2 mars 2013

y a queq'chose qui cloche là-dedans…

« Pour en témoigner, nous proposons qu'à partir du Premier dimanche de Carême, 17 février 2013, tous les samedis à 17h, sonnent les cloches de toutes les églises des trois diocèses de Haute-Normandie, y compris de celles qui n'ont pas de célébration prévue, à l'exception naturellement du Samedi Saint où elles retentiront au cours de la nuit.
Nous rappellerons ainsi à la société que commence un jour particulier, sa signification et son importance. Et à ceux qui interrogeront les chrétiens sur ces sonneries, il leur reviendra d'en expliquer le sens. Une manière simple de témoigner et de rendre compte de sa foi : « C'est le Seigneur, le Christ, que vous devez reconnaître dans vos cœurs comme le seul saint. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect»
Cet appel paru dans la presse et signé de l’archevêque de Rouen et des évêques d’Evreux et du Havre destiné à mobiliser les chrétiens pour les messes du dimanche a suscité des réactions de la part des responsables de la Libre Pensée du département de l’Eure. Compte tenu des règlements en vigueur — les autorisations de sonneries des cloches sont prescrites par arrêté municipal — ces derniers considèrent que l’épiscopat Haut-normand en prend à son aise et impose aux ouailles, aux athées, aux agnostiques, des sonneries intempestives.

Chaque maire va être saisi d’une demande de la Libre Pensée afin de ne pas autoriser ces sonneries du samedi considérées comme un acte extravagant du droit commun. Imagine-t-on le muezzin de la mosquée du coin appeler les fidèles musulmans par haut-parleur lors des cinq prières de l’Islam ? Ce qui admissible au Caire ou à Tunis, ne l’est pas en France. Car la France est un pays laïque. Sa constitution respecte toutes les croyances et toutes les religions mais elle fixe certaines limites contenues dans la neutralité de l’Etat et applicables partout sur le territoire. Lorsqu’un mariage, une noce, un baptême sont célébrés dans les églises, on peut comprendre qu’une célébration prenne fin par les sonneries rituelles. De là à systématiser l’appel aux fidèles actuels ou futurs, il y a un pas que franchissent trop allègrement les évêques. 


Voici le texte de la lettre adressée aux maires et aux conseillers municipaux par le secrétaire départemental de la Libre pensée.
Le 17 février 2013, les évêques d'Évreux, du Havre et de Rouen ont pris l’initiative "qu’à partir du premier dimanche de carême, le 17 février 2013, tous les samedi à 17h00 sonneront-les cloches de toutes les églises ( ... ) y compris celles qui n'ont pas de célébration en vue, à l'exception du samedi saint où elles retentiront au cours de la nuit."
En agissant ainsi, les évêques se sont affranchis de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, qui, dans son article 27, prévoit que les sonneries des cloches sont réglées par un arrêté municipal. Le préfet intervenant en cas de désaccord entre les parties.
Cette tentative de passage en force de l’Eglise catholique doit être stoppée au nom du respect des lois et règlements républicains et, en particulier, de la liberté de conscience des individus de confessions différentes, des agnostiques et des athées. Aussi, nous vous invitons à ne pas céder à la politique du fait accompli en rappelant au représentant du culte catholique de votre commune, que nous vivons dans une République laïque et dans un état de droit. Se prévaloir d'une religion ne permet pas de s'affranchir des règles communes. Tolérer ces carillons intempestifs serait ouvrir la porte à tout prosélytisme religieux dans l'espace public.
La République française n’est ni chrétienne, ni musulmane, ni judaïque, ni bouddhiste, etc… elle est laïque !
Si d’aventure des représentants du culte catholique persistaient à ne pas se conformer à la loi, la Libre pensée inviterait les administrés des communes concernées à déposer un recours auprès du Tribunal administratif.
Recevez, Madame ou Monsieur le Maire et Mesdames et Messieurs le Conseillers municipaux, nos meilleures salutations républicaines.
Jean Jayer
Secrétaire départemental de la Libre pensée

28 février 2013

François Seligmann, une grande dame vient de disparaître

Arnaud Montebourg salue François Seligmann lors de l'inauguration de l'exposition Pierre Mendès France à la mairie du 3e à Paris. (photo Jean-Charles Houel)
« Françoise Seligmann, résistante et militante, est décédée le 27 février à Paris, à 93 ans. Elle avait 20 ans en 1940, quand sa famille, à Marseille, a subi les conséquences des persécutions antijuives, et qu'elle a commencé son long chemin d'inconditionnelle de la liberté. Très vite, elle fit le choix de rejoindre la Résistance, où elle a rencontré la fraternité et la solidarité de tous ces anonymes qui lui ont permis de construire, pour les personnes recherchées, une filière d’évasion à travers la frontière suisse. Avec Claude Bourdet, dans le mouvement Combat, elle s’est jetée dans la lutte clandestine, parcourant la France de part en part pour ses missions. C’est là qu’elle a rencontré celui qui partagea sa vie et ses engagements, François-Gérard Seligmann.
Dès les lendemains de la Libération, où elle a travaillé avec Albert Camus au journal Combat, elle a, à l’occasion de son combat pour la liberté des enfants Finaly (ces fils de médecins juifs autrichiens morts en déportation à qui ceux qui les avaient cachés voulaient donner une éducation catholique alors que des parents survivants souhaitaient les élever), rejoint la Ligue des droits de l’Homme, devenant en 1949 la présidente d’une section parisienne dont elle est restée membre jusqu’à sa mort. Elle expliquait, dans son livre Liberté quand tu nous tiens : « Nous devons adhérer à la ligue des droits de l’Homme. Ce n’est pas un parti politique. C’est une organisation qui défend les idées pour lesquelles nous sommes battus pendant l’Occupation ». Élue à son Comité central en 1954, puis vice-présidente, elle a été élue présidente d’honneur lorsqu’elle a atteint par la limite d’âge, en 1994. Françoise Seligmann fut par ailleurs de celles et ceux qui ont dénoncé avec le plus de force la guerre coloniale en Algérie.
A la mort de son mari, en mémoire des combats qu’ils avaient mené ensemble contre le nazisme, elle crée la Fondation Seligmann dont l'objet est d’« œuvrer pour la victoire de la raison et de la tolérance, et promouvoir le rapprochement entre les citoyens et résidents étrangers de toutes origines rassemblés sur le sol français » et le prix Seligmann contre le racisme, pour des ouvrages qui contribuent à l’information et à l’éducation pour les droits de l’Homme. Elle a créé en 1977 la revue Après-demain, qu’elle a dirigé jusqu’à sa mort, exigeant le maintien en une de la mention
« fondée par la ligue des droits de l’Homme ».

Pendant toute sa vie, Françoise Seligmann a fait preuve de cette générosité qu’elle puisait dans les combats de sa jeunesse contre la barbarie, que ce soit pour défendre Georges Guingoin, héros de la Résistance victime d’un complot sordide, pour la vie d’Ethel et Julius Rosenberg, qui furent exécutés aux Etats-Unis, contre les guerres coloniales ou pour défendre les droits des femmes. Elle a été toute sa vie une militante dont l’exemple et le dynamisme ont inspiré durablement les militants des droits de l’Homme. »
(Communiqué de la ligue des droits de l'Homme)

27 février 2013

Marc-Antoine Jamet : « Stéphane Hessel a toujours servi la France et ses valeurs »

Stéphane Hessel. Capture d'écran JCH
 Marc-Antoine Jamet m'a adressé ce texte que je publie avec plaisir :
« Stéphane Hessel était un militant. Etre né en 17 à Berlin, le Berlin de Spartakus, celui de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht assassinés et martyrs, prédestine. Il n’en tirait pas seulement un état-civil des plus romantiques. Il en reçut la conscience du siècle. Le retentissement de 14. Le tremblement de 17. La peur de 33. Le courage de 40. La douleur de 44. L’idéal de 46. Un siècle qu’il a traversé avec la même élégance, la même politesse, le même sourire, mais aussi la même malice, les mêmes clins d’œil et, dès qu’elle était nécessaire, la même impertinence. Témoin vivant d’une œuvre romanesque, il avait grandi sous le signe de la tolérance. Son enfance peu conventionnelle et libertaire auprès de Jules et Jim avait forgé son caractère épris de liberté, d’indulgence et de bienveillance.  
Stéphane Hessel a toujours servi la France et ses valeurs, la paix et ses outils. Chaillot, Genève, New York : s’il était un soldat c’est celui des Droits de l’Homme, s’il était un serviteur c’était celui de René Cassin. Deux fois normalien et lauréat du Quai d’Orsay, il était, pour la Gauche, notre Romain Gary. Ils partageaient la Résistance, l’aviation, la diplomatie. La même fougue. Le même amour absolu d’une France qui ne les avait pas vu naître et qu’ils chérissaient. Mais il y avait davantage d’espoir chez Hessel ! L’espoir qui était son secret et son message. L’espoir qui fait rester éternellement jeune. L’espoir qui, même à 95 ans, fait ne jamais cesser de s’engager. Pour l’Europe, notamment, dont sa vie incarnait le combat.  
Les socialistes ont perdu aujourd’hui un grand camarade. Un camarade d’idéal. Pour les 30 ans du 10 mai 1981, le hasard alphabétique nous avait fait signer ensemble, côte-à-côte parmi cinquante autres noms publiés dans le journal « Libération », à l’invitation de Paul Quilès, un appel au rassemblement des forces de la Gauche et de l’écologie. Un an avant le combat de 2012 — François Mitterrand qui l’avait fait ambassadeur de France ne lui était ni étranger ni inconnu — il passait ses consignes. Et il a poursuivi. Nous l’avions beaucoup vu lors de la campagne présidentielle entourer et accompagner François Hollande, du meeting d’investiture du candidat par les socialistes – c’était à la Halle Freyssinet – à la cérémonie de l’Hôtel de Ville de Paris. Autant que les larmes de Pierre Mendès France dont il était l’ami, le jour de l’entrée en fonction du nouveau Président élu, 31 ans après, son émotion était humaine. Ce grand personnage ne se contentait pas de vivre les moments d’Histoire, il surprenait toujours, sans nostalgie, avec exigence, par sa modernité. Lors de notre dernier Congrès, Stéphane Hessel fut l’inspirateur d’une motion dont le titre lui ressemblait : « Oser. Plus loin, plus vite ! ». Les Congrès sont parfois un exercice prisé des jeunes loups. A 94 ans, il avait porté ses idées sur la tribune de Toulouse et rassemblé autour d’elles un nombre de voix qui avait créé la seule surprise d’un scrutin de lendemain de victoire présidentielle. Chapeau pour cette noblesse et ce panache.
Aujourd’hui, aucun Français, aucun citoyen européen, partageant la même tristesse, n’est pourtant orphelin de Stéphane Hessel. En 2010, en quelques pages, en quelques mots et trois euros, il nous avait à tous légué son testament. Les socialistes, qui l’ont lu et l’ont retenu, qui étaient venus l’écouter dans l’Eure il y a quelques années à Val-de-Reuil, rendent hommage à sa mémoire. Comptez sur eux pour transmettre le flambeau. »
Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la fédération de l'Eure du PS

La Ligue des droits de l'homme a publié ce texte à la mi-journée :
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Pourrions-nous croire à sa mort, après quatre-vingt-quinze années d’une vie plus riche qu’un roman ? Commencée dans deux patries successives, elle s'est poursuivie au milieu de la poésie, du surréalisme et d’une profonde culture humaniste et européenne. Puis ce fut la Résistance, Buchenwald, d’où il réchappe quasi miraculeusement, et la France libre. Ensuite, après le compagnonnage avec Mendès France à Londres, Stéphane Hessel est à l'ONU, avec René Cassin, pour la préparation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La suite, c'est son combat inlassable pour la conquête de tous les droits, pour tous et partout.

Tapie-Sarkozy, Ils se voient, se sont vus et se reverront

Le feuilleton de l’affaire Tapie-Sarkozy rebondit. Le magazine l’Express publie aujourd’hui une longue enquête sur l’affaire Tapie-Crédit lyonnais. L’article (http://www.lexpress.fr/actualite/tapie-sarkozy-les-liaisons dangereuses_1224836.html) rappelle par le menu les différentes et nombreuses rencontres entre Sarkozy (ministre puis président de la République) et Bernard Tapie puisque pas moins de 18 rendez-vous figurent à l’agenda de Nicolas Sarkozy et notamment à une époque où la question de l’arbitrage accélérait le calendrier judiciaire et financier.

Sans entrer dans les détails juridiques, rappelons simplement que Bernard Tapie s’est vu attribuer quelques centaines de millions d’euros après une décision rendue par une commission d’arbitrage dont le verdict a été accepté par Christine Lagarde, ancienne ministre de l’économie et des finances. La question qui se pose est la suivante : Christine Lagarde a–t-elle agi sur ordre de Nicolas Sarkozy alors que de nombreux hauts fonctionnaires avaient déconseillé à la ministre d’accepter la formation d’une commission d’arbitrage dont l’un des membres avait d’ailleurs déjà participé à un acte du même type intéressant déjà Bernard Tapie ? Le site Médiapart n’a d’ailleurs pas attendu la publication de l’enquête de l’Express puisqu’il a déjà décrit l’ensemble des irrégularités, selon lui, recensées dans le dossier Tapie-Crédit Lyonnais.

Ce qui est nouveau, c’est la mise en cause plus directe de Sarkozy et de son ancien secrétaire général à l’Elysée, Claude Guéant. Médiapart affirme que ce dernier a favorisé des réductions d’impôts colossales en faveur de Tapie. Ce qui cadrerait bien avec les faveurs potentielles de Sarkozy à l’égard de Tapie. L’ancien ministre de François Mitterrand, supporteur de Sarkozy en 2007 et en 2012, ancien radical de gauche, est devenu patron de presse dans le sud de la France et s’apprête, à la Berlusconi, à entrer en campagne, à sa façon, à Marseille et dans bien des villes de la région PACA. 
Si la procédure d’arbitrage venait à être remise en cause (cassée quoi !) et si Tapie devait rembourser les sommes extravagantes dont il a bénéficié, comment ferait-il pour financer le rachat du groupe de presse Hersant en règlement judiciaire et racheté par les deux compères ? Les trois juges chargés de l'affaire ont du pain sur la planche. Après auditions, perquisitions déjà accomplies et sans doute mises en examen de certains protagonistes, on peut s’attendre à quelques surprises susceptibles de rasséréner François Fillon et de réfréner les ardeurs de Brice Hortefeux dans sa volonté de voir Sarkozy revenir aux affaires. C’est le cas de le dire.

26 février 2013

« L'eau, un droit humain », signez la pétition


La Confédération Européenne des Syndicats des Services Publics (EPCU) vient d'initier la 1ère Initiative Citoyenne Européenne (ICE).
Elle est intitulée « L’eau : un droit humain » et doit recueillir pour être prise en compte un million de signatures émanant d'au moins sept pays avec des quotas minima de signatures affectés à chacun de ces sept pays.
À ce jour plus de 1.100.000 signatures ont été recueillies ... mais seulement 2.000 pour la France alors que le quota qui lui est affecté en exige 55.500. Le texte de l’ICE est le résultat de compromis entre syndicats européens et milite pour le droit à l'eau en défendant les services publics face à la montée de la concurrence et du marché.
Dans le prolongement de la CNCL du 9 février 2013 où s'est tenu un atelier Eau qui a validé cette demande, le CA d'Attac France appelle ses adhérents à signer et faire signer massivement cette pétition en se rendant sur le lien : http://www.right2water.eu/fr/node/45/#que.

Les Italiens font un bras d'honneur à Merkel-Sarkozy


Un bras d’honneur à Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ! Ces deux-là avaient réussi à imposer à l’Italie un gouvernement de technocrates conduit par l’ancien commissaire européen Mario Monti (également ancien de la banque américaine Goldman Sachs) contre Silvio Berlusconi, contraint à la démission. Le programme de Monti était simple et tenait en trois points : austérité, austérité, austérité.

Les résultats définitifs des élections législatives et sénatoriales voient le centre gauche en position de gouverner (comment et avec qui ?) Berlusconi en position de contre attaquant et Pepe Grillo, le clown anti-système, le Coluche italien (en moins drôle tout de même) devenir l’empêcheur de gérer en rond. Quand à Monti il a fait un bide. La démocratie patatras est donc en place pour nous livrer un scénario catastrophe assez courant dans la botte.

Que peut faire Pier-Luigi Bersani, l’équivalent italien de François Hollande, lequel l’avait soutenu publiquement ? Les oracles allemands (ont-ils seulement lu les résultats ?) appellent à poursuivre la politique préconisée par Monti. Quel culot. Avec 10 % des suffrages pour les candidats de Monti, les Italiens ont répondu non à cette politique. Ils ont même donné une majorité (54 %) aux anti-européens conduits par Grillo et Berlusconi. A Bruxelles, les membres de la Commission en ont des frissons dans le dos.

Après ce bras d’honneur protestataire à Merkel-Sarkozy et leur politique, François Hollande ne peut que se trouver conforté dans son refus de la rigueur permanente. Il avait raison d’exiger plus de croissance, plus de relance, de refuser, d’abord, le budget européen en baisse sensible qu’il a dû ensuite accepter du bout des lèvres sous la pression forte de Cameron-Merkel.

Que faire ? Car le vote des Italiens est à la fois un vote de désespoir et un appel au secours. Désespoir de constater que les politiques conduites sous la férule des Chrétiens démocrates allemands font des victimes dans toute l’Europe, appel au secours pour que les gouvernements prennent conscience de l’impasse dans laquelle ils enfoncent la dite Europe. La seule consolation est la victoire sans panache de Bersani. Sans panache et sans majorité au sénat.  

Manger mieux, acheter mieux, favoriser les circuits courts sont les nouveaux impératifs des consommateurs


Les poules sont granivores, carnivores, herbivores…(photo Jean-Charles Houel)
Le scandale de la viande de cheval utilisée à la place du bœuf dans les plats cuisinés n’est pas un scandale sanitaire. La santé des consommateurs n’est pas menacée. Il s’agit d’une escroquerie dont les objectifs — quoi d’étonnant — sont financiers. Le profit, toujours le profit ! La viande de cheval coûte trois fois moins cher que la viande de bœuf et bien des pays dont la Roumanie et l’Irlande mettent en place une politique de réduction des équidés. Cette viande de cheval, il faut l’écouler. Il se trouve toujours des petits malins pour l’acheter et la revendre…en se jouant des étiquettes. C’est ainsi que le cheval devient du bœuf. Et que le consommateur ne mange pas ce qu’il croit manger.

Vous n’ignorez plus, par ailleurs, que je suis apiculteur amateur. N’ayez crainte, ce n’est pas pour mettre en vente mon miel que je vous confirme cette information. C’est tout simplement pour expliquer l’attention que je porte aux productions les plus saines possibles des produits alimentaires. Les apiculteurs (les professionnels surtout) suivent avec attention l’emploi des pesticides, des semences dangereuses et s’inquiètent fort légitimement de leurs conséquences sur l’effondrement des colonies. Et comme je suis aussi un modeste aviculteur, je m’intéresse à la bonne santé des poules et à la qualité de leurs œufs. Autant qu’à la qualité des viandes ou du poisson.

J’ai reçu, hier, un nouveau journal intitulé « l’Echo de l’œuf » (1). Ce journal explique comment les aviculteurs français ont dû adapter leurs sites de production aux nouvelles normes européennes. Les poules doivent dorénavant disposer de 750 cm2 d’espace individuel et pouvoir picorer ainsi que se percher. (2) Il en aurait coûté plus d’un milliard d’euros aux producteurs pour répondre aux exigences des normes de l’Europe.

L’œuf est un produit exceptionnel. Manger deux œufs assure 25 % des besoins quotidiens en phosphore, 15 % des besoins en fer, 30 % des besoins en iode. Il apparaît que les œufs des poules élevées en plein air, en plus du confort de vie des volailles, ont l’avantage d’apporter plus d’Omega 3. Et comme la consommation de l’œuf, contrairement aux clichés, n’augmente (3) ni le risque de maladie cardio-vasculaire, ni le mauvais cholestérol (au contraire) il s’agit d’un aliment peu cher et dont le goût est excellent.

Qu’il s’agisse de la production de viande ou d’œufs, les Français figurent parmi les meilleurs du monde, en quantité et en qualité. Entre la viande et l’œuf il existe évidemment des différences. Parlons des œufs : il n’est qu’à voir celles existantes dans la couleur des jaunes et la viscosité des blancs d’œufs issus d’élevages en batterie ou d’élevages en plein air. Mes poules, comme toutes les poules, sont omnivores. Elles aiment la viande, le poisson, le maïs, le blé, les pâtes, les déchets de légumes (salades, épluchures diverses) le pain perdu et mouillé, les vers de terre et les insectes volants. Elles disposent d’un grand espace herbu, d’un poulailler où elles se réfugient quand il pleut et quand il fait très froid. Elles y dorment aussi. Et mes amis ainsi que ma famille mangent des œufs frais. Excellents !

Si je vous raconte la vie de mes poules, c’est pour vous encourager à favoriser les circuits courts. A acheter viande et produits d’alimentation le plus près possible des producteurs. A éviter de manger des viandes d’Amérique du sud ou du nord, même si on sait que les producteurs français donnent du soja OGM à manger à leurs animaux. Le samedi à Louviers, les maraîchers de Martot et de Criquebeuf-sur-Seine proposent des produits régionaux, frais, pas trop chers. Non seulement on mange plus sainement mais en plus, on favorise l’activité et l’emploi sur notre territoire. Inscrivez vous dans des AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) regardez les étiquettes, participez par votre acte d’achat à la protection des espèces locales, des emplois et d’une agriculture moins polluante.
     (1) La consommation des Français est de 222 œufs par habitant et par an dont 40 % sous forme d'ovoproduits. 95 % des œufs consommés sont produits en France.

(2) Avant le changement de normes, chaque poule en cage devait disposer de 500 cm2 seulement !

(3) Déclaration de Laurence Plumey, nutritionniste.

25 février 2013

Une loi anti-cumul des mandats dès 2014 pour assurer le second souffle de la démocratie française


Lors du dépouillement d'un vote à Louviers. (photo JCH)
Il a raison. Harlem Désir, premier secrétaire national du PS a raison de tenir bon sur la loi anti-cumul des mandats. Je sais bien que le Conseil d’Etat préconise de reporter l’application de la loi en 2017 sous prétexte que les parlementaires actuels ont été élus sans que cette épée de Damoclès soit agitée au-dessus de leur tête. Juridiquement, cela se tient. Politiquement, est-ce tenable ? Et n’est-ce pas aux parlementaires de faire la loi et de dire ce qui est juste ?

Les Français, dans leur grande majorité, sont opposés au cumul des mandats. Ils ont intégré depuis longtemps qu’on ne peut pas bien faire son travail de député ou de sénateur en exerçant également la responsabilité d’un exécutif local : président de conseil régional, de conseil général, maire d’une commune importante ou président d’une agglomération même si aujourd’hui cette dernière fonction n’est pas prise en compte.

Être député ou sénateur c’est être présent à Paris au moins trois jours par semaine, c’est participer au travail des commissions, c’est répondre aux nombreuses invitations, c’est voyager, c’est rédiger des questions écrites, poser des questions orales. En province ou à Paris, c’est assurer des permanences, dialoguer avec les élus locaux, les associations, les groupes professionnels, les syndicats. Le mandat de parlementaires exige un engagement quotidien et suivi.

Sans se limiter aux parlementaires, il est évident que le cumul des mandats locaux se heurte aux mêmes obstacles. Comment peut-on à la fois assumer son mandat de conseiller régional et de maire d’une commune importante et délégué d’une agglomération ? Comment bien travailler les dossiers ? Comment entretenir les liens indispensables avec les personnels ? Comment être disponible pour le public et les habitants dans le besoin ?

A l’évidence, les cumulards ne répondent pas aux exigences du quotidien et du concret. Et en plus, ils empêchent ceux et celles qui le seraient avec autant de talent qu’eux — puisque nul n’est irremplaçable — d’accéder à des fonctions électives aujourd’hui réservées à des professionnels de la politique aux antipodes des principes républicains de parité, de diversité, d’âges et d’origines sociales élargies.

Je suis un militant actif de l’ anti-cumul des mandats. Je connais les arguments de mes contradicteurs qu'ils soient de droite ou radical de gauche : « seuls ceux qui ne sont pas élus sont contre le cumul. » Ce n’est pas exact. Martine Aubry, maire de Lille, est une élue locale à la voix forte et aux convictions puissantes. C’est elle qui a imposé au Parti socialiste de revoir les règles existant dans la démocratie française et dans aucun autre grand pays européen. Mes contradicteurs assurent aussi : « Je cumule les mandats et les indemnités pour gagner ma vie correctement. » Ce n’est pas le cas des parlementaires. Ce peut être le cas des responsables locaux. La parade consiste à définir enfin un statut des élus et de rétribuer leurs responsabilités correctement tout en prévoyant pour les élus salariés issus du privé un reclassement obligatoire en cas de défaite aux élections.

Pour toutes ces raisons, je soutiens Harlem Désir et les membres du PS qui souhaitent l’application de la loi anti-cumul dès 2014.

24 février 2013

« Je n'ai jamais vu le président Sarkozy ». « Bah tu ne le verras plus. »


Les phraseurs (NKM, Chatel, Lefebvre etc.) de l’UMP n’apprécient pas l’humour. Ils ont tort. Personnellement, j’ai bien aimé la sortie de François Hollande au salon de l’agriculture. A une petite fille qui lui apprenait qu’elle n’avait jamais vu Nicolas Sarkozy, le président de la République actuel, câlin, lui a rétorqué : « bah, tu ne le verras plus. » Cette petite phrase a été très mal ressentie par les groupies de Sarko. Ils ont vu là une agression contre l’ancien président, une boutade déplacée. Hypocrites, va.
Quand on y réfléchit bien, François Hollande a tout simplement affirmé ce que pensent 62 % des Français (1). Nicolas Sarkozy, on l’a assez vu et ils ne veulent pas le revoir. Ni demain, ni après-demain. Pendant dix ans, il a occupé les unes des magazines, envahi les plateaux de télévision installés à l’Elysée (cinq ans), phagocyté la presse quotidienne nationale et régionale. Tantôt avec « Carla c’est du sérieux », tantôt avec ses discours fameux à Dakar (sur l'homme noir pas assez entré dans l'histoire) ou à Grenoble (sur l'expulsion des Roms). On en était même arrivé à une véritable saturation.
Jean-Pierre Raffarin n’a pas sa langue dans sa poche. Il se souvient de la vie infernale que Sarko lui a menée comme ministre de l’Intérieur quand lui, Raffarin, était premier ministre de Jacques Chirac. Raffarin demande un droit d’inventaire et n’hésite pas à souligner les erreurs commises par Sarkozy, erreurs expliquant sa défaite à la présidentielle. Parmi elles, une droitisation excessive aboutissant à la fuite de voix centristes essentielles pour gagner.
Raffarin ne le dit pas mais lui aussi pense qu’on a assez vu Sarko. Et François Fillon ? Quoiqu’il arrive, il sera candidat à la primaire pré-présidentielle disputée au sein de l’UMP. Fillon, premier ministre de Sarko pendant cinq ans, sait ce que le mot humiliation veut dire. Lui non plus ne veut pas le voir revenir sur le devant de la scène.
Bref, François Hollande, en affirmant qu’on ne verra plus Sarko (comme président de la République évidemment) ne fait qu’énoncer une vérité partagée par une foule de gens. Et pas qu’à gauche !
(1) Sondage paru dans la presse il y a quelques jours.

Bernard Tapie à Marseille, François Hollande au salon de l'agriculture, Marcela Iacub et DSK, acte III de la loi de décentralisation

Un sondage donne 40 % des suffrages à Bernard Tapie s’il se présentait aux élections municipales de Marseille en 2014. « Je divorce » a d’ores et déjà déclaré son épouse mais rien n’indique que le nouvel homme de presse du sud de la France a tiré un trait définitif sur sa candidature. Un sondage n’est qu’un sondage et à un an du vote, bien des événements locaux et nationaux peuvent se passer aboutissant à une modification des cotes d’amour. Surtout, c’est exclure l'importance de la campagne électorale dont on sait qu’elle influence grandement les électeurs appelés à choisir.
Si j’évoque le cas de Tapie, c’est pour m’étonner de constater que les tricheurs conservent souvent les faveurs du public. Tapie et l’affaire OM-Valenciennes, ce n’est pas si vieux. Tapie et les 403 millions attribués par arbitrage, après accord de l’Elysée, c’est hier. Nombreux (Balkany, Melick) sont les hommes de gauche et de droite condamnés par la justice et finalement blanchis par un suffrage universel transformé en machine à réhabiliter. Cela prouve une chose : la politique et la morale ne sont pas toujours compatibles.

Au salon de l’Agriculture, François Hollande n’a insulté personne. Pas de mépris, pas de « Casse toi pov con » mais plusieurs déclarations à l’adresse des éleveurs, des producteurs céréaliers et des consommateurs. Le président a passé 10 heures à la Porte de Versailles. Il a eu le temps de tâter le cul des vaches et de prendre le pouls de ces agriculteurs rassérénés après que l’accord européen récent a sauvé la PAC (politique agricole commune). Un bémol, toutefois. François Hollande souhaite que la répartition des crédits soit plus équitable et que les éleveurs de bovins, de porcs, d’ovins, de volailles, reçoivent plus qu’ils ne reçoivent actuellement. Les grands céréaliers doivent s’attendre à quelques réductions de subventions.

Quant aux consommateurs, ils ont appris deux choses qu’ils ne pourront qu’apprécier. Le président veut exiger de la Commission européenne qu’elle impose l’étiquetage de l’origine des viandes dans les plats cuisinés. C’est déjà le cas pour la viande crue. Et François Hollande confirme que la France n’autorisera pas l’utilisation de farines animales pour nourrir les poissons d’élevage.

Marcela Iacub, chroniqueuse au journal Libération, grande prêtresse iconoclaste de la cause des femmes mais sans les féministes, a entretenu une liaison amoureuse avec Dominique Strass-Kahn pendant quelques mois en 2012. De cette expérience volontaire elle a tiré un libre « Belle et bête » que les éditions Stock vont se faire un plaisir de vendre à plusieurs milliers d’exemplaires. Aidées en cela par le Nouvel Observateur qui a publié les bonnes feuilles du livre avant sa vente publique.
Les critiques fusent car Marcela Iacub a poussé le bouchon jusqu’à interviewer Anne Sinclair, épouse séparée de DSK, la faisant apparaître avec son mari comme les « maîtres du monde » des maîtres dominateurs et surs d’eux-mêmes. Yves Thréard, du Figaro, n’est pas ma tasse de thé. Sur une chaîne télévisée, hier, il a pourtant eu un mot qui ne manque pas de m’interpeller : « le principal défaut de ce livre est de faire de DSK une chose. Comme il est une chose, il n’est rien. » Coup éditorial, machine à fric, voyeurisme ?

L’Assemblée nationale a adopté, avant-hier, le projet de loi du gouvernement visant à diviser le nombre de cantons par deux, à changer le nom des conseillers généraux qui deviennent conseillers départementaux et à imposer des candidatures en binôme (homme-femme ou femme-homme) au scrutin majoritaire à deux tours. Les cantons redécoupés le seront sur des bases démographiques pour éviter les énormes disparités actuelles.
Les prochaines élections cantonales auront lieu en 2015 en même temps que les élections régionales ; D’ici là l’Eure comptera 22 nouveaux cantons dont la population oscillera entre 20 et 20 000 habitants. Les futurs conseillers départementaux verront également leurs compétences évoluer puisque l’acte III de la décentralisation en préparation va modifier celles existantes. Le conseil départemental continuera de s’occuper d’action sociale, de construire des collèges mais pour ses autres actions, il devra se coordonner avec la Région laquelle devient chef de file dans des domaines aussi variés que le développement économique, les transports, les lycées, la transition énergétique, la formation…



Les Amis de Timia écoutent Michel Bellevin, le président de l'association lovérienne. (photo JCH)
Les Amis de Timia peuvent rester amis en France et en Afrique mais ils ne peuvent plus se rendre à Timia. Le village de Timia est situé à quelques dizaines de kilomètres d’Arlit (les mines d’uranium d’Areva) et figure dans le périmètre rouge considéré à risques par les services du quai d’Orsay. Rien n’empêche les amis de Timia de Louviers et d’ailleurs de continuer à apporter leurs aides sous toutes les formes à leurs collègues africains mais seuls ces derniers pourront voyager et venir en France. Moussana Alkabouss, l’un des fondateurs de l’association était d’ailleurs présent à Louviers, la semaine dernière. En déplacement à Paris pour signer au nom de l’Etat du Niger et de la société qu’il préside des contrats dans le domaine de l’énergie, il n’a pas manqué de saluer ses amis lovériens et de découvrir le barrage de Poses et les méandres de la Seine. Un peu de tourisme éloigne des soucis quotidiens.

Un mot sur les élections italiennes. Pepe Grillo et son mouvement cinq étoiles aux atours anarchistes montent dans les sondages. Berlusconi grimpe aussi ! Monti ne monte pas et Bersani serre les fesses. Ce sont pourtant les démocrates de gauche qui détiennent la clé d’une future majorité capable de restaurer une certaine confiance. Les Français feraient bien de s’intéresser aux résultats de ce qui se joue au-delà des Alpes.
Car aujourd’hui, pas une élection européenne dans un seul des pays  de l’Union ne peut laisser indifférent l’ensemble des autres partenaires. Bersani élu et majoritaire, ce serait un appui de poids pour François Hollande face à Merkel et Cameron.Un soutien bienvenu pour peser en faveur de mesures de relance et de croissance.

Au cours de la rencontre entre la section PS et Franck Martin, hier, le maire sortant a précisé qu'il choisirait les candidats socialistes — si union il y avait — en fonction de leurs idées novatrices, de leurs qualités créatrices et de leur engagement. Je n'ai pas réagi mais je regrette de ne pas l'avoir interpellé pour l'interroger sur les personnalités qui l'entourent. Il est de notoriété publique que certains membres de son équipe d'aujourd'hui sont usés, souvent absents lors des conseils municipaux, très éloignés du quotidien et de la résolution des problèmes concrets. Il est de notoriété publique que les relations de Franck Martin avec certains partis de gauche (PC, EELV, NPA) sont mauvaises et qu'il se trouve contraint de discuter avec des individualités et non plus avec des mouvements ou des partis. C'est pourquoi il adopte la stratégie qu'il souhaite imposer à ses futurs (?) partenaires. Ce qu'il demande aux candidats PS, qu'il l'impose d'abord à ses colistiers.