15 juin 2013

A Louviers, on suit les méandres de l'affaire Tapie avec attention


L’affaire Tapie devient les affaires Tapie. Non pas que Nanard soit plus embêté qu’un autre car avec ses 403 millions d’euros, il peut voir (provisoirement ?) l’avenir en rose, mais ceux qui ont permis cette forfaiture, comme dirait François Bayrou, ont du souci à se faire. Outre Estoup, l’ancien magistrat devenu arbitre, Stéphane Richard (actuel PDG d’Orange) et M. Rocchi, ancien président du Consortium de réalisation, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, il semblerait que M. Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, l’homme lige de Nicolas Sarkozy soit lui aussi sur la sellette.
Je ne parle pas des tableaux, des primes mensuelles en espèces, et d’autres petites tracasseries qui doivent nuire au sommeil de l’ancien secrétaire général de l’Elysée. Claude Guéant a été à la manœuvre — si je puis dire — pour adopter la solution de l’arbitrage (très favorable à Tapie) sur ordre vraisemblable de l’Elysée. Mais comme Sarkozy est protégé par son statut de président de la République (à l’époque) il demeure inattaquable judiciairement. Dans ces cas-là, que se passe-t-il ? On s’en prend aux lampistes. Christine Lagarde est de ceux-là. Même si elle « bénéficie » actuellement du statut de  témoin assisté, il est possible qu’au fil du temps et des investigations, l’ancienne ministre soit moins protégée.
On sait maintenant que l’arbitrage a permis de dédommager Tapie au-delà du raisonnable. Les arbitres, MM. Mazeaux, Bredin et Estoup, surtout le dernier nommé, risquent d’y perdre bien plus que les 300 000 euros touchés pour leur ouvrage. Il risque de perdre leur honneur, ce qui est tout de même bien dommage pour des serviteurs de la République et du droit.
Et Tapie ? Il rigole. Il se moque bien de la décision du gouvernement de contester l’arbitrage devant la cour d’appel. Il se moque bien du sort des protagonistes qui lui ont permis de faire des folies avec un argent coulant à flot. Je rencontrais hier un ancien cadre de l’usine Wonder dans une rue de Louviers. Il me racontait ce qu’il pensait de Tapie, acheteur d’une usine qu’il s’est dépêché de vendre avec un super-profit. « Ce n’est pas un homme d’affaires, c’est un affairiste. » On ne saurait mieux dire.
Il va de soi, qu’à Louviers, ceux qui ont perdu leur emploi par la faute de Tapie suivent les méandres judiciaires avec attention. Bien que le sort de leur ancien patron soit sans doute loin de leurs préoccupations quotidiennes, il serait juste que la bête noire de Jean-Edern Hallier (1) venu à Louviers pour dénoncer les manipulations de Nanard paie à son tour le prix fort de ses turpitudes.
(1) Jean-Edern Hallier était en effet venu vendre son journal « l’Idiot International » à la sortie des usines Wonder pour dénoncer ce qu'il considérait comme un scandale.

14 juin 2013

Louviers aussi a son grand timonier


(photo DR)
La photo de la Une de la Dépêche d’hier m’a bien fait rire aujourd’hui. On y voit le maire de Louviers, Franck Martin, tenir la barre du Marité, jouant au capitaine de voilier, le seul navire normand, précise le journaliste, participant à l’Armada rouennaise. Le Nirvana, quoi ! Le vent lui raconte l’histoire de marins couverts de gloire. Il y est, il s’y croit.
Sans revenir en détail sur l’aventure et la rénovation, de la cale aux mats, de l’ancien Terre Neuva fécampois et sur son coût exorbitant, je souhaite simplement confirmer mon opposition citoyenne à la participation financière de la CASE à ce projet devenu réalité grâce aux efforts de M. Martin, président du groupement économique créé pour l’occasion. Il va de soi que la restauration du Marité, au-delà du défi artisanal, demeure une lubie du grand timonier Martin à l’exemple de son ancien grand maître, lui aussi habitué des foucades, l’ancien président chinois Mao Tsé tung dit Mao Zedong dans le langage d’aujourd’hui. Franck Martin, ancien mao militant du temps de sa folle jeunesse, apprécie donc les métaphores marines autant que les citations latines.
Malgré les soutiens des maires de Martot et ceux d’ailleurs, je persiste et signe : à aucun moment, Franck Martin n’avait de légitimité ni d’intérêt local ou d’excuse historique pour s’engager dans le rachat du vieux gréement Marité et dans sa remise en état. Que les mânes de ses pairs lui aient légué l’amour des embruns et des pelletées de sel marin pour empêcher le poisson de pourrir n’autorise en rien Franck Martin à s’autoproclamer défenseur des vieilles coques. Il est maire de Louviers, pas maire de Fécamp.
La participation financière de la CASE est certes minime. D’ailleurs le bateau s’il est né Haut-Normand est devenu Bas-Normand. La ville de Rouen ayant retiré ses billes depuis longtemps et la région Haute-Normandie ayant d’autres dépenses plus urgentes. On aurait aimé que l’ancien président de la CASE mît autant d’ardeur à défendre des projets plus vitaux et plus locaux. Je sais bien qu’il raconte partout que la culture marine ou maritime n’est pas la plus répandue, que seuls les vrais marins peuvent comprendre ce qu’il en coûte de sueur et de sous pour la remise à flot d’un bateau attaqué par le temps et le désintérêt des hommes…désargentés. 
Il ne s’est pas trouvé beaucoup d’élu(e)s pour oser s’opposer à la tocade de l’ex-président de la CASE et lui demander de changer de cap. Les délégués n’en pensaient pas moins mais ne souhaitaient pas contrarier la passion de M. Martin pour le large de crainte de représailles. Ils connaissent ses réactions épidermiques même si depuis, M. Yung a pris le relais à la tête de la CASE et se montre plus conciliant.
Le 16 juin, les voiliers descendront la Seine jusqu’à l’embouchure. Si vous apercevez le Marité, ayez une pensée pour tous ces matelots et ces commandants de bord à l’image du capitaine de pêche Récher qui a si bien raconté (dans la collection Terres humaines) les souffrances de ceux qui passaient des mois en mer, par tous les temps, pour attraper des morues et faire vivre leurs familles. C’était autre chose que de se pavaner derrière un gouvernail pour la photo de…famille.

12 juin 2013

Les jeunes lycéens rolivalois aidés par la commune


« Ils se prénomment Ilkay, Jérémie, Marine, Sanaa et Hamza. Ces 5 lycéens rolivalois du lycée Marc Bloch, issus des quartiers de la "Politique de la Ville" (CUCS), ont passé hier à Paris le concours d’entrée à l’école ESMOD, Ecole supérieure des arts et techniques de la mode, fondée en 1841, la plus ancienne école de mode du monde et pas la moins internationale.

Les résultats sont tombés hier en fin de soirée et la parité de la réussite y est respectée : Ilkay AK, terminale ES et Marine DEMARE, terminale STG, tous deux habitants de  Val-de-Reuil, sont admis. Au nom du Conseil municipal, je veux leur adresser toutes nos félicitations pour leur réussite au concours d’entrée et mes encouragements pour mener à bien cette formation prestigieuse. Ils seront peut-être demain les Marc Jacobs, les Phoebe Philo, les Raf Simmons de demain.

Après l’atelier Sciences Po créé en 2008, avec le concours de mon ami regretté Richard Descoings, c’est un nouveau partenariat Ville / lycée / école supérieure qui se tisse actuellement. Il permet là encore d’ouvrir aux jeunes de notre commune la porte de filières d’excellence qui débouchent sur une formation, un diplôme, un emploi. Ce projet n’aurait pu se concrétiser sans le soutien de l’Institut Randstad, sans la passion d’un homme, Abdel Aïssou, son Vice-président directeur général, qui s'est rappelé qu'il avait été une remarquable sous-préfet en charge de la politique de la Ville dans le département de l’Eure. Ville et lycée l’en remercions chaleureusement.

La convention sera présentée au prochain Conseil municipal. Elle prévoit la prise en charge des frais d'études, soit 9 900 euros par an, par l'Institut Randstad ; l’octroi aux étudiants par la Ville de Val-de-Reuil d’une bourse annuelle de 1000 euros et l'accès à ses services pour un emploi d’été qui les aidera matériellement ; le financement par le lycée Marc d’un tutorat pédagogique en lien avec les enseignants de l'école de mode, ce qui représente un apport de 750 euros par an et par élève.

Grâce à cette mobilisation, cette année et pour les années à venir, des lycéens de la plus jeune commune de France seront admis et réussiront dans la plus ancienne école de mode du monde, celle qui fait que depuis que Adzam et Eve ne vont plus nus, des vêtements longs ou courts, noirs ou colorés, épais ou fluides disent qui nous sommes et ce que nous voulons montrer. Val-de-Reuil et Marc Bloch sont à la mode. D'ici que cela se démode, l'eau coulera sous les ponts rolivalois. »

Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil

11 juin 2013

La Ligue des Droits de l'homme de Paris écrit au préfet : « la couleur de la peau est-elle un délit ? »


« Monsieur le Préfet,
Au nom de l’ensemble des militants de la Fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme, je tiens à vous manifester notre profond étonnement quant aux évènements qui auraient eu lieu le jeudi 6 juin à Barbes.
Les informations que nous avons pu obtenir, si elles s’avéraient exactes, font état d’une opération de police de très grande ampleur. Un impressionnant dispositif policier aurait bouclé le quartier de Barbes pendant 2 heures, entravant la libre circulation des résidents et des passants.
Entre 40 et 50 de personnes auraient été arrêtées et placées dans des bus spécialement affrétés pour cette opération. Plusieurs d’entre elles seraient désormais retenues dans le Centre de rétention administrative de Vincennes. Je ne fais pas état des informations qui laissent entendre que les contrôles auraient été réalisés de manière sélective, au faciès. Bref, il semblerait que les conditions de cette opération contreviennent à l’article 78-2 du code de procédure pénale. Sauf à penser que la couleur de peau soit en elle même un délit.
Vous comprendrez alors la vive émotion qui est la notre. Convaincu que notre République se doit de respecter les droits de tous, nous nous étonnons de cette opération dont la méthode fait davantage penser à une « rafle » qu’à une opération de contrôle d’identité. Ce d’autant plus que la veille nous avions pu rencontrer vos services à propos des conditions d’accueil des migrants et de travail du personnel préfectoral car nous constations que ces conditions ne favorisaient pas un accueil digne et respectueux envers les étrangers.
La ligue des droits de l’Homme défend une République respectueuse de ses valeurs et des droits de tous. Elle demande la mise en place d’une attestation de contrôle d’identité. Elle condamne fermement toutes opérations policières qui bien loin d’apporter une quelconque réponse à l’insécurité se traduisent par une stigmatisation accrue d’un public déjà fragilisé et entraîne une défiance accrue à l’égard des forces de police de la République.
Dans l’attente d’une réponse à notre interpellation, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de nôtre considération distinguée.

Julien Molesin
Président de la Fédération de Paris de la LDH

Retraite : « un choix injuste qui amplifie la récession »


« Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps ! » C’est ce que vient, malheureusement de déclarer notre ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine. Cette phrase est inexacte. Dans le secteur privé, « on » ne peut pas travailler plus longtemps tout simplement parce que, dans la très grande majorité des cas, les salariés qui prennent leur retraite ne sont plus au travail. 
60 % des salariés du secteur privé sont en maladie, en invalidité ou au chômage lorsqu’ils prennent leur retraite : comment pourraient-ils choisir de travailler plus longtemps ? L’affirmation de Marisol Touraine se présente comme découlant du bon sens mais  n’a rien à voir avec la réalité sociale. Allonger encore la durée de cotisation amènerait les trois quarts des salariés du secteur privé à ne plus être au travail quand ils partiront en retraite. 
Pourquoi faudrait-il, de toute façon, obliger des salariés âgés qui ont le droit au repos, à rester au travail, alors que des centaines de milliers de jeunes sont à la recherche d’un emploi ? Il n’y a pas de « tabou » pour équilibrer nos retraites  affirme notre gouvernement. Il y a pourtant, hélas, un « tabou », c’est celui de l’augmentation des cotisations patronales dont notre gouvernement ne semble pas vouloir entendre parler, si ce n’est de façon infinitésimale. Le pacte de compétitivité a créé ce « tabou » depuis que 20 milliards d’euros ont été accordés aux employeurs sans aucune contrepartie. Il ne paraît plus possible, depuis ce « pacte », de toucher aux profits des entreprises et donc, en fin de compte, aux dividendes (170 à 180 milliards par an) versés aux actionnaires des grands groupes. 
Ce  choix est injuste et amplifie la récession parce que les actionnaires ne consomment qu’une faible partie de leurs revenus. Ce choix est dangereux parce qu’il va permettre à ces dividendes d’aller gonfler, comme avant la crise de 2007-2008, de nouvelles bulles spéculatives. Ce choix, enfin, est dramatique pour l’avenir de la gauche au pouvoir. Le MEDEF ne fera rien pour aider notre gouvernement, quelles que soient les concessions qui lui seront faites. Dès que les décrets d’application de la loi Sapin (l’Ani) auront sécurisé les licenciements, le patronat multipliera les plans sociaux. Le MEDEF fera tout pour que la gauche se discrédite auprès de son électorat, pour que la droite puisse revenir au pouvoir et faire une politique encore plus favorable au patronat.
Il faut revenir sur un choix aussi néfaste que celui du « pacte de compétitivité » qui empêche toute augmentation des cotisations patronales, que ce soit pour les retraites, la maladie ou la famille et coupe le gouvernement de gauche de sa base sociale, le salariat.
(Communiqué de Démocratie et socialisme)