19 décembre 2013

Les minorités agissantes auront toujours besoin d'élus courageux pour assumer le pouvoir et ses contradictions


Une machine relancée chez M-Real devenu Double A. (photo JCH)
« L’avenir appartient à ceux qui luttent » Victor Hugo avait bien raison. L'usine de pâte à papier, fermée depuis 5 ans va redémarrer, et c'est la confirmation, tardive et inattendue, des positions martelées par le "Collectif pour le maintien et le développement de l'emploi chez M-Real" et de l'intersyndicale CGT-CGC, appuyée par une expertise indépendante. Le groupe M-Real avait à l'époque balayé ces conclusions d'un revers de main, car il n'avait d’autre objectif que de se débarrasser du site tranche par tranche. Il se trouve que cette logique a été enrayée par la détermination d'hommes et de femmes qui ne se sont pas laissé faire. En refusant tout licenciement, en se manifestant sur tous les terrains sans se préoccuper de savoir si c'était légal ou pas, elles et ils sont devenus incontournables. Avant les présidentielles, le détour par M-real était devenu un point de passage obligé, avec son lot de promesses qui ont fait pschitt...M-real a fini par fermer, mais deux choses essentielles avaient été arrachées: un PSE de très haut niveau, et l'engagement à céder le site si un repreneur se manifestait. Ce fut Double A. On sait bien que si ce groupe a investi à Alizay, c'est en fonction  d'objectifs de développement qui n'ont rien à voir avec la philanthropie. Mais Il faut être bien aveuglé pour ne pas voir dans la relance d'aujourd'hui l'empreinte de la formidable mobilisation qui a marqué la région. Et la lutte reprendra, pour de nouveaux acquis, soyons en sûrs ! »
Ce communiqué du NPA appelle de ma part plusieurs remarques. Au-delà du style habituel franc et direct, on peut comprendre que le NPA, eu égard à ce qu’il est, se contente, au fond, de mettre en avant la lutte, encore la lutte, toujours la lutte. La politique a besoin de la lutte mais pas tout le temps et pas partout. La lutte sert d’abord à établir des rapports de force et ensuite à rechercher des compromis (Oh, le gros mot) sans lesquels aucune solution durable ne peut faire l’objet d’un consensus. Quand des salariés sont menacés de licenciement pour cause de fermeture d’usine — c’était le cas chez M-Real puisque le propriétaire ne souhaitait pas vendre son outil de travail à un concurrent — la lutte des salariés a permis de faire connaître le problème, mais surtout d’associer des salariés et des élus dans une volonté commune de déboucher sur des solutions industrielles.
La lutte c’est bien mais il est encore mieux de bénéficier du relais et du vote, surtout, d’élus de gauche en situation de peser sur les décisions patronales et sur leurs modalités administratives et financières. Il faudrait être bien aveuglé pour ne pas voir dans la relance d’aujourd’hui  — comme dirait l’autre — le rôle essentiel joué par le conseil général et sa majorité et par l’Etat représenté par le préfet au nom du ministre dans le montage qui a permis cette solution industrielle et ce sauvetage de nombreux emplois.
Ce ne sont pas les élus du NPA qui facilitent ces solutions puisqu’ils n’en ont pas. Ni au département, ni à l’Assemblée nationale, ni au gouvernement. Il faut donc bien que la lutte soit relayée par quelqu’un, quelque part, et le NPA a beau jeu de railler ces vendus de socialistes soumis au capital et adeptes du libéralisme à tout crin. Bienheureux les salariés dont l’emploi n’a pas été supprimé. Bienheureuses les familles dont l’avenir n’est pas bouché, bienheureuses les minorités agissantes qui trouvent des hommes et des femmes responsables pour assumer des choix sans doute partiels mais fort utiles.
Je ne me lasserai pas de dénoncer les lanceurs de slogans et d’anathèmes tant qu’ils n’auront pas prouvé ce qu’ils savent faire au pouvoir. S’ils y parviennent un jour par les voies légales.

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