19 avril 2014

De la démission d'Aquilino Morelle à la libération des quatre otages détenus en Syrie…

Rama Yade, dans une intervention radiodiffusée, évoque l’affaire Morelle. Plus que le conflit d’intérêts qui semble avéré, elle considère que le symbole du cireur de chaussures installé au pied d’un puissant est une charge terrible pour l’image de la gauche et dévastateur pour les contradictions éthiques qu’elle génère. Je ne suis pas toujours d’accord avec Rama Yade mais je la crois sincère sur bien des points et capable de bon sens. Elle ne fait, là, que constater l’hyperbole de pouvoir exprimé par des forts en thèmes, sans doute puisqu’énarques le plus souvent, mais bien faibles en nature humaine et en simplicité. Car c’est là-dessus qu’on juge les grands, les hommes d’état, les femmes d’exception : ils et elles font preuve d’une forme d’humilité et d’abandon du moi, la qualité de leurs convictions s’accordant avec la pratique de leurs actes. On peut dire, qu’à ce titre, des Mendès France à gauche et des De Gaulle à droite, correspondent bien à cette définition.

La libération des quatre journalistes otages en Syrie démontre que Laurent Fabius, quand il est à la manœuvre, sait persévérer et obtenir de gain de cause. C’est évidemment long, lent, trop long trop lent, pour les familles, les amis des victimes et pour le pouvoir en place qui doit négocier, discuter, palabrer et parfois payer. J’ignore les conditions précises qui ont abouti à la libération des quatre hommes détenus en Syrie, dans un pays en guerre, par un groupe djihadiste particulièrement intégriste. Si j’ai bien lui les Dépêches, les quatre journalistes français n’ont pas beaucoup vu la lumière ni été particulièrement bien traités. Mais aujourd’hui, ils sont libres et vont retrouver le sol national dans la journée. François Hollande les accueillera selon un rite éprouvé. Souhaitons qu’une certaine discrétion entoure le premier pas des prisonniers et si l’un d’entre eux porte un vêtement traditionnel arabe, j’espère que Marine Le Pen saura tenir sa langue. Quant à François Hollande, les bonnes nouvelles n’étant pas si nombreuses, je gage qu’il sera lui aussi à la hauteur de l’événement.

"Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu" François Hollande


François Hollande, candidat, en visite à l'usine M-Real devenue Double A.
"Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu", a déclaré François Hollande, le chef de l'Etat, au cours d’une discussion avec des salariés de la région de Clermont-Ferrand. Voilà une parole qui exprime mieux que tous les paris, toutes les analyses des sondeurs et surtout toutes les spéculations les véritables intentions du Président de la République et les objectifs sincères qu’il s’assigne. Il fait de la lutte contre le chômage sa priorité. Il veut restaurer l’appareil productif national et offrir des débouchés, non seulement aux sans emplois, mais aussi à tous ces jeunes qui, entrant sur le marché du travail avec masters et autres diplômes, doivent se contenter de petits boulots quand ils en trouvent.
François Hollande a pris en pleine face la vague bleue des municipales. L’abstention massive des électeurs (trices) de gauche a été le grand enseignement de ces élections. Si l’électorat socialiste ou les sympathisants jugent préférable de rester à la maison pour sanctionner à sa façon la politique actuelle, il n’y a en effet, pas de raison objective pour que cela change lors des prochains scrutins. Sa promesse d’inversion de la courbe du chômage à la fin 2013 était une promesse osée. Elle n’a pas été tenue et les citoyens lui en tiennent rigueur. Comment s’étonner du résultat des municipales puisque le bulletin de vote est le seul moyen dont disposent les Français pour faire connaître leur mécontentement ? L’abstention est devenue au fil du temps, un indicateur supplémentaire de ce manque de motivation à voter pour des gens qui ne veulent ou ne peuvent respecter leurs engagements.
La déclaration de François Hollande contraste avec celle de Nicolas Sarkozy. Lui aussi avait annoncé que si le chômage n’était pas à 5 % à la fin de son mandat, il serait légitime que les Français en tirent les conséquences. Mais il a tout de même été candidat et a des velléités de l’être à nouveau alors qu’il a laissé un taux de chômage à 10 % de la population active.
Autrement dit, François Hollande joue son va tout avec le pacte de responsabilité et les accords passés (ou pas, d’ailleurs, on ne sait pas très bien) avec le patronat et les syndicats (pas tous). Ce pacte court jusqu’en 2017. D’ici là, la reprise économique aura-t-elle touchée la France ? La croissance sera-t-elle au rendez-vous avec les investissements et les embauches ? En tout cas, Hollande fait preuve de lucidité : "Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu". Tout est dit.

18 avril 2014

L'affaire Aquilino Morelle deviendra-t-elle la nouvelle affaire Cahuzac ?


Lors de la naissance de l’affaire Cahuzac, j’étais de ceux qui dès le 4 décembre 2012 avait demandé la démission du ministre du budget. Il a pourtant fallu patienter pendant plusieurs mois avant de connaître, enfin la vérité, et apprendre que, décidément, l’argent faisait tourner les têtes et valser les principes. Cette affaire Cahuzac a fait très mal à François Hollande, à son gouvernement et à la gauche en général, celle-ci ne souhaitant pas apparaître comme animée par des affairistes et des hommes et des femmes d’argent. La réalité est différente et les valeurs de la gauche sont aujourd’hui trop souvent mises en cause.
Le site Médiapart, si détesté des puissants, si craint des mauvaises consciences, révèle à nouveau ce qui paraît être un scandale touchant de près François Hollande et la présidence de la République. Dans une enquête fouillée, on apprend qu’Aquilino Morelle dit « la plume du président », ancien collaborateur de Lionel Jospin, n’est pas un bourreau de travail, qu’il aime se faire cirer les pompes à l’Elysée (il possèderait plusieurs dizaines de paires de chaussures pour ses pieds fragiles) qu’il est inspecteur général de l’action sanitaire et sociale mais que cela ne l’a pas empêché de conseiller des laboratoires pharmaceutiques et de toucher de belles sommes d’argent…M Morelle n’y voit pas malice dans la mesure où les textes n’interdisent pas, assure-t-il, ces pratiques très lucratives.
Plusieurs députés socialistes ont demandé, hier, la démission de M. Morelle qui pourrait bien être mis en cause judiciairement pour conflit d’intérêts. Surtout, Médiapart a publié des extraits de discours et d’interventions publiques dans lesquels Aquilino Morelle fustige les relations incestueuses entre le pouvoir et l’industrie pharmaceutique. On dit que ce conseiller du président a été écarté pendant un temps du palais présidentiel et qu’il a fait son retour en grâce lors de l’affaire Gayet. Une bonne communication exigeant la présence d’un bon communicateur.
Si j’étais le président de la République, je veillerais à m’entourer, au maximum, de gens irréprochables. Je n’accuse pas François Hollande de n’avoir pas été au courant de toutes les activités de son conseiller (il aura peut-être d’autres surprises) mais maintenant qu’il en a connaissance, c’est à lui d’agir et d’exiger très rapidement que la situation ne s’éternise pas et devienne le feuilleton printanier.
La sortie, M. Morelle, c’est par là. Vous pouvez même partir sans prendre vos affaires personnelles. La plaie continuera de suinter.

16 avril 2014

Marc-Antoine Jamet après l'élection de Bernard Leroy : « la collégialité ou la politisation à outrance ? »


Marc-Antoine Jamet au moment du vote. (photo JCH)
« L’élection du Président de la Communauté d’agglomération Seine Eure, mardi 15 avril, devant un public que la nouvelle salle du Conseil n’a pas prévu d’accueillir décemment, s’est faite sans surprise. Elle n’a fait que confirmer, avec moins d’ampleur, le résultat des élections municipales des 23 et 30 mars, dont elle constituait naturellement le 3ème tour.

Pour une Présidence longtemps attendue et emportée, à une voix près, dès le premier scrutin, je veux adresser mes félicitations à mon collègue et voisin Bernard Leroy, Maire du Vaudreuil. Ses qualités sont connues de tous. La réussite dont il a fait la marque de sa commune est mesurable. Depuis quatorze ans, nous avons su progressivement imaginer, construire et réussir un partenariat de proximité, apaisé et utile, entre nos deux communes, au bénéfice de leurs habitants. La retraite, qu’il devrait prendre, ainsi l’a-t-il promis, et le non cumul des mandats devraient, enfin, lui donner la disponibilité qu’avait revendiquée, comme seul argument, son concurrent jeune et malheureux François-Xavier Priollaud.

Néanmoins, comme de nombreux maires, pour les responsabilités qui, en notre nom, sont désormais les siennes, pour la clarté et le respect du débat, je regrette que sa candidature ait choisi d’avancer masquée jusqu’au dernier moment, démontrant, une nouvelle fois, les limites d’un mode de désignation qui ne fait, en réalité, toujours pas appel au suffrage universel. Son élection, toutefois, reste nette, normale et logique au regard de la situation politique née des deux derniers dimanches électoraux. Elle ne peut être remise en question.

Je veux saluer et remercier Richard Jacquet qui, dans une démarche bien différente, a su porter, répondant à l’appel des militants et des Maires de Gauche de la CASE, un message de clarté et de cohérence politiques nouvelles à l’agglomération. Sa candidature, appuyée sur un travail, une expérience, un projet, fut une candidature de reconstruction et de renouvellement. Le résultat, qui a été le sien, diminué de quelques débauchages malsains, de quelques défections absurdes, est un résultat d’avenir pour ceux qui partagent ses valeurs et ses méthodes fondées sur la justice et la solidarité entre collectivités. Je les partage.

Il faut également, pour le travail accompli, pour ses convictions intercommunales sincères, entières, rendre hommage à Patrice Yung. A la présidence de l’agglomération Seine Eure, il a tenté de faire vivre un climat différent durant les derniers mois. Nous avons indéniablement obtenu de meilleures relations de travail. Il n’en demeure pas moins, en dehors de sa personne, que l’élection du Président de la CASE ne pouvait aller à contre-sens des messages, multiples, envoyés par les électeurs au mois de mars : rajeunissement, priorité à la démocratie, absence de manœuvres.

Pour les jours qui viennent, mon attitude sera extrêmement vigilante. Deux voies sont ouvertes devant le nouveau coordinateur de nos 37 communes. Soit la collégialité, vraie, fondée, débattue et adoptée comme il est normal dans une instance sans véritable légitimité, ni responsabilité politiques du fait de son mode de désignation. Elle se jugera au bureau qui sera proposé. Soit la politisation à outrance, le repli sur quelques villes et villages, le sectarisme, l’intégrisme et l’affrontement. Cette dernière hypothèse n’est pas ce que les élus valdéroliens et leurs alliés lovériens assuraient avant l’élection. Elle ne correspond pas à la vision concrète et efficace de la gestion publique revendiquée par Bernard Leroy et que je lui reconnais. 

Ce fut pourtant la tonalité de son premier discours, parfois habile, parfois brutal, et l’illustration limitée, réductrice, qu’en a donné l’invraisemblable ticket, le tête-à-tête exclusif, sorte d’attelage de compensation à destination du premier magistrat de la cité drapière, qu’il assure, avec son soutien débutant, vouloir former. Peut-être était-ce simplement la conséquence euphorique d’une victoire, une parole insuffisamment évaluée ? Je veux souhaiter qu’une fois le temps du travail revenu d’autres propositions soient faites pour le bien, le succès et la concorde de la Communauté d’Agglomération Seine-Eure. »

Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la région Haute-Normandie, propose une fusion avec la Basse-Normandie et la Picardie


Nicolas Mayer-Rossignol. (photo JCH)
A l’heure où la CASE va se rapetisser, se recroqueviller, sous la férule du ticket « Leroy-Priollaud », il y a heureusement des élus pour oser aller de l’avant et imaginer un monde nouveau. C’est le cas de Nicolas Mayer-Rossignol. Dans un article paru dans Paris-Normandie récemment, le président de la région Haute-Normandie indique qu’il a entendu le message de Manuel Valls, premier ministre, lequel a déclaré qu’il fallait diviser les régions par deux. Chiche, assure le président rouennais : il propose une seule région composée des deux Normandie auxquelles il adjoint la Picardie.
Pour justifier cette proposition intelligente, le président haut-normand avance des arguments historiques, économiques et géographiques. Il précise que si la fusion de la Basse et de la Haute Normandie va de soi, ce n’est pas forcément le cas pour la Picardie. Or, des échanges nombreux se déroulent entre Rouen, Amiens et Beauvais. Des projets structurants, routiers, éoliens, touristiques, industriels, peuvent unir les départements de ces trois régions : l’Aisne, l’Oise, la Somme, l’Eure, La Seine-Maritime, le Calvados, l’Orne et la Manche rassemblant une population de cinq millions d’habitants. Unir Caen, Cherbourg, Rouen, Le Havre, Amiens, Beauvais, etc. est un projet viable et les trois présidents actuels, tous socialistes : Nicolas Mayer-Rossignol, Laurent Beauvais et Claude Gewerc, vont sans doute préférer organiser eux-mêmes leur union plutôt que de se la voir imposer par l’Etat.
En avançant ses pions, Nicolas Mayer-Rossignol défend également les intérêts de la ville de Rouen, placée au centre de gravité d’une éventuelle grande région nord-ouest. On peut facilement imaginer qu’elle deviendrait la capitale régionale avec des annexes à Amiens et Caen. Tout cela mérite évidemment des études poussées, chiffrées, un calcul des conséquences administratives et juridiques, mais rien ne serait pire que de se contenter de la situation actuelle. Qui n’avance pas recule, non ?

Bernard Leroy, nouveau président de la CASE annonce la couleur : les villages contre les villes !


Les élus sont bien installés, tant mieux. Mais il n'y a pas de sièges pour le public. Tant pis. (photo JCH)
« Ce n’est pas à 63 ans que je vais commencer une carrière de démolisseur ». Cette affirmation de Bernard Leroy, avant d’être élu président de l’agglomération Seine-Eure, hier soir au nouveau siège de Louviers (1) destinée à rassurer les élus inquiets du changement de l’exécutif, tiendra-t-elle sur le long terme ? Quand il déclare vouloir rééquilibrer le pacte financier rédigé par l’ancienne équipe au pouvoir, quand il annonce que les fonds de concours attribués aux différentes communes seront intégralement pris en charge par la CASE, quand il poursuit sa démonstration en annonçant qu’il n’y aura pas de plan d’urbanisme intercommunal « chacun devant être maître chez soi » et surtout quand il précise qu’il forme un ticket avec François-Xavier Priollaud, nouveau maire de Louviers, on est loin « de la joie et de la bonne humeur » lui servant d’une conclusion quelque peu sadique pour l’équipe sortante. Les habitants de Louviers et de Val-de-Reuil doivent s’attendre à ce que les rentrées fiscales générées par l’activité industrielle et commerciale soient pompées en partie au bénéfice des petites communes forcément moins riches…Dans ces cas-là, la redistribution des richesses n’est plus un gros mot pour la droite. A toi la voirie, à toi « l’embellissement de ton village », premier mot prononcé par le nouveau président. Quelle ambition !

En fait, Bernard Leroy a savouré sa victoire, acquise de peu mais acquise tout de même et avec la légitimité d’un vote clair après les changements intervenus lors du second tour des municipales. La défaite des sortants à Léry, Acquigny, et évidemment à Louviers, a ouvert un boulevard à une droite revancharde qui piaffait depuis 1997, année de la dissolution de l’Assemblée nationale et du retour aux affaires de la gauche socialiste. 

L’élection de Bernard Leroy est un pied de nez dont notre histoire est friande. Voilà un maire, élu d’une belle commune, bien dotée et bénéficiaire des retombées positives de Val-de-Reuil qu’il a pourtant combattue avec assiduité, qui a lutté pied à pied contre son intégration dans l’intercommunalité au point même qu’il a fallu qu’un préfet place le Vaudreuil de force dans les frontières de la communauté d’alors. Bernard Leroy ne fut pas le seul dans ce cas. Le maire d’Andé, Jean-Marc Moglia, à la manœuvre cette semaine, fut dans la même situation. Avec le temps, ils ont mesuré les avantages de la création de l’agglomération. La pensée de Bernard Leroy après son élection à la présidence, pour Franck Martin, Nicole Cornier et Bernard Amsalem (2) fondateurs de la communauté de communes, n’était-elle que de pure forme quand on se rappelle le bras de fer sans pitié qui les opposa ?
le ticket Leroy-Priollaud. (photo JCH)

Mais du passé, faisons table rase. Ecoutons les mots du nouveau président qui font la joie et la bonne humeur : gestion rigoureuse des finances, mutualisation des services, volontariat des maires, rééquilibrage, gouvernance plus collégiale, plus respectueuse de tous,  tandem fidèle aux résultats des urnes » binôme gagnant, alliance de la jeunesse et de la sagesse, pas d’arène politique…
On attendait Bernard Leroy au virage des accords passés avec la CREA (3) dans le cadre du pôle métropolitain. A Louviers, FX Priollaud a fait campagne contre le Grand Louviers devenant une cité dortoir après son absorption (imaginaire) par la future métropole rouennaise. Bernard Leroy l’a rassuré : il construira un rempart contre « l’absorption » pourtant simple fantasme. La coopération, oui, mais il n’en a pas précisé les limites. 

Mon idée est que, par pragmatisme, Bernard Leroy sera tôt ou tard contraint de se plier aux exigences du temps et de l’évolution, même pour le conservateur-réactionnaire qu’il est. Tout comme Nicolas Meyer-Rossignol, président de la région haut-normande, qui propose la fusion des Normandie avec la Picardie, viendra le jour où la petite agglo Seine-Eure (70 000 habitants) devra trouver des partenaires disposant d’une masse critique importante pour des projets de grande dimension : la vallée de la Seine, de Vernon au Havre dispose de cet atout. Qu’il s’agisse d’industries, de services, de tourisme, d’infrastructures, comment refuser le progrès sinon au prix de retards et de combats d’arrière garde genre village d’Astérix forcément rétrogrades. 
Bernard Leroy s’est battu contre la ville nouvelle de Val-de-Reuil, il a perdu. Il s’est battu contre l’intercommunalité, il a perdu. Perdra-t-il — et nous avec lui — le combat de l’évolution et de la modernité ?
Patrice Yung, candidat de rattrapage, avec 18 voix, ne pouvait guère faire plus. Il est du côté des vaincus et c’est difficile à vendre surtout dans l’euphorie générale de la droite. Richard Jacquet, maire de Pont-de-l’Arche a lu un texte au ton juste, exprimant clairement les enjeux de la politique à conduire. Sa jeunesse, son esprit d’ouverture, auraient mieux convenu aux nécessités mais le suffrage commande et il s’impose évidemment à tous.
Souhaitons que le choix des 15 vice-présidents (élus mardi prochain) permette quand même de marquer quelque respect pour les villes-centres et pour la diversité, celle des communes, des sexes, des situations géographiques au sein du bassin de vie. Au fait, quinze vice-présidents ? N’est-ce pas trop ? Ne fallait-il pas donner un signe de réduction de train de vie de la CASE ? Les promesses d’avant l’élection du président et les deals échangés devront donc être assumés.
Pendant le dépouillement. (photo JCH)
Mardi prochain aura lieu l’élection des vice-présidents. On saura concrètement quel sens veut donner le couple Leroy-Priollaud à une intercommunalité qui a fait ses preuves. Franck Martin avait, certes, des défauts, mais jamais il ne s’est trompé sur le sens de l’histoire de notre région et de son développement. Il suffit, notamment, de visiter les parcs industriels, d’apprécier le système de transports, de constater les bienfaits des stations d’épuration modernes et performantes et aussi de parcourir la voie verte propice aux promenades familiales. N’oublions pas, non plus, qu’il fabriqua du consensus — sauf avec Val-de-Reuil et ce fut une erreur — gage d’une certaine harmonie collective. Bernard Leroy ne veut pas démolir mais s’il projetait de déconstruire ?

Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, étonné par le ton très politique de Bernard Leroy, a promis une vigilance appliquée à l'égard du « ticket », surprise institutionnelle de la soirée. Il a lui aussi compris que la politisation des débats faisait son entrée dans une assemblée plus habituée à fonctionner au consensus. Val-de-Reuil en fera-t-il les frais ?
(1)  Marc-Antoine Jamet a regretté le peu d’espace réservé au public dans la nouvelle salle de réunion de la CASE. Les dizaines de citoyens présents au vote d’hier sont restés debout pendant deux heures, faute d’avoir pensé que le public finirait pas s’intéresser activités de l’agglomération. Ratage absolu.
(2)  Franck Martin, maire de Louviers, Nicole Cornier, maire d’Incarville, Bernard Amsalem, maire de Val-de-Reuil, ont été les initiateurs visionnaires de la communauté de communes donnant naissance à une agglomération comprenant les « quatre » cantons de Louviers, Val-de-Reuil et Pont-de-l’Arche.
(3)  La CREA, communauté d’agglomération Rouen-Austreberte, est le second membre, avec l’agglo Seine-Eure du pôle métropolitain. Les projets communs de plateforme multimodale, de cartes de transports régionales, d’action touristique commune seront-ils mis à mal par les nouveaux dirigeants de la CASE ?

15 avril 2014

Bernard Leroy, maire du Vaudreuil, élu président de la CASE


Le maire du Vaudreuil remercie les délégués. (photo JCH)
Bernard Leroy, maire du Vaudreuil, a été élu ce soir président de la communauté d’agglomération Seine-Eure. Sur 80 votants, il a bénéficié du vote de 41 délégués tandis que Richard Jacquet, maire de Pont-de-l’Arche, récoltait 20 suffrages et Patrice Yung, ancien président, 18. On a compté un bulletin blanc. Je reviendrai en détail demain sur cette élection et sur le discours de Bernard Leroy, un discours qui fait entrer la politique à la CASE puisqu’il a présenté son élection sous la forme d’un ticket avec François-Xavier Priollaud, maire de Louviers qui sera président délégué.

Avec Poutine, il ne suffit pas de montrer ses petits muscles


Valérie Fourneyron à Val-de-Reuil. (photo JCH)
J’ai demandé, sur ce blog, et bien avant que Poutine annexe la Crimée, que la France soit exemplaire en renonçant à envoyer ses sportifs d’hiver aux jeux de Sotchi. Pierre Mendès France, seul en 1936, avait demandé que notre pays boycotte les jeux de Berlin lesquels ont permis à Hitler de parader — le mot est approprié — et de tourner la tête lors des victoires de Jesse Owens à la longueur et aux 100 mètres. Je ne compare pas Poutine et Hitler. Le second était antisémite, raciste, conquérant d’un espace vital pour le grand peuple allemand. Il prenait prétexte de la situation des minorités germaniques pour annexer des territoires et faire la guerre. Poutine est-il raciste ? Je ne le connais pas assez pour dresser un portrait de l’ancien responsable du KGB en Allemagne de l’Est. Conquérant, il l’est assurément puisque la guerre contre la Géorgie lui a permis d’annexer de fait des territoires et que la Crimée vient de passer sous la férule du président russe dans les conditions que l’on sait.
Va-t-il envahir l’est de l’Ukraine ? Poser la question c’est y répondre. On connaît maintenant suffisamment le personnage pour s’inquiéter sérieusement de cette éventualité. D’ailleurs si on ne sait pas encore quand, on sait comment Poutine va agir. Il envoie ses services spéciaux cagoulés, sans signe distinctif, en uniforme, les fait passer pour des milices d’auto-défense qui partent à l’assaut des institutions ukrainiennes et hissent le drapeau russe sur les mairies et autres bâtiments administratifs. Les Russophones font le reste en appelant le grand frère à la rescousse. Cela va très vite puisqu'il est déjà dans les lieux.
Rama Yade, vice-présidente de l’UDI, reproche à l’Union européenne sa timidité, son retard à l’allumage et considère que les sanctions économiques seront sans effets sur Poutine. Elle a raison. Il fallait évidemment lancer des signaux en amont au nouveau tsar. Refuser de participer aux jeunes d’hiver, voilà qui aurait eu de la gueule de la part de la France, le pays des droits de l’homme. Au lieu de cela, on a envoyé Mme Fourneyron en Russie en soutien aux sportifs méritants et participants. Comme d’habitude, les démocraties mettent du temps avant de réagir à la force. Elles comptent sur la raison, le dialogue, la communication. Avec Poutine, il ne faut pas se contenter de montrer ses petits muscles. La menace l’amuserait plutôt. Seule une action collective et cohérente dans le temps le fera reculer.

François Loncle s'inquiète de « l'artificialisation des sols »


M. François Loncle alerte M. le ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt sur l’accélération de l’artificialisation  des terres agricoles. Débuté vers 1960, ce phénomène signifie que des sols jusque-là dévolus aux activités agricoles sont convertis en maisons individuelles, en infrastructures de transport, en cimetières, en chantiers, en terrains vagues, en décharges, en carrières, en jardins d’agrément. L’extension urbaine, notamment l’habitat pavillonnaire, en est la principale cause. En cinquante ans, la surface agricole utile a diminué de 20%, passant de 36 millions d’hectares en 1960 à 28 millions en 2010. Dans le même temps, les sols artificialisés n’ont cessé d’augmenter. Chaque année, environ 75 000 ha sont ainsi perdus pour l’agriculture, ce qui est d’autant plus regrettable que ce sont souvent des terres très fertiles. Ces espaces artificialisés concernent au moins 6% du territoire national. Ce sont principalement les régions alsacienne et parisienne, ainsi que les littoraux méditerranéen et atlantique, qui sont les plus affectés. L’artificialisation des terres exerce un fort impact sur l’environnement. Elle entraîne fréquemment une imperméabilisation irréversible des sols aux effets dévastateurs. Elle provoque un affaiblissement de la biodiversité. Elle tend à aggraver les risques naturels, comme les inondations, les affaissements de terrain, les coulées de boue ou les incendies de forêt.          
Dans ces conditions, M. François Loncle demande au ministre de l'Agriculture de lui préciser si les dispositifs actuels de lutte contre l’artificialisation des sols sont suffisants et appropriés, alors que la Cour des comptes les a jugés trop imprécis et dispersés. Il voudrait qu’il lui indique s’il compte élargir les compétences des Commissions départementales de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) dont les avis sont surtout consultatifs. Il aimerait savoir si une concertation a été établie avec les ministères de la Ville et de l’Ecologie, afin de limiter l’étalement urbain et de protéger le foncier naturel et agricole.     
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14 avril 2014

L'effondrement des colonies d'abeilles : cherchez l'erreur !


Apiculteur au Jardin d'acclimatation de Paris. (DR)
Faut-il que les industriels des produits phytosanitaires soient puissants pour qu’une étude européenne consacrée à l’effondrement des colonies d’abeilles ne comporte que des prélèvements concernant les parasites d’apis mellifera ou des témoignages de maladies connues depuis des lustres. Dans un article bien documenté paru dans le journal Le Monde, Jacques Fouquart explique que les scientifiques ont trouvé le moyen dans un rapport de plusieurs dizaines de pages de ne pas citer une seule fois les mots pesticide ou insecticide. Interpellés par les apiculteurs, les auteurs de l’étude ont expliqué que la recherche systématique de traces chimiques aurait largement dépassé leur budget et qu’ils ont dû se contenter de, si j’ose dire, chercher les petites bêtes.
Alors que depuis des années, les apiculteurs sont parvenus à démontrer la nocivité des néonicotinoïdes, voilà des responsables d’agences sanitaires et de protection des populations qui engagent des fonds importants pour cerner les causes des effondrements de colonies d’abeilles sans se soucier des raisons essentielles de ceux-ci. On sait, à 99 %, que certains produits comme le Gaucho, le Régent, le Cruiser sont plus que suspectés d’être à l’origine de gros problèmes d’orientation des abeilles incapables de retrouver leur ruche. C’est comme si, précise le journaliste scientifique, un cancérologue cherchait les causes d’un cancer du poumon sans interroger le patient sur son accoutumance au tabac.
S’il n’est pas inintéressant sur le plan purement scientifique de bien connaître les effets et les méfaits des parasites ou des prédateurs de l’abeille tels que le Varroa ou le frelon asiatique, il est évidemment indispensable de rechercher l’ensemble des causes nuisibles à la conservation des colonies et à leur extension. Alors que la France produisait 30 000 tonnes de miel il y a vingt ans, la production a été divisée par deux ces dernières années. Heureusement, il semble bien qu’un nombre toujours plus important de jeunes et de moins jeunes des deux sexes désirent se lancer dans l’apiculture, le miel étant un produit noble et la passion des abeilles plus qu’un passe-temps. Les ruchers écoles de Guichainville et de Beaumesnil refusent des élèves à chaque démarrage de l’année apicole ce qui prouve l’engouement des Eurois pour une activité et un loisir des plus enrichissant.

Quels sont les avantages de la candidature de Richard Jacquet à la présidence de Seine-Eure ?


Dans un article paru ce jour dans Paris-Normandie, Jean-Marc Moglia est envoyé en service commandé par François-Xavier Priollaud. Il y dénonce ce qu’il appelle une manipulation de la part de Patrice Yung et de l’équipe Martin. Alors que les électeurs lovériens ont refusé leur confiance au maire sortant et à son équipe, M. Moglia, maire d’Andé, candidat suppléant (1) de François-Xavier Priollaud aux dernières élections législatives de 2012 (59-41% des suffrages en faveur de François Loncle) considère qu’il ne serait pas normal qu’un élu minoritaire dans sa ville, non élu communautaire direct, devienne président après avoir bénéficié d’un jeu de chaises musicales et une succession de démissions opportunes, celles de Franck Martin et de Roland Liénard.

Jean-Marc Moglia. (photo JCH)
J’avoue que, même si je ne suis pas un fan de FX Priollaud et subséquemment de M. Moglia dont l’esprit intercommunal n’a pas toujours été démontré, le raisonnement tient la route. Je me pose même la question suivante : pourquoi, si Franck Martin, voulait absolument que Patrice Yung soit réélu président de l’agglomération, ne l’a-t-il pas placé en 3e position sur la liste des élus appelés à siéger au sein de Seine-Eure ? C’eût été une précaution utile et une forme de prudence respectueuse à l’égard du suffrage universel dont on imagine souvent mal les revirements. Mon interprétation est la suivante : en fait, Franck Martin (il n’avait d’ailleurs pas été clair lors du débat avec FXP en affirmant, péremptoire : Patrice Yung, c’est moi !) n’avait pas exclu d’être président lui-même en cas de victoire aux municipales. Voilà la vraie raison du positionnement éloigné (7e) de Patrice Yung sur la liste communautaire lovérienne de la liste Martin. Aujourd’hui, on vit une session de rattrapage, une forme de sauve qui peut.
C’est bien pourquoi la candidature de Richard Jacquet ne présente que des avantages. Il bénéficie d’une légitimité incontestable et d’une très bonne image au sein de l’agglomération au-delà des traditionnels clivages partisans. Certes, plusieurs élus n’ont pas retrouvé leur siège et les petits nouveaux ne connaissent peut-être pas très bien Richard Jacquet. A l’usage, s’ils l’élisent président de la CASE comme je le souhaite, ils découvriront un homme calme, réfléchi, à l ‘écoute des autres, sans idées préconçues, un homme adversaire des conflits inutiles animé par un seul objectif : l’intérêt du territoire et de ses habitants. Il a approuvé par ses votes le projet de territoire, il sera cohérent avec la tradition consensuelle de la CASE, celle qui permet d’agir en réunissant toutes les compétences et toutes les bonnes volontés.
(1) Bruno Questel me signale que c'est M. Aubinais, ancien maire de Poses, qui était le suppléant de FX Priollaud. Dont acte.

13 avril 2014

Richard Jacquet, candidat à la présidence de la Communauté d'agglomération Seine-Eure, représente l'avenir et la réussite


Richard Jacquet, maire de Pont-de-l'Arche.
L’élection du prochain président de la communauté d’agglomération Seine-Eure, aura lieu mardi 15 avril à 20 heures, dans les nouveaux locaux de l’agglo, place Ernest Thorel à Louviers. 
On apprend cette semaine que trois candidats sont pressentis pour se présenter à la présidence de l’agglomération. Dans l’ordre, Patrice Yung, président sortant, élu minoritaire à Louviers, Richard Jacquet, maire de Pont-de-l’Arche, vice-président sortant et enfin, François-Xavier Priollaud, UDI-UMP, nouveau maire de Louviers.

Pour que Patrice Yung puisse présenter sa candidature, il devait évidemment être élu communautaire. Pour ce faire, il a obtenu les démissions de Roland Liénard et de Franck Martin, les deux hommes de son parti le précédant sur la liste. Patrice Yung est cependant un élu consensuel. Il a mis de l’huile dans les rouages de l’agglomération. Patrice Yung a équilibré, autant qu’il a pu, les dotations, les projets et rétabli une confiance réciproque avec le personnel de la CASE. Mais il appartient au camp lovérien de la défaite. Ce n'est pas un avantage.

Richard Jacquet est candidat. C’est officiel. Ses camarades socialistes souhaitent sa candidature. Il a été triomphalement réélu dans sa commune alors que la gauche a subi de terribles revers ailleurs dans l’Eure (sauf à Val-de-Reuil, Pont-Audemer et Verneuil-sur-Avre pour ne citer que les grandes villes) ce qui démontre la qualité de son implantation et de son action de proximité. Sa vice-présidence à l’agglo a été appréciée par tous les élus, qu’ils émanent des grandes ou des petites communes. 
Richard Jacquet allie un nombre important d’avantages et de qualités. Il a l’expérience de la CASE, de son fonctionnement, il fait preuve de conviction sans sectarisme, et sa jeunesse plaide pour lui, dans un souci de renouvellement. De plus, élu d'une commune moyenne, il ne pourra pas être accusé d'hégémonie comme l'a été Franck Martin avec la Maison de l'emploi et le centre nautique. Bien des élus pourront se reconnaître en lui.

François-Xavier Priollaud ne connaît rien des dossiers de l’agglomération. Sans Bernard Leroy, maire du Vaudreuil, qui le chaperonne, FX Priollaud serait un peu perdu au milieu des 83 délégués communautaires. Il sera le candidat de la droite, celle de MM. Poniatowski, Maurey, Bourdin, venus l’encourager à Louviers le jour de son élection massés qu’ils étaient près du bureau du nouveau maire pourtant sans étiquette. 

Mais que sait M. Priollaud du projet de territoire ? Que sait-il des subtils accords au sein du bureau de la CASE pour obtenir des consensus sur les projets structurants et importants pour le bassin de vie ? Il y a trois mois, il ne connaissait de l’agglomération que son nom dans la mesure où au conseil régional de Haute-Normandie où il siège, les contrats d’agglo et de développement passés avec l’Etat, le conseil général de l’Eure, et la CASE y sont validés et financés. On sait déjà, par contre, qu’il ne voit pas d’un bon œil les accords passés avec la CREA de Rouen, accords négociés avec une grande intelligence par MM. Sanchez et Martin, alors présidents de leur agglomération respective, et dans l’intérêt de toute la vallée de Seine. Or, cette attitude augure mal d’une présidence d’ouverture…

Et puis, que sait-on des projets de gouvernance de M. Priollaud ? Quelles seraient les responsabilités attribuées aux et aux autres ? Lors du face-à-face avec Franck Martin, M. Priollaud, évoquant l’intercommunalité, a proposé la création d’un conseil des forces vives économiques du grand Louviers ! Franck Martin lui a rétorqué : « mais il existe déjà, il s’appelle conseil de développement. » et associe patrons, syndicats de salariés, monde associatif. 

M. Priollaud propose également l’adoption d’un plan de transports éco responsable. Mais on ne l’a pas attendu pour mettre en place un réseau de transports performant sur tout le territoire de la CASE et au-delà avec l’accord des écologistes présents sur la liste Martin ! Tout cela fleure bon un certain amateurisme. On aimerait aussi connaître ses intentions à l’égard des délégations de services publics. Poursuivra-t-il la politique de Franck Martin de tout donner au privé sur laquelle j’ai maintes fois attiré l’attention en éveillant plus que de la curiosité chez Richard Jacquet ? Et vis-à-vis de Val-de-Reuil, FX Priollaud sera-t-il dans l’opposition systématique à la manière d’un Bernard Leroy toujours revanchard ? 

Mardi soir, je conseille au public d’être présent pour assister aux débats. Si l’élection municipale revêt un caractère affectif certain, l’élection des responsables de la politique de l’agglomération dépasse en intensité et en intérêt général les seules limites communales. 37 communes vont décider de l’avenir d’un immense bassin de vie en plein développement, placé sur des rails… il serait dommage de rater l’occasion de poursuivre cette action exemplaire.