14 novembre 2014

Rosetta et Philae nous changent un peu du quotidien et des comptes en Suisse


Je me souviens de cette nuit de l’été 1969 lorsque le premier homme posa le pied sur la lune. Nous étions quelques-uns (et beaucoup d’enfants) à suivre la mission de Neil Armstrong, Aldrin et de leur 3e comparse en direct à la télévision. C’était à la fois merveilleux, miraculeux mais Jacques Monod, prix Nobel de médecine, fut plus terre-à-terre, si je puis dire, lorsqu’il me déclara à l’occasion d’une interview faite à l’Institut Pasteur : « ils ne trouveront que des cailloux. Je préfèrerais que l’argent consacré à la conquête de l’espace soit attribué aux hommes et aux femmes qui consacrent leur vie à la recherche fondamentale. »
Jacques Monod avait-il raison ou tort ? Toujours est-il que je ressens le même miraculeux et le même merveilleux avec la mission confiée à la sonde Rosetta et au lander Philae. Pendant dix ans, cette sonde humaine, rebondissant de planètes en astéroïdes pour accélérer sa vitesse, a réussi le véritable exploit scientifique de permettre à Philae de se poser sur la comète Tchouri, nom réduit du couple russe découvreur de cette comète.
Les télévisions (malgré le manque d’images) les radios (qui retrouvent leur vocation première) consacrent beaucoup de temps d’antenne à cette première scientifique due à la collaboration des physiciens, astronomes, biologistes, chimistes, mathématiciens, informaticiens, ingénieurs…et des organismes chargés de l’espace. Car cette réussite étonnante est due à l’Europe et à elle seule. 
Elle est due à l’imagination, l’intelligence, la créativité des cerveaux d’hommes et de femmes compétents, savants, capables de concrétiser une volonté née dans les années quatre-vingt et idéalisée aujourd’hui. Jacques Monod avait peut-être tort car les scientifiques sont partis à la pêche d’éléments formidablement intéressants. Les comètes sont des astres particuliers. Elles ont conservé leur personnalité d’origine soit la composition qu’elles possédaient lors de leur formation il y a 4,5 milliards d’années. L’un des objectifs principaux de la mission est de découvrir, si possible, la composition du sol de la comète et d’y trouver du carbone, de l’hydrogène, ou d’autres éléments indispensables, par exemple, à la formation de la terre et de son évolution. Et si les découvertes de Philae nous renseignaient sur l’un des mystères philosophiques, métaphysiques, religieux, auquel l’homme est confronté depuis des millénaires : l’origine de la vie ! On connaît la réflexion de Jean-Paul II à un scientifique britannique : « Depuis 13,5 milliards d’années, c’est vous, avant, c’était nous. » La boutade mérite qu’on s’y arrête un instant. Elle pose la question irrésolue du début, de la fin, si début et fin il y a.
Comme il existe des milliards de galaxies composées de milliards d’étoiles et des milliards de planètes autour de ces étoiles, une autre question trouvera peut-être une réponse un jour, demain, dans mille ans ou dans un million d’années : existe-t-il, ailleurs dans l’espace, une autre forme de vie ou une forme identique à la nôtre ? Si les scientifiques se montrent prudents, admettons qu’il existe une probabilité non nulle pour que quelque part, une planète « habitable » existe.
En attendant, souhaitons à Philae de retrouver la lumière (pour recharger ses piles) et aux hommes et femmes de science de passer des jours et des nuits surprenantes. Cela nous changera du quotidien terriblement banal : les repas chez Ledoyen de Jouyet et Fillon et des parlementaires UMP ayant des comptes à Genève.

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