6 décembre 2014

M. Giboulot, un viticulteur avisé, relaxé par la Cour d'appel pour avoir refusé l'usage de pesticides


La défense des abeilles passe aussi par une agriculture raisonnée et protectrice des insectes utiles. (photo JCH)
Le viticulteur écolo, condamné en première instance à une amende de 1000 euros pour avoir refusé de traiter ses vignes sur arrêté du préfet de la côte d’or, a été relaxé par la Cour d’appel. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de la pédagogie et de la conviction. Constant que certains vignobles de départements voisins étaient attaqués par un insecte dangereux pour la vigne, le préfet prit un arrêté obligeant les viticulteurs à faire usage de pesticides dont les spécialistes connaissent bien les effets utiles…et néfastes. Car en tuant l’insecte visé, on en tue beaucoup d’autres et les abeilles ne sont pas les dernières à en souffrir.
M. Giboulot, militant de la viticulture biologique, a refusé d’engager ces traitements par pesticides et a été attaqué en justice pour ne pas avoir respecté l’arrêté préfectoral. Préférant les méthodes de lutte naturelles, ce viticulteur fut mis en cause par des confrères moins avisés et plus « peureux. » Il est en effet apparu que très peu de surfaces plantées du département étaient en cause si bien que l’usage systématiques des produits toxiques semblait à M. Giboulot, à la fois exagérée et inopportune.
Le jugement de relaxe de la cour d’appel a de quoi le satisfaire. Lui et quelques autres car il va plus loin que la simple annulation de la peine d’amende infligée au récalcitrant. Ce jugement prend en compte la réalité biologique d’un département ou d’une région et demande ainsi qu’on respecte les pratiques de ceux qui défendent les moyens naturels et non chimiques à l’encontre des parasites, champignons et autres attaques des cultures. Autrement dit, M. Giboulot peut être comparé à un lanceur d’alertes, un homme qui refuse d’entrer dans le moule généraliste et tire la sonnette d’alarme quand le danger d’intervention est plus grand que celui qu’on prétend combattre. Les médias ont donc eu raison de classer le jugement de la cour d’appel dans la série des événements importants de la semaine. Il s’agit de la victoire d’hommes (ou de femmes) animé(e)s par un sens aigu de la défense de la planète et de ceux et celles qui la peuplent. Au-delà du fait que le vin, breuvage des Dieux, mérite aussi les meilleurs traitements.

5 décembre 2014

Après la série « noire » des morts afro-américains, la décision souveraine des grands jurys devrait être modulée.


Barack Obama.
La série de décisions des grands jurys aboutissant à innocenter des policiers à l’origine de la mort de jeunes et d’adultes afro-américains dans des conditions de partialité évidentes conduit à se poser plusieurs questions. Tout d’abord, il ressort de l’analyse factuelle des événements, que les policiers (filmés parfois) ont ou tiré très vite et pour tuer ou agi sans discernement s’agissant de l’étranglement d’une personne obèse et asthmatique qui criait : « je ne peux plus respirer, je ne peux plus respirer ».
Ensuite, on apprend que dans la ville de Ferguson, par exemple, ville composée à 70 % de population noire, la majorité des policiers est blanche. Compte tenu des présupposés américains, les Noirs des États-Unis ont dix fois plus de chances que les Blancs d’être contrôlés, interpellés, incarcérés, tués.
Autre question, encore, liée à la composition des grands jurys. Il apparaît qu’ils sont très majoritairement composés de Blancs (aux deux tiers souvent) lesquels emportent une majorité raciale hostile aux victimes, pourtant, de couleur noire.
Enfin, ces grands jurys sont un témoignage antique d’une justice populaire sans doute utile du temps de la conquête de l’ouest mais devenue à la fois systématique et brutale aujourd’hui. Il y a tout à craindre de ces jurys populaires porteurs de préjugés, soumis à la pression des médias et de la rue, sensibles à l’esprit communautaire. La France n’est sans doute pas un pays parfait mais la présence de magistrats professionnels au sein des jurys d’assises permet de relativiser ces regards profanes et de canaliser les simples émotions ou les émois simplistes.
La justice ne peut pas, ne doit pas, s’exercer dans la haine, l’esprit de revanche, ou la crainte. « Jurez de parler sans haine et sans crainte, levez la main droite et dites je le jure. » Cette formule doit être prise au pied de la lettre et les jurés comme les témoins déposant sous serment, sont liés par ce pacte moral. Aux États-Unis, le grand jury comporte uniquement des citoyens pas forcément formés au droit, pas forcément attentifs aux détails même s’ils entendent témoins et avocats.
Les quelques exemples récents de décisions absolument scandaleuses même souveraines devraient inciter les élus américains à revoir le fonctionnement de leur justice et ne pas laisser aux sentiments immédiats ou aux aspects culturels individuels le soin de dominer les situations évidemment complexes.
Les manifestations de Noirs et de Blancs réunis contre ces violences policières et leur impunité sont légitimes. Barack Obama, président noir des États-Unis, laisse entendre qu’il les comprend mais laisse penser, également et surtout, que les rapports de forces sont tels que rien ne bougera dans les institutions…

4 décembre 2014

Qui pour remplacer Christian Renoncourt ? Qui pour aider François Hollande à mieux choisir son entourage ?


François Hollande à Val-de-Reuil.
Je ne comprends pas pourquoi François Hollande a mis tant de temps pour « démissionner » l’un de ses principaux conseillers, M. Lamdaoui, empêtré dans une affaire d’abus de biens social. Voilà des mois que les enquêteurs sont sur ses traces. Cet été, ses bureaux ont été perquisitionnés et M. Lamdaoui (donc François Hollande) n’ignorait rien des soupçons qui pesaient sur sa gestion pour le moins originale de sociétés de transport en 2006-2007. Après les affaires Cahuzac, Thévenoud, Arif, l’affaire Lamdaoui plombe un peu plus la république exemplaire tant vantée pendant la campagne présidentielle. Le résultat de ces errements : c’est à la fois incompréhensible et dommageable.
François Hollande a-t-il été imprudent en s’entourant de brebis galeuses par manque d’attention ? Les services de l’Etat — ils devraient enquêter sur les ministres — ont-ils manqué de vigilance ? Ou le sens de la fidélité du président l’a-t-il emporté sur tout autre considération ? Franchement, le militant socialiste de base que je suis ne peut que constater les dégâts et se demander quels vont être les effets de toutes ces affaires sur les Français passablement dégoutés de la vie politique en général et du gouvernement actuel en particulier. La déception  n’empêche pas de croire à certaines valeurs (1) mais il serait bien de transformer les mots en actes.

Le premier effet, on le constate dans le vote militant d’hier soir à Louviers. Il s’agissait de voter pour la charte des socialistes pour le progrès humain de désigner les candidats socialistes aux prochaines cantonales et de remplacer Christian Renoncourt, démissionnaire de son poste de secrétaire de la section. Il avait pris la précaution d’anticiper et de prévenir ses camarades bien en amont. Malheureusement, aucun membre de cette section n’a présenté sa candidature et Louviers se retrouve donc, dès aujourd’hui, sans secrétaire lovérien du PS. Est-ce si grave ? Sur le principe, sans doute pas. Mais pour organiser une campagne électorale cantonale (en mars 2015) il vaut mieux avoir des troupes ragaillardies et un chef d’orchestre rigoureux et méthodique. Leslie Cléret et Eric Lardeur ont été désignés comme candidats socialistes pour le canton de Louviers mais rien n’indique qu’il s’agira d’un ticket définitif dans la mesure où la fédération va ouvrir des négociations avec des partis « amis » dont le PRG. Connaissant l’appétit de certains, je ne serais pas surpris qu’un candidat du Parti radical de gauche demande une place éligible…et je ne serais pas surpris, non plus, que M. Destans, président du conseil général, accepte cette proposition à l’origine de la démission de Christian Renoncourt. A suivre.

Second effet, les propositions de M. Emmanuel Macron, ministre de l’économie, sont loin de faire l’unanimité au sein des socialistes. Les guignols de l’info sur Canal Plus l’ont « marionnetté » en bébé dont les pères sont tour à tour Hollande et Gattaz. C’est drôle et symbolique. Car les guignols, par la caricature et l’humour, expriment le ressenti de nombreux Français de gauche effarés par tant de désinvolture de la part d’un ministre, jeune certes, à la tête bien pleine assurément, iconoclaste effectivement, susceptible de faire exploser la majorité à l’Assemblée nationale, majorité déjà fragile. Emmanuel Macron, avec les modifications de la loi sur travail dominical, une éventuelle réforme des 35 heures, court dans le sens rêvé par le MEDEF mais celui-ci se montre bien ingrat. Ces propositions classent Manuel Valls parmi les socio-libéraux, lesquelles préparent une future éventuelle majorité centriste avec Bayrou et quelques autres…Etonnons-nous de l’opposition de ceux et celles qui avaient cru aux belles promesses du candidat Hollande. Comme d’habitude, on sait maintenant qu’elles n’engageaient que ceux et celles qui les ont écoutées.

Révoltant. Honteux. Misérable. Le viol et le vol commis chez ce jeune couple de Créteil choisi par les cambrioleurs-violeurs parce qu’ils étaient juifs « et donc parce qu’ils avaient de l’argent » m’apparaît comme étant odieux. Les auteurs âgés de 19 et 20 ans sont donc sensibles aux clichés les plus éculés et les plus rebattus, ces clichés qui nourrissent un antisémitisme toujours latent chez nombre de nos compatriotes. Nos concitoyens juifs sont comme les autres. Rien ne les différencie des autres. Leur religion est reconnue comme toutes les autres et les croyants qu’ils soient catholiques, juifs, protestants, musulmans etc. ont le droit de vivre en paix et en sécurité dans notre pays. Les éducateurs doivent tout faire pour éradiquer cette plaie vive au cœur de tous les enfants (futurs adultes) dont l’esprit doit s’avérer ouvert et tolérant. Ils doivent, en particulier, démolir un à un les stéréotypes, les images dégradantes, les lieux communs accolés à tel ou tel. C’est à l’école que tout démarre à condition, également, que les familles soient à la hauteur des enjeux. La « banane » Taubira nous rappelle que des parents aussi sont capables de haine aveugle et de racisme commun.

(1) On peut lire dans le préambule : « « Socialistes, nous sommes fiers de nos valeurs. » Nous les avons rappelées dans notre Déclaration de principes en 2008. Nées avec les idées des Lumières, les idéaux de la Révolution française et les luttes du mouvement ouvrier, elles conservent leur force : la liberté et la justice, l’égalité et la citoyenneté, la fraternité et la solidarité, la laïcité et la responsabilité, l’Europe et l’internationalisme. Indissociables de la République, ces valeurs inspirent des luttes et des lois sur tous les continents, guident notre action et donnent un sens à nos vies. »

3 décembre 2014

Avec les Le Pen, quand c'est fini, ça recommence…


Je ne suis pas étonné de l’admiration qu’éprouve le clan Le Pen pour la Russie de Vladimir Poutine. Avec un score de 100 % des suffrages obtenus par Marine Le Pen, dimanche dernier, lors du congrès du parti d’extrême droite, c’est le souvenir de l’union soviétique qui faisait surface avec candidature unique et prime totalitaire.
Je ne suis pas étonné, non plus, du financement du FN par une banque tchéco-russe (surtout russe d’ailleurs) quand on apprend que les partis européens xénophobes, homophobes et europhobes sont financés par une Russie de plus en plus hermétique, nationaliste et revancharde. 40 millions d’euros pour les campagnes du FN, c’est plutôt une campagne de Russie qui s’annonce !
Il va donc falloir s’intéresser de plus près au programme des Le Pen, qu’ils s’appellent Jean-Marie, Marine ou Marion. Si le visage change, la devanture aussi, mais le fond de commerce demeure celui de la haine, de l’obsession anti-étranger et surtout de la volonté de ses théoriciens de sortir de l’Europe unie pour revenir au bon vieux franc dévalué faisant perdre 30 à 40 % des économies des Français !
Le FN est dangereux. On le sait depuis toujours. Et ce n’est parce que deux femmes tiennent la rampe et surtout soutiennent le patriarche vénéneux, qu’icelui est devenu différent aujourd’hui. Malgré tous leurs défauts, les partis de gouvernement de gauche et de droite s’accordent sur des points fondamentaux. Des élections libres, une presse pluraliste, une démocratie effective…
Il n’est absolument pas prouvé (voir les événements de Hongrie) qu’un parti d’extrême droite en France nous offrirait le plein emploi, une protection sociale, les garanties d’une vie libre, d’une culture diverse et insolente parfois, je crois même le contraire. Les électeurs (trices) de Marine Le Pen connaissent-ils (elles) son programme de gouvernement ? Connaissent-ils (elles) les effets de la préférence nationale ? Suivent-ils (elles) les faits et gestes des maires et élus frontistes dont la gestion demeure hasardeuse et aventureuse et surtout très sectaire ?
Qu’on ne vienne pas nous dire que les Français ont tout essayé avec l’UMPS et que l’échec des uns et des autres mérite qu’on donne sa chance au FN. Les Le Pen nous jetteraient dans l’inconnu et dans l’imprévisible. Il faudra bien réfléchir avant de voter. Il en va de notre liberté à tous et à toutes.

1 décembre 2014

L'antisarkozysme est une obsession partagée…même par Juppé et Fillon !


Je n’ignore pas que certains de mes fidèles lecteurs m’accusent d’antisarkozysme primaire. Je veux bien entendre ce reproche. Mais je conteste cette vision simpliste. Nicolas Sarkozy vient d’être élu président de l’UMP dans les conditions que l’on sait. Il devient, de facto, le principal leader de l’opposition. Et comme il n’est jamais sorti du jeu contrairement à ce qu’il avait affirmé après sa défaite de 2012, il occupe une place éminente parmi les responsables de la droite appelés à contester la politique du gouvernement actuel.
Si j’en juge par les articles de nombreux journaux, quotidiens et magazines, je ne suis pas le seul à m’inquiéter de la santé et surtout des projets de l’ancien président de la République. La campagne qu’il a conduite à l’occasion de la primaire interne à l’UMP a démontré combien il s’adaptait aux différents publics, combien il tordait le cou à la vérité dans de nombreux domaines qu’il s’agisse de l’insécurité, de l’immigration, ou du mariage pour tous. Le journal Libération, dans sa rubrique désintox, a relevé une dizaine de mensonges récents et importants dans les discours du candidat Sarkozy. Je sais bien ce qu’on dit en pareil cas : « plus c’est gros, plus ça passe ». Mais quand on aspire à la présidence la République et que les sondages, s’agissant de l’honnêteté vous place à 10% de confiance chez les Français, c’est qu’il y a un gros problème !
D’après mes connaissances, les Sarkozystes rejettent en bloc, par ailleurs, les accusations, preuves, éléments factuels, faisant de Sarkozy un délinquant en puissance…François Fillon assure que l’ancien président finira devant les juges du siège, tôt ou tard. La batterie de casseroles qu’il trimbale fait un tel bruit d’enfer…mais ses supporteurs demeurent impassibles, sourds et aveugles, insensibles à l’argument moral. C’est le propre des groopies : ils et elles veulent ignorer la face cachée du personnage…même si cette face, contrairement à la lune, est placée en pleine lumière.
Quand je lis que Nicolas Sarkozy invite Dominique de Villepin (son ennemi juré) à prendre part à une sorte de conseil des sages et que celui-ci a accepté, je me frotte les yeux pour ne pas relire les aménités et autres insultes proférées par Sarko au moment de l’affaire clearstream. Non seulement, le président d’alors avait déclaré Villepin coupable en direct de New York mais en plus il avait promis de le suspendre à un croc de boucher ! Jetons la rancune à la rivière et dansons ensemble la valse des repentis. Quant à Fillon et Juppé, ils ont compris la manœuvre et n’acceptent pas cette invitation qu’ils considèrent comme un cadeau empoisonné. Antisarkozysme primaire de leur part ?
Alors, une obsession Sarkozy ou un problème pour les Français ? Attendons les mois à venir. Le Rassemblement que préconise celui qui affirme avoir changé (mais il changé tant de fois) aura un drôle de visage…le sien.

30 novembre 2014

« Paul Bismuth » rate son plébiscite, Bruno Le Maire devient incontournable


Bruno Le Maire. (DR)
Ni 80 %, ni 70 % mais 64,5 %. Alors qu’il croyait à une promenade de santé, Paul Bismuth (1) (alias Nicolas Sarkozy) a dû en rabattre. Le plébiscite annoncé n’est pas au rendez-vous. Le vrai gagnant de l’élection interne de l’UMP c’est évidemment Bruno Le Maire. Nicole Duranton doit être contente. Le député d’Evreux qui lui a ouvert les portes du Sénat au nom de la parité et du renouvellement démontre que le besoin de modernisation se manifeste clairement au sein de la formation bonapartiste.
Bruno Le Maire va devoir agir vite pour conserver l’élan de ce qu’il a créé, hier. Les dizaines de milliers d’adhérents de l’UMP qui souhaitaient un changement ne vont pas se contenter d’une place dans un organe de direction totalement inféodé à Sarkozy. Car comme dirait François Fillon « Union n’est pas soumission. »
A lire le programme de Bruno Le Maire, la gauche et ceux qui la soutiennent ne sont pas rassurés. Il propose des solutions radicales dans de nombreux domaines auxquels l’économie et la finance n’échappent pas. Avec Le Maire, on aura des mots moins brutaux mais des actions et des engagements à la droite de la droite. Au fond, il n’y a pas tant de différences que cela entre les propositions de Sarkozy et celles du député d’Evreux. Ce dernier sera moins soumis aux feux des juges, moins égocentriste, moins arrogant, sans doute, mais sa pensée s’inscrit dans la droite ligne d’un libéralisme plus sauvage qu’on ne croit. Question : avec son score, Bruno Le Maire parviendra-t-il à sauver l’UMP de la disparition souhaitée par Sarkozy qui prône un « rassemblement » à son image. Tous derrière et lui devant.
(1) Chacun se souvient que Paul Bismuth est le nom du titulaire du second téléphone (sur écoute judiciaire) de Sarkozy, nom choisi par son avocat. Mais Paul Bismuth existe vraiment. Il vit en Israël et s'est plaint à maintes reprises de l'usage abusif de son nom.