique
de Villepin, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac exposer ses arguments.
L’auteur du fameux discours devant le conseil de sécurité de l’ONU expliquant
que la France ne s’associerait pas à l’intervention militaire en Irak considère
que cette intervention — symbolique — ne saurait être d’aucune efficacité :
ni militaire, ni politique.
Certes, Bachar Al Assad est
un dictateur de la pire espèce. Les bombardements aériens et l’utilisation
de gaz sarin en font sans doute un criminel de guerre ce qui pourrait le
conduire devant le TPI, le tribunal pénal international. Mais la Syrie n’est
pas le Mali qui n’est pas la Libye. En écoutant François Hollande devant la
conférence des ambassadeurs, j’ai été choqué par le terme de « punition »
utilisé par le président pour justifier une intervention armée. Punir un
dictateur, ce n’est pas lancer quatre bombes et trois missiles tomahawcs. Ce n’est
pas tuer plusieurs dizaines de soldats loyalistes ou détruire quelques repères
du dirigeant alaouite. Punir vraiment un dictateur, c’est trouver une issue
politique à une crise qui n’en finit pas, favorisée il est vrai par le soutien
qu’apportent l’Iran, la Russie et la Chine à la Syrie, pôle d’influence ultime
de Vladimir Poutine au Moyen-orient. Punir un dictateur, c'est établir la démocratie et organiser des élections libres.
Villepin a raison d’insister
sur la sortie de crise et sur la nécessité de réunir à Genève l’ensemble des
protagonistes. Va-t-on assister à une partition de la Syrie avec des régions
kurde, alaouite, sunnite…dans la mesure où la religion semble jouer un rôle essentiel
dans l’affaire syrienne, les Saoudiens ne se privant pas de soutenir les
rebelles.
Aujourd’hui, barack Obama et
David Cameron marquent le pas. Ils attendent le rapport circonstancié des émissaires-experts
de l’ONU chargés d’expliquer qui a utilisé le sarin, comment il a été véhiculé
et quels ont été les mobiles de son usage mortel sachant que 60 % des 1500
victimes estimées étaient des femmes et des enfants.
Malgré cette tragédie
humanitaire et cet acte infâme, je demeure persuadé que la guerre ne résoudra
rien, à plus forte raison si elle est alimentée par les occidentaux
directement. Que l’on aide la rébellion (laquelle ?) pourquoi pas ?
Equilibrer les forces peut être un
projet viable dans la mesure où cela obligerait les belligérants à ouvrir le
dialogue.
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