13 mai 2014

En dix ans, 44 fichiers de police ont été créés. Il faut renforcer les moyens de contrôle de la CNIL


Entre 2002 et 2012, 44 fichiers de police ont été créés. 45 millions de personnes sont enregistrées par la police ou la gendarmerie, soit comme suspects soit comme victimes. Cela représente 68 % de la population française. « C’est une proportion considérable, constate François Loncle, député, qui suscite l’inquiétude d’autant plus que ces fichiers contiennent de nombreuses inexactitudes puisque le taux d’erreurs relevé par La Commission nationale informatique et liberté est de près de 40 %. »
Mais depuis 2004, cette Commission n’exerce plus qu’un rôle consultatif. Dépourvue de moyens de contrôle efficaces, les procédures de vérification des fichiers par la CNIL durent deux ou trois fois plus longtemps que le temps prévu par la loi. Il y a donc là un dysfonctionnement évident et dangereux pour les libertés individuelles.
Le contexte créé par les révélations d’Edward Snowden concernant les activités de la NSA sur les pratiques d’espionnage à grande échelle nous fait prendre conscience de la nécessité pour chaque citoyen d’être vigilant, attentif aux actes d’organismes sur lesquels nous n’avons que peu de connaissance ou d’expertise. Il est bien évident que les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Linkelden…) favorisent cette mise au jour de nos données personnelles, de nos préférences, de notre histoire et de nos habitudes. Les spécialistes de la vente en ligne s’en donnent à cœur joie tout comme les officines chargés de dénicher les algorithmes ou les sites que nous préférons. On sait aussi que les employeurs n’hésitent pas à consulter les profils de leurs éventuels futurs collaborateurs lesquels ont donc intérêt à ne pas trop en dire s’ils considèrent que ces renseignements pourraient nuire à une embauche éventuelle.
Dans une question écrite au Premier ministre, François Loncle aimerait savoir ce que le gouvernement envisage pour « permettre à la CNIL de remplir convenablement sa mission » et par conséquent pour veiller « à ce que l’informatique ne porte atteinte ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. » Je publierai, dès que j’en aurai connaissance, la réponse des services de Manuel Valls. Il est absolument indispensable que le pouvoir démocratique prenne conscience des dangers suscités par un trop grand laxisme ou, au contraire, le recensement d'un trop-plein d’éléments de notre vie qui, par définition, n’intéressent que nous-mêmes et ceux qui nous sont proches.

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