7 décembre 2013

« Nelson Mandela incarne les plus belles valeurs universelles »


François Loncle justifie l'intervention française en Centre-Afrique. (capture d'écran JCH)
La mort de Nelson Mandela intervient au moment même où François Hollande a rassemblé 53 chefs d’états africains à Paris pour parler de paix et de sécurité. C’est aussi durant cette semaine qu’il a décidé, avec l’autorisation de l’ONU, d’intervenir militairement en Centre-Afrique pour mettre un terme aux tueries, viols, violences opposant, souvent, musulmans et chrétiens.
François Loncle m’a adressé ce commentaire après la mort du grand président sud-africain : « Nelson MANDELA n’était pas seulement un homme exceptionnel, c’était la conscience du monde. Cet exemple, ce modèle doit désormais inspirer tous ceux qui sont en responsabilité dans le monde. Sa sagesse, son engagement pour la paix, pour la tolérance et pour l’amour des autres doit guider les pas et les actes de tous les dirigeants politiques. Le visage de Nelson MANDELA restera inoubliable. Il traduisait la bonté et l’humanité. Cet homme incarne à jamais les plus belles valeurs universelles. »

Le candidat Fountaine, battu à la primaire socialiste de La Rochelle par Mme Joumaillé, gagnante avec 34 voix d’avance, avait déclaré qu’il ne se présenterait pas aux municipales en cas de défaite. Soutenu par Olivier Falorni, le tombeur de Ségolène Royal, le battu annonce qu’il va concourir aux prochaines municipales avec l’étiquette divers gauche. Autrement dit, le suffrage universel n’est reconnu par certains que lorsqu’ils gagnent. Drôle de conception du suffrage et drôle d’interprétation du sens de la primaire.
Il n’est pas tout seul à penser ainsi. On apprend que Nicolas Sarkozy envisage de créer un nouveau parti politique pour ne pas avoir à se soumettre à la primaire UMP prévue par les statuts et qui le verrait affronter François Fillon ou Alain Juppé ou un autre. Les bonapartistes ne font pas bon ménage avec la démocratie. La culte du chef manifesté par le mari de la chanteuse explique pourquoi il s’est assis pendant tant d’années sur les corps intermédiaires et pourquoi sa conception du pouvoir passe par une forme d’autoritarisme exacerbé. Je pense à tous ceux qui ont mis la main au portefeuille pour amasser les 11 millions d’euros dus pour financer les frais de la campagne présidentielle non remboursés suite à l’enquête de la Commission des comptes de campagne.
Si Sarkozy allait au bout de sa démarche, ce serait leur faire un sacré pied de nez. Chez ces gens-là, l’argent prime tout le reste : les amis, les compagnons, les principes…

J’ai participé, hier, à un colloque organisé à l’Assemblée nationale pour le courant « Un monde d’avance » du Parti socialiste. Je n’appartiens à aucun courant, à proprement parler, mais j’ai le souci de m’informer. Ce courant se situe à la gauche de la gauche et l’un des animateurs est Pascal Cherki, député et maire du 14e arrondissement. Il est diversement apprécié au sein du PS puisqu’il n’a pas été renouvelé comme tête de liste dans cet arrondissement considéré comme clé puisque NKM y sera candidate.
Le thème du colloque : Quelle stratégie pour la gauche lors des prochaines échéances électorales ? » Deux invités : Brice Teinturier d’IPSOS et Virginie Martin, politologue, souvent présente sur le plateau de C dans l’air ont dressé un état des lieux.
Grosso modo, le centre de gravité politique se déplace à droite et les Français semblent résignés. Leur mot d’ordre ? C’était mieux avant, vive la tradition, vive la nostalgie ! Vive les trente glorieuses ! Comme l’a bien dit Mme Martin, pendant les 30 glorieuses, le sort des femmes n’était pas des plus enviables, les libertés restreintes et l’eau ne courait pas dans tous les logements. Ce qui n’empêche pas le gouvernement actuel de souffrir d’une crise de résultat sur l’emploi, notamment, et le pouvoir d’achat.
Je suis persuadé que l’affaire Cahuzac joue un rôle essentiel dans le doute ressenti par les Français à l’égard de la parole politique et que si le FN est en train de gagner la bataille des idées, c’est bien parce qu’il a été légitimé par Sarkozy est la droite extrême.
Pascal Cherki déplore l’affaiblissement de l’Etat dont le rôle a été essentiel pendant des décennies même sur le plan économique : « La réduction de la dépense publique est une erreur colossale et la Gauche le paiera cher. »

5 décembre 2013

Exposition Jean-Paul Faccon, peintre, à Saint-Aubin-Lès-Elbeuf


“L’œuvre d’art est la juste part entre la matière et l’esprit” – Antoon Van Dyck

Nul n’est prophète en son pays. Jean-Paul Faccon illustre parfaitement cette pensée. Peu nombreux sont ceux à avoir entendu parler de cet artiste peintre né en 1949, ancien élève de l’école des Arts appliqués de Roubaix. Pourtant, il vit et exerce en Normandie, près d’Elbeuf, depuis maintenant un peu plus de quarante ans. Malgré les années et un incontestable talent, son œuvre reste confidentielle.

Il est vrai que l’homme est d’une discrétion qui s’accorde mal à l’époque où nous vivons. Celle où l’artiste est le plus souvent le produit de la conjugaison d’une stratégie marketing et d’une médiatisation orchestrée par les agences de communication. Toutes choses auxquelles il s’est toujours refusé à souscrire.

Pour au moins deux raisons. La première tient à la haute idée qu’il se fait du métier de peintre et de la condition d’artiste. La seconde découle de la première. Le niveau d’exigence qu’il s’impose à lui-même ne saurait s’accommoder d’aucune compromission. Dût-il pour cela mener une vie qui a bien des égards s’apparente à la vie monastique. Une vie réglée faite quotidiennement de longues heures de travail, mais aussi de réflexion, de solitude et de silence. Une vie frugale d’une extrême simplicité à la limite du dénuement.

Comment classer la peinture de Jean-Paul Faccon ? S’il faut le faire et puisqu’il faut à tout prix faire entrer chaque artiste dans une école, dans un mouvement, dans un courant, ce n’est pas lui faire injure que de le faire figurer dans la lignée ténue des artistes visionnaires. Voilà pour l’objet.

Mais, au-delà de ce terme d’art visionnaire qu’il conviendrait de définir, ce qui caractérise la peinture de Jean-Paul Faccon, c’est d’une part une science totalement maîtrisée du dessin et de la perspective et d’autre part le recours aux techniques picturales des maîtres anciens comme par exemple celle des glacis, c’est-à-dire de la superposition de couches de couleur transparentes qui donnent à la peinture la profondeur et l’éclat d’un émail. Des techniques aussi difficiles à maîtriser que longues à mettre en œuvre et qui demandent à l’artiste une infinie patience.

Mais quel résultat ! Des ciels tels qu’en peignirent Ruysdael et les grands maîtres flamands et hollandais du XVIIe siècle. Des effets de brume et de lumière sur les architectures et les paysages dont certains s’accordent à dire qu’ils font penser au sfumato de Léonard de Vinci.

À l’heure où nous pressentons que la course infernale du monde moderne mène à la disparition sur terre de l’humanité tout entière, la peinture de Jean-Paul Faccon nous livre les images d’un monde hors du temps, pétrifié, silencieux, duquel toute forme de vie humaine aurait disparu. Dès lors, cette peinture ne peut laisser indifférent. Son univers onirique nous pénètre et nous entraîne en même temps qu’il nous interroge, exprimant une sorte de vision prémonitoire de ce vers quoi nous nous dirigeons.

En cela la peinture de Jean-Paul Faccon peut apparaître dérangeante. Car elle nous renvoie l’image de ce que beaucoup d’entre nous refusent de voir. Mais n’est-ce pas le rôle de l’artiste que de témoigner et d’être capable d’exprimer par son art ce que ses contemporains ne parviennent que trop rarement à traduire ? Remercions la ville de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et la CREA qui, en parrainant cette exposition, rendent hommage à cet authentique et talentueux artiste trop longtemps méconnu.

Reynald Harlaut


Exposition Jean-Paul FACCON, peintre
Du samedi 7 décembre 2013 au dimanche 12 janvier 2014
Crypte de la Congrégation du Sacré-Cœur
130, rue de Freneuse
76410 SAINT-AUBIN-LÈS-ELBEUF

Ouvert du vendredi au dimanche de 14H00 à 18H00
Entrée libre
Vernissage le Samedi 7 décembre à partir de 17H00

Exposition réalisée avec le concours de la ville de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et de la CREA.

Pour en savoir plus sur Jean-Paul FACCON :

4 décembre 2013

La miction répétitive du président, l'habile subterfuge de TF1, les louvoiements d'Hervé Morin, le maire UMP qui veut laisser brûler les Roms…

Le président Hollande en compagnie de Christine Arron et de son mari. (photo JCH)
L’hypertrophie bénigne de la prostate est courante chez les hommes d’un certain âge. Elle peut nécessiter une intervention chirurgicale permettant aux patients de se lever moins souvent la nuit…Si François Hollande, candidat à l’élection présidentielle, souhaitait bien récupérer de ses efforts et des longues soirées de campagne, on peut comprendre qu’il ait dû faire appel à un urologue pour supprimer cette hypertrophie autrement appelée adénome. Où est le problème ? Dans la miction mon cher…
On ne va quand même pas reprocher à un candidat à une élection quelle qu’elle soit de ne pas publier l’agenda de ses visites chez son dentiste, le toiletteur de son chien et chez son coiffeur ainsi que ses visites chez le médecin ! Et si aujourd’hui, certains médias font des gorges chaudes, c’est bien parce que François Hollande a été élu quelques mois après l’intervention chirurgicale et qu’ils n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent contre lui si ce n’est son affection pour les pâtisseries et sa tendance à l’embonpoint. 
L’affaire, si je puis dire, serait totalement différente si l’opération avait eu lieu pendant son mandat. Le président doit la vérité sur sa santé aux Français encore que…je m’interroge vraiment sur le niveau de transparence nécessaire entre vie privée et vie publique. On sait tout (ou presque) sur les liaisons amoureuses, sur le patrimoine…de nos élus. Doit-on également tout savoir sur le corps et ses souffrances quand ils n’influencent aucunement l’exercice du pouvoir ? Le courage de Dominique Bertinotti, ministre de la famille, déclarant publiquement qu’elle était atteinte d’un cancer du sein et qu’elle fut soignée en plein débat sur « le mariage pour tous » avec ce que cela engendre de fatigue et de stress, n’en est que plus méritoire. Ce courage est une forme de dépassement de soi et de lutte pour la vie. Quand 60 000 hommes, chaque année, subissent une résection prostatique et le président de la République fut l’un d’entre eux, il n’y a pas de quoi en faire un fromage.

Les professeurs de classes prépa s’accrochent à leurs bons salaires et à leurs avantages. Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, a émis le souhait de réduire (un tout petit peu) leurs émoluments pour reporter ces euros gagnés sur les efforts à faire porter en faveur des zones d’éducation prioritaire. Il fallait s’y attendre, les profs hurlent et s’indignent ! « Touche pas au grizbi salaud » comme dirait Michel Audiard.
C’est toujours la même histoire. Tout le monde veut des réformes, tout le monde veut faire des économies mais à une condition : que leurs effets ne touchent que les autres. Chacun reste assis sur ses acquis, ses niches fiscales, ses privilèges…sauf que le classement établi par Pisa au niveau international démontre que le niveau général des élèves de 15 ans (classement établi tous les trois ans) baisse en France. Surtout chez les enfants de milieux défavorisés. Qu’il s’agisse des mathématiques ou de l’utilisation de la langue française. Pour se former, être éduqué, apprendre en un mot, je ne connais qu’une vraie technique, infaillible : la lecture. Sous toutes ses formes. Pour l’encourager, rien ne vaut les bons conseils des parents et l’obstination des enseignants. « Braves bouquinistes des quais, c'est vous qui avez fait mon éducation intellectuelle. » (A. France)

Je n’aime pas toutes les séquences du Petit journal de Yann Barthès mais il faut avouer qu’il « sort » des faits intéressants surtout quand ils mettent en évidence les contradictions des uns et des autres. D’ailleurs, qui n’en a pas ?
Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, spécialiste de la chasse aux journalistes, pourfendeur de l’amateurisme des médias et « pur et dur » devant « l’être suprême » s’est fait prendre les doigts dans le pot de confiture. Interrogé par une journaliste de TF1 dimanche, lors de la marche sur Bercy, le leader du Parti de gauche a accepté une mise en scène indigne de lui et des valeurs qu’il professe.
Les faits : Claire Chazal, en direct, passe la parole à sa reporter sur place et à JLM en ces termes : « Jean-Luc Mélenchon et avec derrière lui les militants qui se massent…» sauf qu’un journaliste néerlandais a pris la photo du balcon de son appartement situé à l’étage et on constate « que la foule qui se masse » comprend une trentaine de personnes avec drapeaux et banderoles. La focale de la caméra permet de croire au subterfuge. 
Ainsi, la France de TF1 accrédite le fait qu’il y aurait 100 000 manifestants dans les rues quand la police en a compté 7 000 ce qui permet de penser que le chiffre réel tourne autour de 20 à 30 000. Ce qui n’est déjà pas si mal. Interrogé depuis sur cet artifice, JLM explique que la mise en scène visait à éviter les interférences acoustiques d’une foule en liesse. Il a donc réponse à tout.

Hervé Morin, que je connais depuis longtemps, anticipe une vague bleue lors des prochaines élections municipales. Comme chacun sait, le bleu est la couleur préférée de la droite. J’ignore si le maire d’Epaignes fait confiance à son petit doigt ou à son intuition mais si sa prédiction est aussi fiable que le système informatique « Louvois » qu’il a accepté comme ministre de la Défense, j’affirme que la Gauche a de beaux jours devant elle.
Ce système de paie fait que, chaque mois, des milliers de militaires reçoivent ou des trop-perçus ou des moins-perçus. La cause des dysfonctionnements ? Une faille colossale du système. Plus de 200 personnes ont été embauchées en CDD pour en pallier les défauts. Et cela a, et aura, une conséquence non moins énorme : des dizaines de millions d’euros de perdus. Jean-Yves Le Drian, l’actuel ministre de la Défense, affirme qu’il aura besoin de deux années pour mettre en place un nouveau système de paie, fiable et juste. 

Le maire UMP de Roquebrune-sur-Argens, lors d'une réunion publique récente tenue dans sa commune, a regretté (un habitant l'a enregistré) que les sapeurs-pompiers soient arrivés trop tôt sur les lieux d'un incendie dans un camp de Roms. Autrement dit, il a laissé entendre qu'il aurait préféré que le campement forcément provisoire soit attaqué par les flammes car on ne peut pas imaginer qu'il ait pensé que des personnes puissent subir le même sort.
Nous allons devoir vivre avec des phrases comme celles-ci pendant des mois. Les campagnes électorales à venir seront insupportables si les citoyens se trouvent contraints de subir les anathèmes des xénophobes de toutes obédiences, du FN à l'UMP.


3 décembre 2013

Ce qui se joue à Kiev devrait nous interpeller et susciter le soutien du gouvernement français


Sur les 45 millions d’Ukrainiens, combien sont-ils à vouloir que leur pays passe des accords économiques et politiques avec l’Union européenne ? Un sondage (indépendant) pourrait nous le dire. Toujours est-il que le président Ianoukovitch, l’ancien chauffeur de bus, sans que cela n’ait rien de péjoratif même si bien conduire un bus n’autorise pas forcément à bien conduire le char de l’état, a réussi ce coup d’éclat de négocier pendant des années avec l’occident pour finalement se raviser au dernier moment.
En quelques jours ou quelques heures, sous l’amicale pression du grand frère…russe (j’allais écrire soviétique) le président ukrainien — dont le fils a fait fortune grâce à papa — a décidé de tourner le dos à l’union européenne pour profiter des remises de dettes et d’un prix du gaz abaissé de 35 %. Etonnez-vous dès lors que le camarade Poutine ait vu la main  de puissances extérieures quand les Ukrainiens de Kiev ont décidé d’occuper la place de la liberté et de protester contre ce coup de Jarnac.
Vladimir Poutine, l’ancien responsable du KGB à Dresde parle l’Allemand couramment mais c’est en russe qu’il a jugé que ce qui se passait à Kiev était un coup monté (de la CIA évidemment) ou plutôt « un pogrom » ! Si c’était vraiment un pogrom pourquoi le gouvernement ukrainien s’est-il senti obligé de demander pardon aux manifestants suite aux violences policières et une centaine de blessés. Ianoukovitch sait bien que son peuple aspire à une vraie démocratie avec de vraies libertés : de la presse, de circuler, de s’opposer.
Que les manifestants occupent la mairie de Kiev, qu’ils barrent la route des ministres pour accéder à la colline, siège du gouvernement, que des milliers d’hommes et de femmes exigent le respect et donc la signature des accords passés avec l’UE, indiquent bien que certains pays de l’Est veulent s’émanciper de la tutelle de la Russie laquelle a vu d’un mauvais œil l’attraction par l’UE de la Moldavie et de la Géorgie (même amputé de territoires annexés par les Russes).
Ce qui se joue à Kiev devrait nous interpeller. Cette terre que même Hitler voulait annexer pour ses richesses agricoles et pétrolières a connu suffisamment de souffrances et de dominations extérieures pour qu’enfin le peuple ukrainien prenne son destin en mains et ne demeure pas victime des zones d’influences héritées de Yalta.

2 décembre 2013

« Toute personne a droit au respect de sa vie privée »…Lire la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme

Plusieurs associations écrivent à Christiane Taubira, Garde des sceaux et ministre de la Justice : 

« Madame la garde des Sceaux,
Comme vous le savez, la Cour européenne des droits de l’Homme, dans un arrêt du 18 avril 2013, devenu définitif le 18 juillet 2013 (affaire « M. K. c France », requête n°19522/09), a jugé que la France avait commis une violation de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, aux termes duquel « Toute personne a droit au respect de la vie privée », à propos du Fichier automatisé des empreintes digitales (Faed).
Selon la Cour, la France a « outrepassé sa marge d’appréciation en la matière », tant en ce qui concerne l’arbitraire du fichage que la durée de conservation des données. En effet, la Cour a estimé que « le régime de conservation, dans le fichier litigieux, des empreintes digitales de personnes soupçonnées d’avoir commis des infractions mais non condamnées, tel qu’il a été appliqué au requérant en l’espèce, ne [traduit] pas un juste équilibre entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu. Dès lors, la conservation litigieuse s’analyse en une atteinte disproportionnée au droit du requérant, au respect de sa vie privée, et ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique ».
L’arrêt précité a une portée qui dépasse ce fichier pour s’appliquer aux données enregistrées dans tous les fichiers posant des problèmes similaires, en particulier le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), auxquels devraient être appliqués les mêmes principes de proportionnalité, de pertinence, de non-excessivité et non-stigmatisation. Ainsi que la Cour le rappelle, de manière générale « le droit interne doit notamment assurer que ces données soient pertinentes et non excessives par rapport aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées, et qu’elles soient conservées sous une forme permettant l’identification des personnes concernées pendant une durée n’excédant pas celle nécessaire aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées. Il doit aussi contenir les garanties de nature à protéger efficacement les données à caractère personnel enregistrées ».
L’article 46.1 de la Convention stipule que les Etats s’engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour, dans les litiges auxquels ils sont parties. Par conséquent, l’Etat français doit mettre à exécution la décision de condamnation et entreprendre la modification du droit applicable non seulement pour le Faed, mais aussi le Fnaeg, qui est soumis à un régime juridique similaire.
LDH 138, rue Marcadet 75018 Paris – www.ldhfrance.org ldh@ldhfrance.org – Tél. : + (33) 01 56 55 51 00 – Fax : + (33) 01 42 55 51 21
Une exécution pertinente de l’arrêt conduit, par conséquent, à établir des critères stricts concernant l’enregistrement des données personnelles du Fnaeg. Initialement mis en place pour les délinquants auteurs de crimes sexuels, il concerne, après de multiples extensions législatives, presque toutes les infractions, mêmes mineures. Mais il y a plus. C’est l’expression même « personnes susceptibles de », qui autorise le fichage de personnes n’ayant commis aucune infraction et qui sont donc présumées innocentes, qu’il convient de bannir. L’expérience a ainsi montré que figuraient indument dans ce fichier et étaient l’objet de prélèvements génétiques (sous peine de sanctions pénales) de nombreuses personnes. Cette extension du fichage entraîne un risque de stigmatisation de personnes n’ayant commis aucune infraction, mises alors sur le même plan que des délinquants sexuels, ce que condamne la Cour.
La durée de conservation des données en cas de condamnation des personnes mineures, qui est excessive, devra par ailleurs également être réduite à une durée pertinente. Enfin, le nouveau droit devra nécessairement faire figurer l’obligation de suppression de plein droit des enregistrements au Faed et au Fnaeg en cas de relaxe, d’acquittement, de classement sans suite ou autres abandons de poursuites.
Aussi, les organisations signataires vous demandent de bien vouloir tenir compte de la jurisprudence précitée de la Cour européenne des droits de l’Homme et, en conséquence, de modifier les lois et règlements régissant tant le Faed que le Fnaeg, dans les sens sus-indiqués.
Nous vous prions d’agréer, madame la garde de Sceaux, l’expression de nos cordiales salutations. »
Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue des droits de l’Homme ; Jean-Jacques Gandini, Président du Syndicat des avocats de France ; Françoise Martres, Présidente du Syndicat de la magistrature ; Geneviève Vidal ; Présidente du Creis Terminal ; Daniel Naulleau, Vice-président du Cecil.
Copie à monsieur Manuel Valls, ministre de l’Intérieur.

Le mensonge de Paul-Marie Couteaux, le travail le dimanche et la sanction contre TF1 sans oublier les vilains comptes du groupe Hersant


L'espace des quatre temps à La Défense. (photo JCH)
Travailler le dimanche ? Pendant toute ma vie professionnelle, j’ai travaillé le dimanche. C’est même un jour faste pour les événements locaux. Les associations, les sportifs, les sociétés savantes…agissent le dimanche. Que la loi prévoie deux jours de congé consécutifs, c’est très bien. Qu’elle envisage des exemptions pour certaines professions, pourquoi pas, si le travail se fait sur la base du volontariat ? 
Le rapport Bailly remis ce jour à François Hollande envisage 12 dimanches d’ouverture au lieu de cinq maximum dans les textes actuels pour certains commerces et certaines activités. Si la souplesse nécessaire n’entraîne pas de coercition vis-à-vis des salariés, je ne vois pas ce qui pourrait s’opposer à cette proposition.

Sur le site du Nouvel Observateur, je lis que Paul-Marie Couteaux, un proche de Marine Le Pen, ayant oublié qu’il portait un micro suite à une interview de journaliste, raconte comment un mensonge inventé par lui-même devient un argument redondant repris dans bien des médias.
Cette stratégie du mensonge (elle portait sur le débauchage d’élus de droite qui rejoindraient en force et en nombre le FN) a suscité une question de Maïté Biraben, animatrice télé, à Florian Philippot, vice-président du Front national. Invité à commenter cette manipulation, l’ancien chevènementiste, a fait profil bas, lui qui vante urbi et orbi le FN comme le parti de la vérité n’ayant donc rien à voir avec ce qu’il appelle l’UMPS.
La réalité est plus brutale et plus sombre. Paul-Marie Couteaux devra, à l’avenir, veiller à ne plus porter de micro encore branché s’il veut répandre mensonges et ragots sur les autres partis politiques.
Quant à la crédibilité des arguments du FN, elle en prend un sérieux coup.

TF1 « mis en demeure » par le CSA suite à un reportage bidouillé. Lors d’une sortie récente, François Hollande a été diversement accueilli dans une de nos belles villes françaises. Avant que sa voiture ne s’arrête, quelques huées ont été entendues…Mais quand le président est descendu du véhicule, ce fut silence dans les rangs avec quelques applaudissements.
Yann Barthès et son Petit journal —ils n’en ratent pas une — ont constaté que TF1 diffusait l’arrivée de François Hollande avec un son ne correspondant pas à celui du reportage enregistré par les journalistes de son émission. Avec un décalage de quatre secondes, TF1 fait croire aux téléspectateurs que le président est hué à sa descente de voiture. Ce qui est faux.
Le CSA a entendu Catherine Nayl, responsable de l’information de TF1. Elle a prétexté un problème technique pour expliquer ce décalage mais les membres du CSA n’ont pas été dupes et ont sanctionné la chaine par une « mise en demeure » soit la deuxième punition de la gamme prévue. Restons vigilants, ne prenons pas pour argent comptant tout ce qu’on nous raconte. Et si Claude Roiron (lire un article précédent sur ce blog) a raison en affirmant que les campagnes d’aujourd’hui ne sont plus des campagnes militantes mais des campagnes médiatiques, il est d’autant plus essentiel de recouper les informations et de se méfier des tentatives d’intoxication.

Avec Philippe hersant, quand il reprend des journaux ou rachète des groupes de presse, c’est toujours le même discours, on va voir ce qu’on va voir. Eh bien, on voit. 148 postes vont être supprimés au sein de Nice Matin dans les semaines qui viennent compte tenu des difficultés financières traversées par le groupe des journaux du sud (avec Var Matin et Corse Matin).
La presse écrite, qu’elle soit nationale ou régionale, quotidienne ou hebdomadaire, ne se porte pas bien. Les recettes publicitaires chutent. Les petites annonces pullulent sur Internet. Les lecteurs vieillissent et les jeunes se désintéressent de l’actualité locale. C’est triste. Un journal est un outil de lien social et d’adhésion à une communauté. Qu’elle soit régionale ou départementale. On ne peut pas bien vivre en se désintéressant du sort des autres.

1 décembre 2013

Comment Nicolas Sarkozy a « enfumé » les Français lors des émeutes de 2005


La mort de Ziad et Bouna a déclenché la colère des quartiers.
Je viens de suivre « spécial investigation » sur Canal Plus. Le magazine est consacré aux émeutes de 2005. On y voit une succession d’événements graves débutés par la mort des deux jeunes de Clichy-sous-bois. Ils rentraient d’un match de football, ont été poursuivis par des policiers et sont morts électrocutés dans un transformateur. Pendant plusieurs jours, le gouvernement de Dominique de Villepin (1) et le procureur de la République ont affirmé que les deux jeunes étaient des cambrioleurs et que jamais ils n’avaient été poursuivis par les policiers. Heureusement, une enquête de l’IGS (inspection générale des services ou police des polices) a réduit à néant cette argumentation et Jean-Pierre Mignard, avocat des victimes, a enfin obtenu satisfaction. D’ailleurs, après plusieurs péripéties judiciaires, des policiers passeront devant le tribunal correctionnel dans les prochains mois pour non assistance à personne en danger.
Sans entrer dans les détails de ces trois semaines de troubles élargis à l’hexagone et opposant jeunes de quartiers et policiers, je retiens l’essentiel de l’argumentation des journalistes d’investigation : Nicolas Sarkozy a orchestré l’ensemble des informations et des positions gouvernementales avec un cynisme et une rouerie redoutables reconnues par un de ses supporters, le sénateur UMP Pierre Charon.
Déjà candidat à l’élection présidentielle de 2007, en rupture avec Jacques Chirac et surtout Dominique de Villepin, Sarkozy n’a eu de cesse de mettre de l’huile sur le feu, d’ajouter les provocations aux provocations sans jamais se soucier, ni des familles des jeunes décédés, ni des conséquences de ses paroles tenues sur les grandes chaines de télévision. Soucieux de siphonner les voix des électeurs du Front national, Sarkozy a joué la carte de l’ultra-sécurité, de la « tolérance zéro » avec des connotations anti-musulmanes très nettes.
Avec le recul, on mesure combien cette stratégie, si elle a été payante sur le plan électoral, a suscité de traumatismes dans la société française et dans les quartiers des cités dites sensibles. Les témoignages des jeunes et de Azouz Begag « ils voulaient virer le bicot du gouvernement » constate-t-il, confirment la ligne dangereusement suivie par Sarkozy dont le rôle eût dû être d’apaiser plutôt qu’exciter, calmer plutôt qu’enflammer. Il faudra s’en souvenir si jamais l’ancien ministre de l’Intérieur voulait reprendre du service à l’Elysée.
(1) Le Premier ministre ira jusqu'à décréter l'état d'urgence !

Elisée Reclus avait deux passions : la géographie et l'anarchisme


Elisée Reclus.
Elisée Reclus, vous connaissez ? Si vous ne le connaissez pas, il n’est pas trop tard pour s’informer. Surtout quand Nicolas Eprendre est de passage à Louviers à l’invitation de la société d’études diverses. Après de solides études au lycée des Fontenelles de notre ville, Nicolas est entré à l’institut Louis Lumière. Devenu assistant opérateur et assistant réalisateur il s’est tourné vers la réalisation autonome et le film qu’il a financé grâce à Antoine Martin (le fils et le frère de…) producteur rouennais était présenté ce samedi au cinéma Forum.
Elisée Reclus a deux cordes à son arc : la géographie et l’anarchisme. En consultant les sites de vente des 19 volumes de sa géographie universelle, j’ai constaté que les Américains éprouvaient un vif intérêt pour le personnage. Car c’en est un. Il a vécu la révolution de 1848 du bon côté des barricades et a été l’un des artisans de la Commune de Paris, terminée dans un bain de sang. Arrêté, condamné à mort, sa peine fut commuée et Elisée Reclus dut s’exiler, ce qu’il fit plusieurs fois dans sa vie. J’ignore si l’exil lui a donné le goût des voyages mais il a fait plusieurs fois le tour du monde à une époque où les avions subsoniques n’existaient pas.
L’Amérique du sud, l’Asie, l’Afrique du nord, l’Europe…Elisée Reclus ne reculait devant aucun obstacle, ni distance ni montagne. Peut-être son père pasteur protestant lui a-t-il inspiré le goût de la méditation et de la contemplation, toujours est-il qu’Elisée Reclus a écrit des pages demeurées fameuses sur la nature vraie et sur les milieux de vie. Le témoignage de Kenneth White est à cet égard éloquent.
J’ignore quelle mouche a piqué Pierre Vandevoorde. Lors des questions au réalisateur et aux animateurs de la SED, MM. Cornu et Bodinier, le membre du NPA a poussé une colère froide contre François Loncle, député invite, qui avait commis le crime d’avouer son penchant pour « la géographie qui fait l’histoire » et dont le principal défaut est d’appartenir à la majorité gouvernementale. Le Fouquier-Tinville lovérien, devenu accusateur public d’un jour, nous a donné une petite idée de ce que serait un pays gouverné par icelui. Même si je sais ne pas confondre capital et travail.
Claude Cornu (à gauche) avec Nicolas Eprendre (à droite)
J’aime bien Pierre Vandevoorde mais ma compassion a des limites et j’ai trouvé son intervention mal à propos voire hors de propos. Il a fallu que Bernard Bodinier rappelle les statuts de la SED et son exigence de neutralité politique pour espérer que le partisan du NPA s’interroge sur ce qu’on peut dire en tel ou tel lieu, à tel ou tel moment. Question de tact. Il s’agit sans doute d’un concept petit bourgeois. Va pour le concept.
J’ai préféré l’intervention de Claude Desnoyer. Ce lovérien très engagé dans la vie publique il y a maintenant quelques années a remercié Nicolas Eprendre pour son beau film et rappelé son attachement personnel à l’anarchisme, synonyme de théorie politique et non de violence terroriste.