29 avril 2014

« La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique » : c'est toujours vrai


La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique. Cette citation de Clémenceau, un expert en la matière, est toujours vraie. Il n’est qu’à constater, pour le déplorer, le jugement rendu par un tribunal militaire égyptien. Ce dernier vient de condamner à mort des centaines de responsables, de membres, d’amis des Frères Musulmans dont le crime principal, si je comprends bien, est de continuer à soutenir l’ancien président Morsi, l’un des animateurs de la confrérie islamique d’ailleurs élu démocratiquement et victime de la prise de pouvoir par la force et par les militaires.
L’Egypte n’est donc pas une démocratie. C’est une dictature militaire. Il est vrai que depuis soixante dix ans, les coups d’états successifs n’ont pas permis à une démocratie digne de ce nom de s’implanter durablement. Tout de même, qu’un tribunal même militaire, juge très rapidement des centaines de civils sans leur permettre d’exercer leurs droits élémentaires de prévenus, sans permettre à leurs avocats de préparer leur défense, voilà qui choque toute opinion réfléchie surtout dans les pays qui ont aboli la peine de mort.
Pour être tout à fait objectif, on m’objectera que depuis 2011 aucun condamné à mort n’a été exécuté en Egypte. De nombreuses peines ont été commuées en détention à perpétuité au bon vouloir des juges et surtout du pouvoir des uniformes. La récente vague de condamnations à la mort a pour objectif principal de dissuader les Frères musulmans de protester, de revendiquer, de défendre le retour du président Morsi lequel est arbitrairement détenu dans une cellule et au secret. Les diverses tentatives destinées à le juger et à le condamner ont échoué pour diverses raisons dont l’une est capitale : le peuple égyptien, même s’il se méfie des radicaux musulmans, conteste un pouvoir absolu par des militaires peu regardants sur les méthodes et les moyens d’obtenir les résultats qu’ils souhaitent. Une pression internationale devrait s’exercer contre ce pouvoir à moins que l’occident n’y trouve son compte et prenne, tôt ou tard, le boomerang en pleine figure.

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