21 janvier 2015

Marine Le Pen soutient Syriza en Grèce, elle marche sur la tête !


Le parlement grec réuni en séance. (DR)
Je cherche vainement les points communs entre les propositions du mouvement Syriza, en Grèce, et les fondements idéologiques du Front national. Cette question mérite d’être posée puisque la responsable du FN vient de déclarer publiquement qu’elle souhaitait le succès de Syriza lors des prochaines élections législatives grecques programmées le 25 janvier !
Syriza est soutenu, en France, par le PC, le Parti de Gauche, certains membres du PS et certains adhérents d’Europe-Ecologie-Les Verts. Plusieurs animateurs de ces partis ont d’ailleurs accusé Marine Le Pen de jouer les coucous pour tirer à elle la couverture lors du succès possible (probable ?) de Syriza ainsi que l’indiquent certains sondages.

Interrogée, Marine Le Pen ne voit pas de contradiction à soutenir un parti dit d’extrême gauche, ni raciste, ni xénophobe, ni islamophobe aux antipodes de l'extrême-droite. Elle le soutient, assure-t-elle, parce que les dirigeants de Syriza disent vouloir mettre un terme à la politique d’austérité imposée à la Grèce par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) politique sensée sauver la Grèce de la faillite. Elle lui reproche quand même ses positions sur l'immigration…

Une différence fondamentale devrait pourtant conduire Mme Le Pen à plus de prudence. Car Syriza — ses leaders ont pensé un instant pouvoir sortir de la zone euro voire de l’union européenne — sont revenus à des propositions bien moins favorables aux thèses du Front national. En effet, Alexis Tsipras, la tête de liste de Syriza, s’il affirme vouloir atténuer les conséquences de l’austérité sur la vie quotidienne des Grecs et des Grecques, dit vouloir demeurer au sein de l’UE et vouloir conserver la monnaie commune.

La sortie de l’Euro aurait eu pour effet de rétablir le Drachme (δραχμή) avec une baisse de valeur de 30 à 40 %, diminuant d’autant les avoirs et le bas de laine (quand il existe) des citoyens du Péloponnèse. Cette assurance à l’égard des créanciers européens, privés et publics, de la Grèce ne doit pas les étourdir. Alexis Tsipras veut renégocier la dette extérieure de son pays mais pour ce faire, il devra réussir à rassembler une majorité au parlement et obtenir l’accord des dits créanciers qui ne devraient pas s’opposer à un remboursement échelonné de cette dette. Il n’est dans l’intérêt de personne de mettre le couteau sous la gorge du futur gouvernement grec ni d’accroître les difficultés économiques et financières de cet état.

Il n’empêche que le gouvernement, s’il est dirigé par des ministres de Syriza, devra quand même engager des réformes internes. Mettre en place un cadastre digne de ce nom, créer un vrai impôt foncier, imposer les armateurs, exiger une contribution des églises orthodoxes. Le poids du secteur informel, équivalent à 35% du PIB grec, entraîne, par ailleurs, un manque à gagner pour l’État grec estimé à 20 % des recettes fiscales. Il s’explique par le souci des professions libérales, des artisans et des entreprises d’échapper à l’impôt. Par ailleurs, la faiblesse des salaires en Grèce incitent les ménages à cumuler des emplois dans le secteur informel.

Ce serait également oublier que le déficit commercial grec est colossal et que la banque Goldman Sachs a aidé un ancien gouvernement à Athènes à maquiller les comptes de l’Etat pour lui permettre de demeurer dans la zone euro. Alexis Tsipras, s’il devient premier ministre, aura également l’ardente obligation de constater qu’être opposant ou dirigeant n’a pas du tout le même sens ni n'engage la même responsabilité.

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