21 mai 2014

Ce n’est ni l’histoire d’un train qui arrive en retard ni celle d’un autre qui part en avance


Alain Le Vern (à gauche) ancien président de la région Haute-Normandie devenu un cadre important de la SNCF va pouvoir en toucher un mot à son patron Guillaume Pepy, ici sur un quai de la gare de Val-de-Reuil. (photo JCH)
Ce n’est ni l’histoire d’un train qui arrive en retard ni celle d’un autre qui part en avance. C’est l’histoire d’une commande de rames de TER (train express régional) effectuée par la SNCF auprès des sociétés Alstom et Bombardier mais de rames trop larges pour accéder à certains quais. Le Canard enchaîné de ce jour se régale, et nous avec, de cette « comédie dramatique » (1) un peu chère puisqu’elle va coûter plusieurs dizaines de millions d’euros à RFF (Réseau ferré de France) contraint de rogner des quais trop étroits pour accueillir ces wagons modernes, confortables mais mal calculés.

Comment en est-on arrivé à cette situation ubuesque et pourtant bien réelle. J’entendais ce matin sur une chaîne de radio d’informations en continu un technicien de RFF. Les fabricants ont respecté les contraintes du marché passé entre les sociétés privées et l’établissement public et commercial…en repoussant les marges autorisées au maximum de leurs capacités. Autrement dit — c’est du moins le prétexte mis en avant — pour construire des rames contenant plus de passagers, les techniciens de RFF ont oublié de mesurer la largeur des quais existants ou de rappeler leurs dimensions. Certes, tous les quais ne sont pas concernés. On parle d’un sixième de la totalité des quais soit 1300 quais dont 300 ont déjà été élargis. Les sommes en jeu ne sont pas dérisoires mais qu’est-ce que 50 millions d’euros pour des sociétés comme celles-là ? J’ai cru comprendre que ce discours avait les faveurs de RFF. Il peut sembler choquant…car il l’est.

Je me mets à la place du Secrétaire d’Etat aux transports, Frédéric Cuvillier. Il rit jaune. Et les présidents de régions (les clients de la SNCF) ont annoncé la couleur : « nous ne paierons pas un centime des travaux nécessités par cette grosse bévue. » Au-delà de l’erreur manifeste d’appréciation, il est légitime de s’interroger sur la manière dont a été constitué le dossier d’appel d’offres. Les ingénieurs auteurs de la rédaction du cahier des charges ont nécessairement indiqué les cotes des rames à construire. C’est basique. Alors, sur quels éléments se sont-ils appuyés ? J’imagine qu’une enquête a été ouverte dès qu’on s’est rendu compte de la boulette. D’ailleurs, si le Canard enchaîné en parle aujourd’hui, la connaissance de la « connerie » remonte à plusieurs mois puisque des travaux ont déjà été réalisés. On peut comprendre que ni RFF ni la SNCF ne se soient vantés de cet exploit. Mais comme tout se sait, mieux vaut en rire qu’en pleurer.

(1) D’après l’expression du secrétaire d’Etat aux transports.

Aucun commentaire: