15 novembre 2014

La signature de Moussa Koussa, un homme de Kadhafi, reconnue comme vraie par les experts graphologues dans l'affaire du financement libyen


Moussa Koussa
Les lecteurs de Mediapart, dont je suis, savent que les journalistes de la rédaction dirigée par Edwy Plenel ne lâchent pas leur os si facilement. Mis en cause gravement par Nicolas Sarkozy qui accuse les journalistes de Mediapart de « faux et usage de faux » dans l’affaire dite du financement de sa campagne électorale de 2007 par le colonel Kadhafi, ces derniers ont toujours affirmé que la preuve en leur possession était vraie et donc authentique.
Quelle est cette preuve ? Il s’agit d’un texte rédigé par Moussa Koussa, chef des services de sécurité libyen jusqu’en 2009, affirmant qu’une somme de 50 millions d’euros aurait été versée sur des comptes en faveur de la campagne de Nicolas Sarkozy sur ordre du dictateur. Moussa Koussa, tout en reconnaissant comme vrais certains éléments du texte, a affirmé qu’il ne s’agissait pas de sa signature. Aujourd’hui détenu dans les prisons Libyennes, l’homme sera difficile à entendre par les juges d’instruction.
Pour en avoir le cœur net, les magistrats ont sollicité une expertise graphologique auprès de trois professionnels indépendants. A l’unanimité, ils affirment après comparaison, que cette signature est bien celle de Moussa Koussa et que par conséquent le document n’est pas un faux. Ce n’est pas suffisant pour mettre un terme à l’affaire. Car si le contenu dit vrai, des millions d’euros ont-ils transité (par quelle voie ?) au bénéfice du candidat de l’UMP ?
Vous me direz, une affaire de plus ? Non, il s’agit d’une affaire en cours. Les journalistes de Mediapart, comme ceux du journal Le Monde, bénéficient, en la personne de Nicolas Sarkozy d’une mine d’or pour ceux qui s’intéressent à l’investigation. Et les feuilletons ne manquent ni d’épisodes, ni de rebondissements. Autre exemple récent, les archives des sondages de l’Elysée à partir de 2010. Ils ont disparu corps et biens avant la prise de fonction de François Hollande alors que ces sondages ont été payés par des fonds publics. Et les archives de Claude Guéant ? Là encore, une partie d’entre elles concernant l’arbitrage Tapie a disparu des armoires de l’Etat.
Les juges auront la possibilité de consulter les comptes et les pièces comptables du cabinet Giacometti, l’homme de la société de sondages, principal bénéficiaire des largesses de l’ancien président. Peut-être ces archives-là ont-elles, elles aussi, disparu de la circulation ? Quand je pense à Nicolas Sarkozy…l’homme qui proteste contre les torrents de boue déversés sur sa personne. Et s’il en était la source. Tout simplement.

14 novembre 2014

Rosetta et Philae nous changent un peu du quotidien et des comptes en Suisse


Je me souviens de cette nuit de l’été 1969 lorsque le premier homme posa le pied sur la lune. Nous étions quelques-uns (et beaucoup d’enfants) à suivre la mission de Neil Armstrong, Aldrin et de leur 3e comparse en direct à la télévision. C’était à la fois merveilleux, miraculeux mais Jacques Monod, prix Nobel de médecine, fut plus terre-à-terre, si je puis dire, lorsqu’il me déclara à l’occasion d’une interview faite à l’Institut Pasteur : « ils ne trouveront que des cailloux. Je préfèrerais que l’argent consacré à la conquête de l’espace soit attribué aux hommes et aux femmes qui consacrent leur vie à la recherche fondamentale. »
Jacques Monod avait-il raison ou tort ? Toujours est-il que je ressens le même miraculeux et le même merveilleux avec la mission confiée à la sonde Rosetta et au lander Philae. Pendant dix ans, cette sonde humaine, rebondissant de planètes en astéroïdes pour accélérer sa vitesse, a réussi le véritable exploit scientifique de permettre à Philae de se poser sur la comète Tchouri, nom réduit du couple russe découvreur de cette comète.
Les télévisions (malgré le manque d’images) les radios (qui retrouvent leur vocation première) consacrent beaucoup de temps d’antenne à cette première scientifique due à la collaboration des physiciens, astronomes, biologistes, chimistes, mathématiciens, informaticiens, ingénieurs…et des organismes chargés de l’espace. Car cette réussite étonnante est due à l’Europe et à elle seule. 
Elle est due à l’imagination, l’intelligence, la créativité des cerveaux d’hommes et de femmes compétents, savants, capables de concrétiser une volonté née dans les années quatre-vingt et idéalisée aujourd’hui. Jacques Monod avait peut-être tort car les scientifiques sont partis à la pêche d’éléments formidablement intéressants. Les comètes sont des astres particuliers. Elles ont conservé leur personnalité d’origine soit la composition qu’elles possédaient lors de leur formation il y a 4,5 milliards d’années. L’un des objectifs principaux de la mission est de découvrir, si possible, la composition du sol de la comète et d’y trouver du carbone, de l’hydrogène, ou d’autres éléments indispensables, par exemple, à la formation de la terre et de son évolution. Et si les découvertes de Philae nous renseignaient sur l’un des mystères philosophiques, métaphysiques, religieux, auquel l’homme est confronté depuis des millénaires : l’origine de la vie ! On connaît la réflexion de Jean-Paul II à un scientifique britannique : « Depuis 13,5 milliards d’années, c’est vous, avant, c’était nous. » La boutade mérite qu’on s’y arrête un instant. Elle pose la question irrésolue du début, de la fin, si début et fin il y a.
Comme il existe des milliards de galaxies composées de milliards d’étoiles et des milliards de planètes autour de ces étoiles, une autre question trouvera peut-être une réponse un jour, demain, dans mille ans ou dans un million d’années : existe-t-il, ailleurs dans l’espace, une autre forme de vie ou une forme identique à la nôtre ? Si les scientifiques se montrent prudents, admettons qu’il existe une probabilité non nulle pour que quelque part, une planète « habitable » existe.
En attendant, souhaitons à Philae de retrouver la lumière (pour recharger ses piles) et aux hommes et femmes de science de passer des jours et des nuits surprenantes. Cela nous changera du quotidien terriblement banal : les repas chez Ledoyen de Jouyet et Fillon et des parlementaires UMP ayant des comptes à Genève.

13 novembre 2014

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique met en cause trois députés UMP


Les députés UMP Bernard Brochand et Lucien Degauchy, ainsi que le sénateur UMP Bruno Sido, ont omis dans leurs déclarations de patrimoine des "avoirs détenus à l'étranger". La haute autorité pour la transparence de la vie publique a publié le 13 novembre le communiqué suivant : 
« La HATVP a procédé à l'examen des déclarations de situations patrimoniales de MM. Bernard Brochand, député des Alpes Maritimes, Lucien Degauchy, député de l'Oise et Bruno Sido, sénateur de Haute-Marne.
Après instruction de chacun de leur dossier et recueil de leurs observations, la Haute autorité estime qu'il existe, au regard des différents éléments dont elle a connaissance, un doute sérieux quant à l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité de leur déclaration patrimoniale, en raison notamment d'avoirs détenus à l'étranger.
En application de l'article 40 du Code de procédure pénale, la Haute autorité a jugé nécessaire de porter ces faits susceptibles de constituer des infractions pénales, à la connaissance du procureur de la République de Paris et lui a transmis l'ensemble des trois dossiers. »
Évidemment, des journalistes ont joint (ou tenté de joindre) les trois parlementaires de l'UMP pour obtenir des éclaircissements sur leur situation patrimoniale. Il apparaît que ces honorables représentants de la nation ont omis de déclarer et ce, depuis des années, des comptes en Suisse notamment, représentant plusieurs dizaines de milliers d'euros. 
Les députés UMP en faute cherchent des excuses, excuses qu'il n'avait pas jugé bon d'écouter quand Thomas Thévenoud ou Jérôme Cahuzac ont été inquiétés soit pour non déclaration de revenus soit pour des avoirs détenus à l'étranger. Le député Sido est même à l'origine d'une proposition de loi taxant très légèrement les avoirs détenus à l'étranger et qui réintègreraient la France et son fisc. On comprend mieux aujourd'hui le sens de sa démarche.
Il est bien évident que la faute incombe à chacun d'entre eux, qu'ils soient de gauche ou de droite. Il va de soi que si l'UMP a demandé la démission du député Thévenoud, elle va très rapidement proposer pour ses députés fautifs la même sanction. Thomas Thévenoud, membre du PS, n'a pas démissionné de son mandat malgré les demandes des responsables du parti et du Premier ministre. Peut-être entendrons-nous Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, avancer la même proposition à l'égard des membres du parti qu'ils co-président. Et les trois mis en cause n'obtempèreront pas. Faites ce que je dis mais…

12 novembre 2014

Incidents lors de la cérémonie du 11 novembre à Gaillon entre le maire et « La libre pensée »


J’ai de l’estime pour Bernard Ledilavrec, maire de Gaillon. Je le connais assez pour être certain que ce membre du Parti socialiste place au-dessus de tout des valeurs essentielles telles que la liberté de penser et d’exprimer une opinion sans craindre ni censure ni blâme. Sans aucun doute animé de l’esprit des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme, le premier magistrat de Gaillon s’est pourtant contredit, mardi, à l’occasion des cérémonies du 11 novembre.
Les faits tout d’abord. Comme ils le font chaque année, et dans des lieux différents à chaque fois, les membres de la section départementale de « La libre pensée » s’étaient donné rendez-vous devant le monument aux morts de Gaillon, rejoints par des membres des sections de l’Eure de la Ligue des droits de l’homme, afin de lire un texte soulignant la nécessité de réhabiliter les « fusillés pour l’exemple. » (1)
Ces fusillés de la grande guerre (plusieurs centaines) l’ont été après que des officiers avaient décidé que leur comportement réel ou supposé était susceptible de porter atteinte au moral des troupes et notamment celles placées en première ligne et appelées à charger baïonnette au canon devenant ainsi des cibles pour les mitrailleuses allemandes ou des victimes des shrapnels et autres obus d’artillerie.
Les nombreux documentaires diffusés à l’occasion du centenaire du début de la première guerre mondiale nous donnent « le spectacle » atroce de ces victimes de tous bords et on comprend, eu égard à l’inutilité évidente ou l’inefficacité avérée de certains ordres, que des soldats soient devenus des mutins ou qu’ils aient accompli des actes destinés à sauver leur peau. Faire des exemples devenait une obsession pour certains généraux. Que les ordres aient été transgressés ou pas.

Pendant des décennies, les familles des fusillés pour l’exemple ont subi honte et humiliation d’autant que certains soldats n’avaient rien à se reprocher et ont été victimes d’une sorte de délit de sale gueule. Lionel Jospin, en son temps, a d’ailleurs rappelé le sacrifice de ces centaines de morts à qui on interdisait de faire figurer leur nom sur les monuments aux morts et qui n’avaient pas le droit d’être « morts pour la France. »
Dans son texte, lu devant un comité subitement restreint, le président de la Libre pensée de l’Eure a rappelé ces éléments de condamnations — pour certains arbitraires — et un passage consacré au conseil général de Corrèze et à François Hollande son ancien président, n’a pas eu l’heur de plaire à Bernard Ledilavrec qui avait eu copie du texte avant la cérémonie. Ce dernier a invité les personnalités présentes au vin d’honneur sans attendre la lecture du texte rendu public par Jean Jayer, président de la Libre pensée, auquel il a reproché le contenu du papier distribué ensuite à la presse.
De la même façon qu’il faut savoir perdre une élection, Il faut aussi accepter la contradiction ou des désaccords. Jean Jayer ne demandait pas au maire de Gaillon d’être en osmose avec son texte, il lui demandait de respecter « sa liberté de penser. »Voltairien, non ?

(1) Pendant la Première Guerre mondiale, en France 2 400 « poilus » auront été condamnés à mort et environ 600 fusillés pour l’exemple, les autres voyant leur peine commuée en travaux forcés. Ces condamnations ont été prononcées pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, désertion, abandon de poste devant l’ennemi, délit de lâcheté ou mutinerie (en 1917). 
A Louviers, la cérémonie fut consensuelle. On reconnaît Leslie Cléret et François-Xavier Priollaud. (photo JCH)

11 novembre 2014

L'affaire « Jouyet-Fillon » ou comment les socialistes transforment de l'or en plomb


Les socialistes ont l’art de transformer de l’or en plomb. L’affaire « Jouyet-Fillon » illustre bien les bévues et les maladresses de ceux qui nous gouvernent. Car au fond, cette affaire est avant tout le problème de l’UMP et de la guerre impitoyable que se livrent les candidats de ce parti à la présidentielle, d’une part, mais aussi et surtout les responsables de l’UMP mouillés jusqu’au cou dans les fausses factures et les surfacturations de la société Bygmalion ainsi que Nicolas Sarkozy, principal responsable en droit, du dépassement grandiose de ses comptes de campagne et des conséquences juridiques qui vont avec. Fillon, Juppé et Raffarin ont licencié les principaux auteurs de cet accord entre l’UMP et Bygmalion mais on peut comprendre que Fillon soit ulcéré de constater que Sarkozy — pour l’instant — parvient une fois de plus à passer entre les gouttes.
Que Jouyet se soit mêlé, un tant soit peu, de cette tambouille interne à l’UMP, est un miracle pour Sarkozy. Le candidat à la présidence de l’UMP ne s’est pas privé, hier soir à Caen, de mettre en cause l’Elysée et ses hommes. Jouyet-Fillon, c’est du pain bénit pour celui qui a tant à confesser, lui qui se revendique de ses racines chrétiennes à tout bout de champ. Et voilà comment la haine de Fillon pour Sarkozy et sans nul doute les tentatives du premier pour stopper l’ascension du second se transforme en un procès contre — devinez qui ? — le gouvernement ! Incroyable.
Cela me rappelle que lors de la publication des écoutes, les médias avaient totalement laissé de côté — à quelques exceptions près — le fond de l’affaire Bismuth-Herzog-Azibert pour reprocher à Christiane Taubira d’avoir été (ou non) informée du contenu de ces documents judiciaires. Là encore, les socialistes réussirent à transformer de l’or en plomb. Alors qu’il suffisait de laisser Sarkozy s’empêtrer dans des explications oiseuses et attendre tranquillement que la justice suive son chemin…
Décidément, François Hollande peut bien se désintéresser des affaires judiciaires — et je le crois bien volontiers — il devrait inviter ses collaborateurs et ses ministres à faire comme lui. Quel gâchis !

Le 11 novembre en souvenir de Klébert Lambert, un Lovérien ancien combattant de la première guerre mondiale


Klébert Lambert est assis au premier rang à droite au cours d'une réunion des médaillés militaires. (photo JCH)
Le 11 novembre n’est pas la date de début du grand conflit que fut la première guerre mondiale. Le 11 novembre 1918 est la date de l’armistice signé par les partis en guerre : l’Allemagne, la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique, l’empire austro-hongrois. De cet arrêt des combats devait surgir le fameux traité de Versailles dont tous les historiens assurent qu’il portait en germe le second conflit mondial compte tenu de « l’humiliation » faite à l’Allemagne. Si ces armées avaient perdu la guerre, son territoire était demeuré intact de toute invasion ! Ce sera le début de la légende du coup de poignard dans le dos, un thème qu’exploitera Hitler plus que de raison.
« La Grande guerre des Lovériens » dont j’ai déjà évoqué l’intérêt recense les efforts humains et matériels accomplis par Louviers et ses habitants. Parmi eux, des centaines de jeunes hommes appelés sous les drapeaux et voués à mourir au chemin des Dames ou lors de la bataille de la Somme. Et aussi de nombreux blessés et « gueules cassées » si traumatisantes pour les victimes et leurs proches.
Les hasards de ma profession m’ont conduit à « couvrir » comme on dit, maintes cérémonies commémoratives du 11 novembre à Louviers. Il m’a été donné de rencontré d’anciens combattants de la première guerre dont certains appartiennent à des familles bien connues dans notre ville. C’est le cas de Klébert Lambert. La famille — nombreuse — habitait dans la cité du capitaine Adrien Breton lui-même victime du conflit. Klébert Lambert revint du front avec une jambe en moins. Son handicap ne l’empêcha de devenir cantonnier comme l’homme de la chanson. A chaque cérémonie patriotique, il arborait fièrement ses médailles et ses mérites. Je suis heureux de publier la photographie de sa dernière participation au souvenir collectif puisqu’il devait décéder l’année suivante.

10 novembre 2014

« Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge » (1)


Le sourire du secrétaire général de l’Elysée annonçant la composition du gouvernement Valls 2 en disait long sur le bon coup que venait de jouer Jean-Pierre Jouyet. Si, comme tout le monde le dit et le pense, Emmanuel Macron est une de ses créatures, il est clair que M. Jouyet, l’ami de trente ans de François Hollande, secrétaire général de l’Elysée, jouit d’une liberté de penser et d’action forte. Voilà sans doute pourquoi il s’est cru autorisé à faire le beau devant les journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, voilà sans doute pourquoi Jean-Pierre Jouyet, l'ancien membre du gouvernement Fillon-Sarkozy, se trouve au centre d’une polémique dont le président de la République se serait bien passé.
De fait, il s’agit de l’éternelle histoire de l’arroseur-arrosé. Et du danger d’être enregistré, en le sachant ou pas, avec l’assurance d’être « off the record ». Jamais un homme politique ne peut être certain que ses confidences demeureront secrètes dans la mesure où le contexte évolue et les engagements aussi. L’expérience devrait inciter nombre de politicien(nes) à la prudence car les journalistes ne peuvent faillir à leur mission : celle d’informer le public !
Henri Guaino a cependant raison quand il affirme que nul (sauf les deux protagonistes) ne saura jamais ce qui s’est dit vraiment entre François Fillon et Jean-Pierre Jouyet. Jouyet, pris en flagrant délit de mensonge et craignant la publication de l’enregistrement de sa conversation avec les journalistes, a modifié sa version des faits au cours du week-end ce qui est très inquiétant pour l’Elysée. Une question se pose : comment le président choisit-il les personnes influentes de son entourage, de quelles garanties s’entoure-t-il lorsqu’il les recrute ? Visiblement, le président manque de prudence ou, pire, de flair. Fillon a-t-il réellement demandé une intervention de l'Elysée auprès des juges pour saboter le retour de Sarkozy ? Personnellement, je pense que oui. Mais Jouyet peut mentir.
Quant à Fillon, il a décidé de passer à l’attaque, de nier ce qu’on lui reproche et de poursuivre en diffamation les journalistes et le journal dont la bonne foi ne sera sans doute pas difficile à prouver. Surtout si l’enregistrement est produit à l’audience, ce qui ne fait aucun doute.
Le bénéficiaire (très provisoire) de cet imbroglio est Sarkozy. Une fois de plus, il va pouvoir essayer de se faire passer pour une victime, à la fois de Fillon, son ancien collaborateur dont la réputation de traître colle à la peau, et du fameux cabinet noir de l’Elysée (qui n’existe pas) à l’image de la cellule animée par Patrick Ouart du temps de la présidence Sarkozy. Car cette cellule destinée à influencer les magistrats existait bel et bien tout comme les réseaux dormants actuels (dans la police et la magistrature) qui informent l’ancien président de l’évolution des dossiers nombreux dans lesquels il trempe. Le cas de Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de Cassation, bavasseur de premier ordre auprès de Sarkozy-Herzog, illustre les méthodes et les obsessions de celui qui aspire pourtant à redevenir président.
(1) Citation de Voltaire.

9 novembre 2014

Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin tombait et le bloc de l'est avec…


Brejnev embrasse Honecker. (photo Jean-Charles Houel)
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. Et plus d’un pays de l’est de l’Europe se débarrassait ensuite de régimes totalitaires dits communistes. Beaucoup se souviennent du violoncelliste Rostropovitch, Russe exilé, interdit dans son propre pays, venu au pied du mur pour interpréter une sonate de Bach et illustrer l’un des moments historiques les plus forts des cinq dernières décennies.
N’oublions pas qu’en 1961, avec l’accord des Soviétiques, le gouvernement de l’Allemagne de l’Est décidait d’ériger un mur à Berlin entre les zones occupées par les Staliniens et celles dédiées aux occidentaux lors de la signature des accords de Potsdam. Un mur d’abord symbolique avec des barbelés vite remplacés par des obstacles bétonnés, des no man’s land, que les candidats à la fuite vers l’ouest devaient franchir au péril de leur vie.
Ce mur en béton n’était que l’illustration concrète de la fameuse phrase de Winston Churchill prononcée le 5 mars 1946 quelques mois après la fin du nazisme : « un rideau de fer s’est battu sur le continent européen » marquant le début de la guerre froide, une guerre qu’on croyait terminée en 1989 mais qui, avec Poutine, semble reprendre de la vigueur.
Une Traban devenue graffiti sur le mur de Berlin.
Le 9 novembre 1989, il a suffi d’une parole imprudente d’un dirigeant de l’Allemagne de l’est à la télévision annonçant la fin de l’exigence de certaines démarches administratives pour que les Berlinois de l’Est se pressent à la frontière entre les deux Berlin et forcent le passage pour ce qui devait être une délivrance. Si des Allemands de l’ouest exigent, aujourd’hui, d’élus de Die Linke (1) en Thuringe, qu’ils reconnaissent admettent que l’Allemagne de l’est était une zone de non droit c’est bien parce qu’une police secrète, la Stasi, épiait les actes et les actions de chaque citoyen pour l’empêcher de penser et de se déplacer librement.
Les vestiges du mur existent toujours et nombre d’artistes s’en sont emparés pour illustrer ce monde d’antan tel cette Traban d’un autre âge ou ce baiser fou entre Brejnev et Honecker (nos photos). 
Berlin est devenue une capitale attrayante, une ville d’art et un symbole fort de la puissance des lumières au sein des grands pays démocratiques d’une Europe unie.
(1) Die Linke est un parti politique de la gauche de la gauche. Un accord a été passé entre ce parti, le SPD et les Verts pour gouverner la Thuringe, une région de l'est de l'Allemagne.

Après les révélations des journalistes du Monde, François Fillon est dans de sales draps


Si l’on part du principe de réalité qui veut qu’en politique on n’ait pas d’amis mais seulement des relations — et au fil du temps cette prémice devient toujours vérité — les journalistes du Monde ont certainement raison. En racontant dans un livre récent que François Fillon, adversaire de Copé et de Sarkozy, ancien premier ministre de ce dernier, avait sollicité l’Elysée de Hollande pour tenter d’accélérer les processus judiciaires contre Sarkozy, Fabrice L’homme et Gérard Davet ne font que rendre publiques des suppositions absolument crédibles.
Les deux journalistes d’investigation racontent que Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, ancien membre du gouvernement Fillon, a rencontré ce dernier lors d’un déjeuner à Paris et que l’ex-collaborateur de Sarko lui a expressément demandé de faire «bouger» les magistrats dans l’affaire de l’amende pour compte de campagne dépassé, ce que Hollande, interrogé par son subordonné, a refusé de faire au nom de l’indépendance de la justice et de la séparation des pouvoirs. 
C’est tout à l’honneur de l’actuel président de la République pourtant régulièrement accusé d’avoir monté un cabinet noir pour nuire à Sarko. Il est maintenant quasi officiel que les attaques contre François Hollande, accusé par Hortefeux et compagnie, de fomenter des mauvais coups judiciaires contre son prédécesseur sont infondées et mensongères.
Cela étant précisé, Fillon est dans de beaux draps. Le candidat (actuel co-président de l’UMP) à la candidature à la présidentielle de 2017 a beau déclarer qu’il porte plainte en diffamation contre les deux journalistes et le journal lui-même, les deux hommes de presse, très expérimentés et possesseurs d’un enregistrement, semble-t-il, implacable, n’en ont cure. 
Il va de soi que dans la course à l’Elysée, les coups bas vont devenir pléthoriques. Cette constitution fait du président un pivot institutionnel si essentiel à l’exécutif que le combat pour atteindre le sommet fait forcément des dégâts. Fillon apparaît comme le plus fragile aujourd’hui, suite à ces révélations, mais rien n’est gravé dans le marbre. Car le livre de Davet et L’homme « Sarko s’est tuer » (1) recense toutes les affaires, petites et grandes, concernant le revenant qui n’est jamais parti. Si d’ici 2017, aucun procès n’a permis de connaître une part de la vérité relative aux mises en cause de Sarkozy, celui-ci conservera toutes ses chances et bénéficiera, s’il est élu, d’une immunité pour cinq années.
Il faut donc faire preuve de patience et faire confiance aux juges d’instruction. La justice est lente mais elle avance. A son rythme, qui n’est pas celui des chaînes info en continu.
(1) Cette expression rappelle le célèbre « Omar m’a tuer ».