2 mai 2014

Michèle Alliot-Marie est la risée des Internautes…et des chômeurs


Michèle Alliot-Marie est cette ministre de Nicolas Sarkozy qui s’est rendue célèbre en proposant de fournir du matériel spécialisé aux policiers tunisiens de Ben Ali lors du printemps arabe pour mieux mater les protestataires. Elle avait surenchéri en utilisant un avion privé dans des conditions matérielles avantageuses afin de se rendre, elle et ses parents, dans le sud du pays au moment même où de graves incidents allaient déboucher sur la fuite du dictateur local et de sa famille.
Aujourd’hui, elle est la risée de la toile et des Internautes…et des chômeurs sans indemnité. Evoquant sa candidature aux élections européennes comme tête de liste UMP dans une des huit grandes circonscriptions, elle a eu ce mot malheureux lors d’une interview télévisée affirmant qu’elle ne s’engageait pas pour des raisons pécuniaires « et qu’elle allait même perdre de l’argent par rapport à ce qu’elle gagne aujourd’hui. » Il est vrai que 6200 euros plus 3500 euros (de frais divers) ne font que 9700 euros et que c’est un salaire de «misère». Le journaliste qui l’a interrogée s’est montré étonné de cet argument si bien que MAM — décidément elle est impayable si je puis dire — s’est emmêlée les crayons affirmant que si elle était candidate c’était parce qu’elle croyait à l’Europe, qu’il s’agissait d’un engagement et non de se reclasser ou de se recaser.
En effet, les listes de l’UMP surtout et du PS aussi font apparaître un tas de noms de battus du suffrage universel lors d’élections passées. Qu’il s’agisse de législatives, d’élections régionales ou cantonales, nombre de candidat(e)s se retrouvent sur les listes aux européennes pour avoir un job et demeurer dans le champ politique influent. C’est d’ailleurs pour cette raison que les militants n’ont pas leur mot à dire dans le choix des candidats et que la direction du PS, par exemple, ne fait pas appel à eux pour avancer des propositions. Ce qui caractérise les listes françaises, au contraire des listes allemandes par exemple, c’est le faible nombre de futurs élus ou futures élues réellement intéressé(e)s par le mandat de parlementaire européen. Ainsi Marine le Pen compte parmi les plus absentéistes…ce qui ne l’empêche pas de pérorer et de dénoncer l’Europe…qui lui permet de vivre.
C’est d’autant plus dommage que le Parlement européen devient un parlement vivant aux responsabilités élargies. Les candidat(e)s devraient être convaincu(e)s de la pertinence de leur engagement et ne pas utiliser le Parlement comme cellule de reclassement en attendant de retrouver un siège à l’Assemblée nationale ou au Sénat. MAM ne le dit pas mais c’est bien ainsi qu’elle conçoit les hémicycles de Strasbourg ou de Bruxelles : des salles d’attente pour les prochaines échéances nationales françaises en espérant reconquérir des circonscriptions bien de chez nous. Et ils ou elles osent nous parler de projet européen ! Qui pourra les croire ?

1 mai 2014

45 minutes d'agonie pour le condamné à mort américain : rideau !

« Le détenu, qui avait été condamné à la peine capitale pour le meurtre d'une jeune femme de 19 ans, n'a pas perdu connaissance comme prévu durant l'exécution.
Selon plusieurs personnes présentes, il a commencé, après une quinzaine de minutes, à respirer bruyamment et à gémir tout en balbutiant et en bougeant les bras et les jambes. Sa mort ne serait survenue finalement qu'après 45 minutes, par un arrêt cardiaque non planifié. »
Si ce n’est pas un acte de barbarie, qu’est-ce d’autre ? Et cela aux Etats-Unis d’Amérique, dans l’état d’Oklahoma, en 2014, dans un pays champion du sentiment religieux et où on peut encore torturer légalement un condamné dans des conditions pour le moins scandaleuses. Inutile de préciser que les partisans de l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis se sont déchainés contre les autorités de l’Etat en question et ont même évoqué « la honte » qui saisit toutes les personnes dotées d’un peu d’humanité.
Il n’est pas question, ici, d’absoudre l’auteur d’un meurtre. Il n’est pas question de le victimiser et d’oublier la cruauté de son acte. Mais il ne faut pas se lasser de répéter qu’un état civilisé, qu’un état gouverné par des êtres raisonnables, ne donne pas la mort et encore moins dans des circonstances indécentes voire inhumaines.
On raconte que les états américains appliquant la peine de mort ont toutes les difficultés du monde pour se procurer les produits létaux. Qu’ils en sont réduits à des expérimentations hasardeuses. Qu’il ait fallu 45 minutes de souffrances au condamné (un afro-américain) pour mourir devrait faire réfléchir tous ceux et toutes celles qui regrettent la chaise électrique et la guillotine. Les moyens sont différents mais les actions sont de même nature.
Devant l’agonie insupportable du jeune homme voué à la mort, le bourreau a été obligé d’empêcher les témoins, les journalistes, les familles, d’assister en direct à sa fin de vie. Il a dû tirer le rideau !

Le 1er mai, fête des travailleurs : la grève chez Zimmerfer en 1972 rendit leur dignité aux travailleurs immigrés

Mohamed Gezhali, au centre, fut la cheville ouvrière du mouvement de grève. (photos Jean-Charles Houel)

Le 1er mai, fête des travailleurs, n'est plus fêté à Louviers depuis longtemps. Les municipalités dirigées par Ernest Martin et Henri Fromentin n'ont jamais raté l'occasion de rappeler qu'a-delà de la vente du muguet porte bonheur et du jour férié, le 1er mai doit d'abord s'inscrire dans une histoire, celle des travailleurs qui ont lutté pour obtenir des droits et pour le respect de leur dignité. 
Les temps changent. Les droits disparaissent et la dignité n'est plus ce qu'elle était. Faut-il pour autant oublier que notre ville a connu de grandes heures et que, par exemple, le mouvement de grève des salariés de l'usine Zimmerfer en 1972 fut exemplaire dans sa conduite et dans sa réussite ? Il était rare à cette époque de voir des travailleurs immigrés prendre leur destin en main et contester des méthodes « esclavagistes » pour reprendre le mot récent de l'ancienne présidente du MEDEF, Laurence Parisot. C'est pourtant ce qu'ils firent et j'ai plaisir en ce 1er mai 2014 à publier quelques photos souvenir de ces hommes et de ces femmes honorables.
Le public lovérien est venu en masse au spectacle organisé pour soutenir les travailleurs immigrés en lutte
Ils ont tenu pendant plusieurs semaines.
La caisse de solidarité
Le grand Mouloudji est venu chanter.

30 avril 2014

Les enseignants ne sont pas là pour se faire engueuler ou menacer physiquement


Protester, bien sûr.  Mais pratiquer la violence, quelle preuve de faiblesse. (photo de manif de lycéens en 1980)
50 % des directeurs et directrices d’écoles primaires se déclarent harcelés, insultés, menacés dont certain(e)s physiquement. Autrement dit, cette enquête (publiée récemment) montre que la violence n’est pas seulement dans la tête d’une minorité d’adolescents plus ou moins influencés par les jeux vidéo. Elle existe bel et bien chez des adultes et des parents, ceux qui n’acceptent pas les réprimandes, les punitions infligées à leur progéniture.
Ce pourcentage est évidemment très inquiétant. Car s’il est un lieu où la violence verbale et physique ne doit pas avoir droit de cité, c’est bien à l’école et dans tous les établissements éducatifs. N’est-ce pas à l’école qu’on apprend les civilités, les règles qui permettent de vivre ensemble, le nécessaire respect d’une forme d’autorité du maître sans lequel il n’est point de méthode, d’organisation, d’apprentissage du savoir. Je n’ai pas écrit autoritarisme ou comportement caractériel, ce qu’il m’est arrivé de rencontrer durant ma carrière scolaire mais pour être franc, il s’agissait d’une minorité de professeurs très faible ou très faibles au choix.
Au contraire et notamment pendant mon passage à l’école primaire, j’ai le souvenir ému des institutrices et instituteurs qui avaient la mission — c’en est toujours une — de nous enseigner une culture générale utile pour toute la vie. Je ne peux les citer tous et toutes mais il est évident que des gens comme Mme Prieux, Jean Fermanel, Serge Bove, André Frouin à Louviers etc. portaient haut les valeurs de l’école laïque et républicaine.
Si j’ai également souvenir de certaines bagarres entre élèves, je ne me rappelle pas des menaces ou des actes violents à l’égard des enseignants de la part des parents. Dans les années cinquante et soixante, les maîtres étaient respectés, adulés même compte tenu des connaissances qu’ils nous inculquaient. Même si nous ne comprenions pas toujours ce à quoi elles pourraient nous servir.
La violence d’aujourd’hui semble devenue une banalité, un mal avec lequel on doit vivre. Elle serait partout et pour rien. Elle serait devenue un mode de communication comme un autre. Ne s’agit-il pas plutôt d’une sorte de symptôme d’incommunicabilité. Rappelons que les enseignants ne sont pas là pour se faire engueuler mais pour ouvrir les esprits et parfois les cœurs.

La République et la laïcité demeurent les mamelles nourricières de la franc-maçonnerie


Serge Moati. (DR)
Le documentaire réalisé par Serge Moati et Alice Cohen sur l’état actuel de la franc-maçonnerie dans notre pays diffusé hier soir, sur la 3, a permis de casser quelques pattes au canard faisant des loges maçonniques des organisations secrètes, sulfureuses, hyper-influentes dans le système institutionnel français. Serge Moati, lui-même maçon jusqu’en 1982, et en distance depuis, a très bien expliqué en quoi la maçonnerie l’avait aidé sur le plan personnel à se construire et à se situer dans la société. Poursuivant l'œuvre paternelle, l'ancien directeur de la 3 a situé son parcours dans une fidélité à des idéaux et une façon de vivre plus harmonieuse.
Le parcours initiatique du frère maçon est lent, progressif. Il faut en apprendre les rites, les degrés. Le mot qui revient sans cesse est celui de fraternité et maintenant de sororité puisque les femmes, notamment au sein du Grand Orient de France, sont admises en maçonnerie depuis peu, laquelle fut depuis le 18e siècle exclusivement réservée aux hommes (1). Cette fraternité permet à des chefs d’entreprises de côtoyer des syndicalistes, à des politiques de droite d’écouter des politiques de gauche. Car l’écoute et le respect de l’autre sont des mots forts en maçonnerie. Est-ce possible ? Est-ce sincère ? Les frères maçons affirment que oui.
N’étant pas moi-même franc-maçon, je peux parler librement de cet engagement humaniste, spirituel, dans le sens qu’André Malraux donnait à ce mot, et le documentaire de Serge Moati, s’il ne couvre pas l’ensemble du champ de l’activité maçonnique, parvient à faire comprendre pourquoi les francs-maçons ont été systématiquement interdits et pourchassés sous l’occupation allemande et la Révolution nationale de Pétain. Il n’y a pas place pour des esprits libres et ouverts dans une dictature de la pensée.
Au cours du débat qui a suivi la projection du documentaire, Carole Gaesler la journaliste de la chaîne publique, a bien évidemment posé la question du « secret ». Pourquoi les francs-maçons cultivent-ils aussi bien le goût de la discrétion ? La réponse est simple : il s’agit d’un engagement individuel, d’un cheminement spécifique qui n’engage que la personne concernée. Chaque membre d’une obédience peut parler en son nom et faire son coming out s’il le souhaite. Rien ne l’interdit dans les textes. Mais la tradition veut qu’on ne parle pas au nom des autres…
Le procureur de Montgolfier, interrogé par Serge Moati sur la soi-disant puissance solidaire des maçons dans la magistrature a reconnu qu’il ne s’agissait que d’une minorité… mais l’existence des Fraternelles (organisation professionnelle de maçons de loges différentes) fait peser un doute sur ce qui pourrait être interprété comme une manière de sauvegarder des intérêts ou d’obtenir des avantages. Les maçons interrogés ne sont d’ailleurs pas unanimes sur le rôle de ces fraternelles.
Le documentaire de Serge Moati et Alice Cohen a eu le mérite d’éclairer le profane sur un engagement très minoritaire en France mais au pouvoir réel ou supposé qui semble n’avoir plus aucun point commun avec celui des politiques de la 3e République. Leur influence a quand même permis de voter la séparation des églises et de l’Etat, de doter la France d’une loi sur les associations exemplaire dans le monde. La république et la laïcité demeurant les deux mamelles nourricières de la franc-maçonnerie contemporaine. En ces temps de crise et d'interrogations, il n'est peut-être pas mauvais que des hommes et des femmes de convictions réfléchissent à une société nouvelle, une société meilleure dans laquelle la liberté et l'égalité auraient autant de poids que la fraternité.
(1) Le grand Orient de France (50 000 membres) et la Grande loge de France (34 000 membres) sont les deux obédiences principales en France. Il y aurait 4 millions de francs-maçons dans le monde.

29 avril 2014

« La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique » : c'est toujours vrai


La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique. Cette citation de Clémenceau, un expert en la matière, est toujours vraie. Il n’est qu’à constater, pour le déplorer, le jugement rendu par un tribunal militaire égyptien. Ce dernier vient de condamner à mort des centaines de responsables, de membres, d’amis des Frères Musulmans dont le crime principal, si je comprends bien, est de continuer à soutenir l’ancien président Morsi, l’un des animateurs de la confrérie islamique d’ailleurs élu démocratiquement et victime de la prise de pouvoir par la force et par les militaires.
L’Egypte n’est donc pas une démocratie. C’est une dictature militaire. Il est vrai que depuis soixante dix ans, les coups d’états successifs n’ont pas permis à une démocratie digne de ce nom de s’implanter durablement. Tout de même, qu’un tribunal même militaire, juge très rapidement des centaines de civils sans leur permettre d’exercer leurs droits élémentaires de prévenus, sans permettre à leurs avocats de préparer leur défense, voilà qui choque toute opinion réfléchie surtout dans les pays qui ont aboli la peine de mort.
Pour être tout à fait objectif, on m’objectera que depuis 2011 aucun condamné à mort n’a été exécuté en Egypte. De nombreuses peines ont été commuées en détention à perpétuité au bon vouloir des juges et surtout du pouvoir des uniformes. La récente vague de condamnations à la mort a pour objectif principal de dissuader les Frères musulmans de protester, de revendiquer, de défendre le retour du président Morsi lequel est arbitrairement détenu dans une cellule et au secret. Les diverses tentatives destinées à le juger et à le condamner ont échoué pour diverses raisons dont l’une est capitale : le peuple égyptien, même s’il se méfie des radicaux musulmans, conteste un pouvoir absolu par des militaires peu regardants sur les méthodes et les moyens d’obtenir les résultats qu’ils souhaitent. Une pression internationale devrait s’exercer contre ce pouvoir à moins que l’occident n’y trouve son compte et prenne, tôt ou tard, le boomerang en pleine figure.

28 avril 2014

Existe-t-il des députés prêts à lutter efficacement contre la fraude fiscale ?


La fraude fiscale est un sport national. Et pas qu’en France. Mais dans notre pays ce sont des sommes estimées de 60 à 80 milliards d’euros qui échappent au fisc chaque année. Quand on demande aux Français (particuliers surtout) des efforts importants et que l’Etat propose de faire des économies tous azimuts à hauteur de 50 milliards d’euros sur trois ans, on se dit que la lutte contre la fraude fiscale devrait être une priorité pour un gouvernement responsable. Est-ce le cas ?
La fraude fiscale n’est pas si facile à annihiler. Des mécanismes complexes et européens empêchent d’y voir clair, d’identifier et de sanctionner les coupables. L’une des fraudes les plus connues est celle dite du carrousel à la TVA. Estimée par Bruxelles à 15 milliards d'euros par an, elle consiste à importer un produit, le revendre à une entreprise complice et récupérer la TVA alors que celle-ci la déduit dans sa déclaration d'impôts et disparaître sans reverser au fisc la TVA collectée. L’une des solutions serait de rendre mensuelle et non annuelle les déclarations de TVA simplifiée. Cette contrainte empêcherait les coupables de disparaître sans laisser d’adresse. Qu’attend le Parlement français pour voter une loi ?
Il est d’autres moyens de frauder le fisc et les domiciliations dans les paradis fiscaux des sièges d’entreprises par exemple sont pléthore. Les pays accueillants sont le Luxembourg (et son secret bancaire) l’Irlande dont l’impôt sur les sociétés peut descendre à 2 %, les Pays-Bas qui ont développé un réseau de conventions fiscales permettant d’échapper à l’impôt en Europe. Et la liste est longue avec les îles anglo-normandes, Monaco, et autres principautés où la discrétion et le secret sont religions d’état.
Il ne semble pas que la lutte contre la fraude fiscale (ou certaines formes d’optimisation fiscale) soit réellement une priorité nationale. Pourtant, en ces temps de disette budgétaire et de recherche de justice (sociale et fiscale) des gestes concrets et efficaces sont attendus de l’Etat. Il serait bien que des députés autres que Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) et Alain Bocquet (PCF) auteurs de propositions en octobre 2013 et restées lettre morte, prennent des initiatives. Le coût à engager sera largement remboursé par les sommes récupérées. Et les Français accepteront mieux les sacrifices.

A Louviers aussi on va fêter le 50e anniversaire du Théâtre du Soleil : les ouvriers de l'usine Zimmerfer n'oublient pas 1972 et le soutien d'Ariane Mnouchkine


Mohamed Ghezali. (photo JCH)
A l’occasion du 50e anniversaire de la création du Théâtre du Soleil par Ariane Mnouchkine, le journal Le Monde a lancé un appel à témoignages pour permettre aux lecteurs de raconter un moment privilégié de leur rencontre avec la troupe de la Cartoucherie de Vincennes. Des nombreux spectacles mis en scène par Ariane Mnouchkine, 1789 connut un succès considérable en France et au-delà de nos frontières. Les costumes, les décors, les comédiens et comédiennes, les éclairages, tout dans la mise en scène réjouissait l’esprit et les sens.
Si j’évoque le Théâtre du Soleil c’est parce que Louviers fut lié pendant une semaine avec la Cartoucherie. A Louviers en 1972, un conflit dur, long, a opposé la direction de l’usine Zimmerfer et ses salariés immigrés, notamment originaires du Maghreb. Ses derniers étaient hébergés par leur patron dans des conditions insalubres et surtout selon des méthodes économiques scandaleuses. Les ouvriers se relayaient sur la même couche en fonction des horaires de travail et le reste à l’avenant. Appelons les choses par le nom, il s’agissait ni plus ni moins d’une exploitation de l’homme par l’homme, exploitation qui devait cesser.
Le mouvement, parti des salariés eux-mêmes, fut soutenu par le CAG (Comité d’action de gauche de Louviers) des prêtres solidaires, et des syndicalistes de la CFDT. Le clou de la réussite fut l’arrivée à Louviers de Daniel Anselme et des militants des Cahiers de Mai. A peine sortis du conflit LIP à Besançon, ses théoriciens de la révolution « douce » apportèrent leur savoir, leur méthodologie, leur journal, une forme d’organisation très efficace. Il faut dire aussi que le mouvement des salariés avait à sa tête un leader charismatique, Mohamed Ghezali, calme, inventif, au courage moral et physique à toute épreuve.
le conflit dura plusieurs semaines mais les grévistes finirent par obtenir gain de cause. (photo JCH)
Ariane Mnouchkine, informée par la presse nationale de ce mouvement pour la dignité contre l’esclavage moderne, accepta de recevoir pendant une semaine à Vincennes, une délégation de grévistes de Zimmerfer. Après les représentations, Mohamed Ghezali lisait un texte expliquant les raisons du conflit et les espoirs qu’il suscitait.
Inutile de préciser que les spectateurs, touchant du doigt l’injustice sociale en œuvre, furent extrêmement généreux avec la caisse de solidarité du mouvement lequel finit par obtenir gain de cause et des conditions de vie et de travail décentes. A Louviers, cette grève a laissé des traces chez de nombreuses personnes. Chez des ouvriers d’origine algérienne d’abord qui habitent toujours dans notre ville où ils passent leur retraite. Chez des militants du CAG,  fiers d’avoir contribué à cette victoire du pot de terre contre le pot de fer. Daniel Anselme est mort il y a quelques années mais ce Parisien de la Place d’Aligre, là où il est, devrait apprécier de ne pas être oublié.

27 avril 2014

Bientôt l'élection du parlement européen : il y a mieux à faire que rejeter, refuser, démolir. Une autre Europe est possible !


Claude Roiron, candidate PS. (photo JCH)
Si les instituts de sondage ne se trompent pas (aux élections municipales plusieurs d’entre eux se sont méchamment plantés notamment à Marseille) la participation des Français aux prochaines européennes du 25 mai va être catastrophique. Il y a six ans, 41 % des Français avaient rempli leur devoir de citoyens. Il apparaît dans les projections actuelles que seuls 35 % d’entre eux sont certains d’aller déposer un bulletin dans l’urne. Et parmi eux seuls 18 % des 18-25 ans alors que l’Europe est quand même faite pour eux et leur avenir. 
Mais pourquoi donc cette indifférence ou cette défiance vis-à-vis de l’Europe ou plus exactement vis-à-vis du Parlement européen puisque c’est de lui qu’il s’agit. Car le 25 mai, les électeurs éliront les parlementaires de Strasbourg ; La gravité de ce geste ne devrait échapper à personne. Chacun devrait avoir conscience que son bulletin de vote pèsera sur le sort de la nouvelle Europe.
Les 770 et quelques députés des 28 pays de l’Union européenne ont, cette année pour la première fois, un rôle extrêmement important puisque le Parlement européen va élire le prochain président de la Commission européenne. Pour qu’on comprenne bien de quoi il s’agit, je rappelle que le parlement est doté de compétences diverses (1) à côté des autres institutions.

Le rôle des autres institutions
La Commission européenne est un organe indépendant des États doté de pouvoirs importants. Elle représente et défend les intérêts de l’Union dans son ensemble. Elle présente des propositions législatives. Elle veille à la bonne application des politiques et exécute le budget de l’UE.

Le Conseil ou Conseil des ministres, ou – depuis le traité de Maastricht – Conseil de l’Union européenne, partage le pouvoir législatif et budgétaire avec le Parlement européen et conclut les accords internationaux au nom de l’UE.
Il réunit les représentants de niveau ministériel de chaque État membre qui siègent en 10 formations compétentes par domaine d’activité (Agriculture et pêche, Affaires économiques et financières, Justice et affaires intérieures…).

Ces institutions permettent à l’Europe de fonctionner. Mais le principal reproche fait à l’Europe est d’être trop éloignée des préoccupations des citoyens. Ces derniers ont le sentiment que l’Europe se construit sans eux ou contre eux. Comme le plupart des hommes et des femmes politiques (Marine Le Pen à l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche) accusent l’Europe d’être principalement responsable de tous nos maux (chômage, austérité, politique monétaire) on oublie facilement que l’Europe nous a apporté un bien aussi précieux qu’essentiel, la paix, et qu’elle est un élément essentiel de l’économie mondiale. Ce qui n'empêche pas de tenter de mettre fin aux dérives du libéralisme à tout crin déployé ces dernières années.

En discutant avec un ami aux convictions européennes bien ancrées, il m’affirmait que l’élection des députés européens avait, finalement autant, sinon plus, d’intérêt que l’élection présidentielle française. Je ne sais pas si nous en sommes à ce stade mais elle mérite mieux que les 35 % de participation annoncée surtout si c’est le Front national qui arrive en tête de l’élection. On sait que Marine Le Pen veut saboter le projet européen et saborder l’Euro (trop fort au demeurant) pour se replier sur nos frontières.
Il y a mieux à faire que refuser, rejeter, démolir. Il faut poursuivre la construction de l’Europe, une Europe sociale, solidaire, harmonisée, inventive réellement au service des peuples.

(1) Les compétences du Parlement européen :
Des compétences législatives : il participe à l’adoption des actes juridiques aux côtés du Conseil (Conseil des ministres). Si le pouvoir d’initiative concernant les propositions d’actes reste réservé à la Commission dans la procédure législative ordinaire, le Parlement peut lui demander de soumettre les propositions de textes qui lui semblent nécessaires. Le traité de Lisbonne a aussi accru ses compétences en étendant le domaine d’application de la procédure législative ordinaire ;
Des compétences budgétaires : il établit, avec le Conseil, le budget annuel de l’Union. Le traité de Lisbonne a étendu ses prérogatives en matière de dépenses grâce à la disparition de la distinction entre dépenses obligatoires – déterminées par les traités ou par des actes arrêtés en vertu de ceux-ci – sur lesquelles le Conseil avait le dernier mot –, et dépenses non obligatoires sur lesquelles le Parlement avait le dernier mot.
Des compétences de contrôle de l’exécutif de l’UE : le Parlement dispose de moyens de contrôle. Il peut censurer la Commission qui doit alors démissionner. Le président de la Commission est élu par le Parlement et le choix des autres membres de la Commission est soumis à son approbation. Il peut aussi poser des questions écrites ou orales au Conseil et à la Commission, recevoir des pétitions émanant des citoyens européens, constituer des commissions temporaires d’enquête. Il dispose d’un droit d’accès à la Cour de justice afin de sauvegarder ses prérogatives notamment face au Conseil et à la Commission.