29 mars 2013

Sarkozy retarde son appel, Copé mal élu, les abeilles en danger…

Ce qui s'est passé au Sénat récemment est scandaleux. Il s'est trouvé des élus de droite et de gauche (malheureusement) pour voter la suppression partielle des allocations familiales attribuées aux familles d'enfants placés à la DDASS. Dorénavant, si la loi venait à être adoptée à l'Assemblée nationale, deux tiers des allocations seraient attribués directement aux conseils généraux puisque ces dépenses habituelles sont de leur compétence. Cette décision du Sénat est irresponsable. Elle implique que les familles pauvres pourraient être encore plus appauvries avec la suppression de ces aides souvent indispensables à la bonne conduite des affaires familiales.
Ces enfants placés rentrent chez eux en fin de semaine, ils mangent, sont chauffés, logés et ont besoin d'un peu d'argent personnel pour mener une vie à peu près normale. Pense-t-on responsabiliser les parents en leur infligeant une double peine ? Que cette proposition ait été rejetée par la ministre de la famille ne me surprend pas. Il suffisait de voir sa mine déconfite lors du vote au Sénat pour mesurer son désarroi. A elle de convaincre les députés de cette idée qui incombe à un élu de droite trop convaincant.

Ainsi, malgré des affirmations péremptoires, l'avocat de Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas faire appel devant la chambre de l'instruction de Bordeaux de sa mise en examen. Dans l'attente de l'avis du Conseil supérieur de la magistrature sollicité par Mme Taubira, Sarkozy a souhaité calmer le jeu après les déclarations fracassantes de sa horde déchaînée.
J'y vois un éclairage différent. Passé l'instant de colère et du sentiment d'injustice suggéré par son ancienne fonction, Sarkozy a réfléchi et s'est évidemment posé la question du changement de pied du juge Gentil et de ses deux co-saisis. Peut-être a-t-il craint que la chambre de l'instruction confirme sa mise en examen, ce qui aurait été du plus mauvais effet. En attendant la suite, ayons une pensée compatissante pour les journalistes menacés de mort et les juges visés (on peut le dire) par les balles à blanc d'un ou plusieurs dérangés.

Bruno Jeudy et Carole Barjon viennent de sortir un livre dans lequel ils affirment avoir entendu Patrice Gélard, le président de la célèbre commission des conflits de l'UMP, se plaindre d'avoir été enfumé par deux proches de Copé. Ces derniers lui auraient assuré que lors du décompte final des votes enregistrés à l'occasion de l'élection du président de l'UMP, les suffrages d'Outre-Mer étaient bien actés. En réalité, ils ne l'étaient pas et c'est ainsi que François Fillon aurait dû être déclaré élu avec 26 voix d'avance. Jean-François Copé a donc bénéficié d'une triche organisée et pensée par deux de ses affidés. Ce n'est pas très étonnant. Quand on connaît le bonhomme, rien n'est exclu. Même le pire.

La section du Parti socialiste de Louviers s'est réunie jeudi soir pour examiner la proposition du maire sortant de Louviers de réaliser l'union lors des prochaines élections municipales de 2014. Tous les points de vue ont été exposés, les avantages, les inconvénients mais il ne m'appartient pas, sur ce blog, de révéler la teneur des propos tenus dans la mesure où la section a décidé de se revoir avant de prendre une éventuelle position définitive. La réponse à donner au maire de Louviers est simple : soit le PS part dans d'autres conditions à définir, soit il recherche un accord avec lui à des conditions restant à négocier. Je reconnais qu'il s'agit de la langue de bois mais à ce stade et à un an de l'élection, comment faire autrement ? Je rassure mes lecteurs : quelle que soit la position définitive de la section de Louviers, je ferai connaître mon opinion à ceux et celles qu'elle intéresse.

Une étude rendue publique par une revue sérieuse confirme que les abeilles perdent le sens de l'orientation après avoir butiné des fleurs dont les plantes ont été traitées avec des néocotinoïdes, ces produits dont les apiculteurs redoutent l'influence sur les hyménoptères. Il est maintenant acquis que Stéphane Le Foll, notre ministre de l'agriculture, doit se battre auprès de l'Union européenne pour obtenir une interdiction de l'usage de ces dangereux toxiques. Des pertes de 30 à 50 % des colonies ont été constatées et la France a vu sa production passer de 30 000 à 16 000 tonnes en quelques années.

28 mars 2013

La manif pour tous a été manipulée par des groupes fanatiques intégristes

Jean-Luc Mélenchon et ses amis revisitent le film les 12 salopards. Sauf que dans le nouveau scénario, les salopards sont 17. Ces salopards ont un nom, une adresse, ce sont les ministres des finances de l'Eurogroupe qui viennent d'entériner les mesures financières proposées par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) au gouvernement chypriote. Le journal Libération s'interroge sur les dérapages de plus en plus nombreux en politique.
Les insultes, les injures s'épanouissent avec éclat et rendent vain le besoin d'apaisement du débat. Il est évident que les auteurs de blogs, de tweets, de SMS anonymes et irresponsables contribuent à cette dégradation. Denis Szalkowski a rédigé une charte éthique à l'usage des blogueurs de l'Eure. Il suggère d'éviter les attaques personnelles sur le physique ou sur les caractères privés des participants d'ailleurs de moins en moins nombreux sur la toile euroise. Cette charte, pour avoir une quelconque utilité devrait être approuvée par la majorité des plumitifs et des informateurs. Mais pour avoir une certaine expérience, j'imagine que les élus, par exemple, ne vont pas se sentir concernés par cette retenue car ils sont nombreux à dépasser les bornes. L'exemple récent du maire de Louviers diffamant l'un de ses collègues est exemplaire de ce qu'il convient de ne pas faire. Et comme l'a bien précisé Marc-Antoine Jamet, il n'a pas été la seule victime des multiples canaux d'agression de l'édile lovérien. Depuis des années, selon ses humeurs et le contexte, il attaque MAJ, les socialistes en général ou en particulier, des militants de tout acabit (Verts, NPA, etc.) sans ménager ni les personnes, ni leurs proches.
Pour en revenir à Mélenchon, je ne suis pas d'accord avec ceux qui pensent que la mise en cause de Pierre Moscovici s'appuie sur l'antisémistime. Mélenchon n'est pas antisémite. Simplement, il utilise des métaphores redoutables, assène des mots comme autant de coups et se situe clairement dans l'opposition au gouvernement. On ne peut tout de même pas lui reprocher d'avoir du talent et d'en user sinon d'en abuser. Les socialistes doivent cesser de faire le dos rond et d'envoyer Harlem Désir sur les plateaux de télévision. Il faut des responsables d'un haut niveau pour contrer Mélenchon. Aux socialistes de mieux expliquer, de mieux argumenter, de faire preuve de pugnacité et d'audace. On verra bien ce qui se passera ce soir avec François Hollande.

La manif pour tous, nous apprend un blogueur du journal Le Monde, n'est pas aussi naïve ni ingénue qu'on le croit parfois. Ce blogueur attentif et intelligent a recensé l'ensemble des associations qui ont appelé à manifester dimanche dernier à Paris. Il se trouve que nombre d'entre elles n'ont aucune existence légale, sans bureau, sans déclaration officielle, et que 95% des autres sont tenues par des catholiques intégristes, des amis de Christine Boutin, d'anciens militants de « laissez les vivre » luttant contre l'avortement. J'ai même découvert de nombreux messages et tweets invitant les manifestants à déborder la manif pour gagner les Champs Elysées. Autrement dit, ces débordements ont été calculés, programmés et réalisés par des fanatiques tout à fait conscients de leurs actes. Ils peuvent se plaindre aujourd'hui. Mais les preuves sont publiques. Frigide Barjot n'est pas tombée du ciel auquel elle croit. Elle s'est engagée depuis longtemps contre toutes les mesures progressistes concernant les femmes et les mœurs.
Des groupuscules d'extrême droite ont trouvé intelligent de créer des sites genre « printempsfrançais » à l'image des printemps arabes comme si la France vivait sous un régime dictatorial. On en revient toujours au même constat : la droite tendre ou dure juge le gouvernement de François Hollande illégitime. La droite n'a pas accepté le vote des Français et chaque acte ou chaque décision, devient le prétexte à un dévoiement absolu. Que cela plaise ou non, la démocratie passe par le suffrage. Le président a été élu pour cinq ans et la majorité au Palais Bourbon pour une durée équivalente. La droite pourra crier, elle ne reviendra pas au pouvoir avant. Sauf coup d'état, ce qu'on ne peut jamais exclure totalement. Souvenons-nous, même si la situation française n'est pas comparable, au Chili de Salvador Allende. La CIA a fait ce qu'il fallait pour mettre un terme à son action et à sa vie.



26 mars 2013

De quelques affaires judiciaires, de la plus banale à la plus exceptionnelle

La Depêche de la semaine dernière est édifiante. Le maire de Louviers s'y distingue à nouveau en faisant mousser son dépôt de chèque d'un euro, le fameux euro symbolique et habituel en matière de diffamation politique. Il a beau moquer le prix modique auquel est estimé l'honneur de son collègue de Val-de-Reuil, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Jamais les juges, sauf exception, ne condamnent les auteurs de diffamation politique à des dommages et intérêts considérables. Il n'est qu'à consulter la jurisprudence dans ce domaine. Le but du maire de Louviers est archi-simple : faire parler de lui et reprendre la main, provoquer, provoquer encore et toujours.
C'est bien pourquoi je comprends mal l'attitude de Marc-Antoine Jamet. Les réponses qu'il fait à la journaliste de l'hebdomadaire local sont empreintes d'une forme défensive. Elle cadre mal avec la vigueur des agressions de Franck Martin. Le maire rolivalois affirme vouloir la paix des braves et rechercher une forme d'apaisement. C'est tout à son honneur mais son opposant viscéral jamais n'acceptera cette paix des braves. Il aurait donc tout intérêt à pousser plus avant son avantage, un avantage considérable quand on connaît la faible propension des juges à séparer le bon grain de l'ivraie en matière de combat politique.

Les cathos ont musclé leurs discours, dimanche dernier, lors de la manifestation contre le mariage pour tous. Avec tous les leaders de l'UMP en tête de cortège et des slogans élargis au social et à l'économique, on a tous compris que le vrai objectif de Frigide Barjot et ses amis est de s'opposer au gouvernement socialiste. « Le besoin d'un père et d'une mère » est classé au second plan de leurs revendications. Ce qui prime pour Copé et Mariton, c'est le besoin de combattre Hollande et son gouvernement.
La manifestation a dégénéré. C'est bien dommage. Ce ne sont pas les extrémistes de Civitas, cette fois, que les CRS ont affrontés. Mais bien les adhérents du GUD, ce groupe de la droite extrême venus charger la police avec des boulons et des billes. Il est d'autant plus regrettable de voir Christine Boutin allongée sur la chaussée, les yeux mi-clos et la mine défaite. « Je demande la démission de Manuel Valls » a-t-elle commenté. Ce serait recevable si Christine Boutin n'était pas, à sa façon, cette intégriste habituée aux formules simplistes et cette contestataire de la séparation des pouvoirs. Pour qu'une démocratie fonctionne, il faut que l'exécutif, le législatif, le judiciaire, soient clairement indépendants. La droite n'accepte pas que la gauche gouverne. Elle devra attendre quelques années avant d'espérer.

L'affaire Sarkozy, je l'ai déjà écrit sur ce blog, est multiple. Il n'y a pas une affaire mais des affaires Sarkozy. Qu'il s'agisse des sondages de l'Elysée, du financement de la campagne d'Edouard Balladur, de l'affaire Karachi, de l'affaire Kadhafi, de l'affaire Bettencourt, l'ancien président de la République a pris soin d'avancer masqué comme Chirac avec Juppé, lequel a pris le maximum pour le compte de son mentor. S'en prendre au juge Gentil est injuste et idiot. La décision de mettre Sarkozy en examen est une décision collégiale prise par les trois magistrats instructeurs de Bordeaux en charge des dossiers Bettencourt. Bizarrement, les commentateurs (et Me Thierry Herzog, l'avocat de Sarkozy) passent sous silence ce fait pourtant essentiel. Il prouve que le juge Gentil n'a pas été le seul à apprécier les faits, les témoignages, les déclarations des témoins.
Il est indéniable que ces trois juges d'instruction, eu égard à la personnalité de Sarkozy et à la puissance de feu de ses relais médiatiques et politiques, ont dû prendre un maximum de précautions juridiques avant leur décision. Imagine-t-on un juge d'instruction conduit à mettre en examen un Sarkozy blanc comme neige ? Au lieu de crier au scandale dans des termes excessifs et indignes, les Guaino et consorts — qui n'ont pas accès au dossier — devraient être plus enclins à respecter la loi. Sarkozy va faire appel devant la chambre d'instruction de Bordeaux. Attendons sereinement sa décision.