13 janvier 2015

Réflexions et remarques après la semaine sanglante


Pendant une période aussi troublée, aussi trouble, et malgré le « sans faute » de François Hollande et des membres du gouvernement dont le solide Bernard Cazeneuve, un certain nombre de faits et d’événements ont suscité des remarques et des bêtises ont été commises parfois de bonne foi. J’en ai relevé certains et certaines que je souhaite commenter.
 
Ségolène Royal et Bernard Cazeneuve avec Jean-Louis Borloo et Marisol Touraine.
Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, interrogé par une journaliste d’une chaîne Info n’hésite pas à déclarer qu’il n’y a aucun problème à supprimer certaines libertés au nom de la sécurité. L’exemple qu’il prend est ridicule. « J’ai proposé qu’on installe des caméras capables de lire les plaques d’immatriculation des voitures aux péages d’autoroutes. » Comme si les délinquants — et à plus forte raison les terroristes —circulaient dans des voitures personnelles susceptibles d’être repérées et suivies. Ils agissent avec des voitures volées et de fausses plaques !
Claude Guéant aurait dû, plutôt, demander plus de facilités administratives pour que les officiers de police judiciaires puissent poser des balises de traçage dans le cadre de commissions de crimes en préparation sur les automobiles suspectées d’être utilisées par les malfaiteurs ou les terroristes. Dans l’état actuel de la législation, un juge des libertés doit donner son accord. Cela prend du temps et nécessite beaucoup de démarches. Il faut simplifier la procédure.

La minute de silence dans les établissements scolaires ? Principe noble mais inapplicable sans incident. De quoi parle-t-on ? On demande à des enfants de 8 ans qui ne peuvent pas, sans longues explications et dialogue, comprendre le sens de ce recueillement. On exige d’ados souvent en situation de révolte, à des jeunes beurs stigmatisés de porter — ne serait-ce qu’un instant — un deuil national ! Plutôt qu’une minute de silence, il eût mieux valu que les enseignants discutent avec leurs élèves, échangent des idées, rappellent le sens des mots laïcité, liberté. Il eût mieux valu prendre le temps d’expliquer ce qu’est le fanatisme voire le terrorisme. Alors que les télés passent des spots incitant les parents à discuter avec leurs enfants des images choquantes ou violentes, j’aurais préféré que la ministre de l’Education nationale favorise le dialogue entre les enseignants qui sont aussi des éducateurs et les élèves de nos lycées, collèges et écoles.

S’il en est un qui souffre de ne pas figurer au premier rang et de ne pas être bien visible sur les photos, donc, c’est Nicolas Sarkozy. Le Petit journal de Yann Barthès a pris plaisir à nous offrir les contorsions de l’ancien président passé du 3e rang (pour cause de protocole) à la première ligne aux côtés du chef de gouvernement israélien. Sarkozy adore les photographes. Carla Bruni aussi. Plus grande, plus élancée, elle était également plus facilement repérable dans sa progression. C’était à la fois drôle et pathétique.
Carla Bruni et Nicolas Sarkozy sont encore au second plan
En un jour pareil, Nicolas Sarkozy est apparu plus tordu encore qu’il ne l’est d’habitude. Son attitude contrastait avec la dignité des autres chefs d’états dont certains, d’ailleurs, sont des tyrans dans leur pays. Il était plus qu’irritant de voir certains défiler pour défendre la liberté d’expression. Le premier ministre turc, le Hongrois Orban, l’Africain Bongo…autant de représentants de gouvernements autoritaires sans égard pour l’indépendance des journalistes.

Le tribunal correctionnel de Toulouse a infligé des peines de prison ferme, en vertu de la loi de novembre dernier, à des internautes postant des messages de haine. On a évidemment le droit de « ne pas être Charlie » mais les raisons doivent demeurer dans le cadre légal. Il en est un autre, plus célèbre que les jeunes Toulousains (bien connus des services de police locaux) qui abuse nettement de la liberté d’expression puisqu’elle tombe sous le coup de la loi chargée d’en fixer les limites.
Le satané Dieudonné a même cru bon de se faire appeler « Charlie Coulibaly » en « hommage » au terroriste auteur des quatre assassinats du magasin juif de la porte de Vincennes. Le parquet a exigé la suppression du message odieux sur Facebook et entamé des poursuites contre le soi-disant comique qui fait rire de moins en moins de gens. Ces derniers prennent conscience du danger, physique et moral, que fait courir le multirécidiviste. Le Conseil d’Etat n’avait pas dit autre chose. Avec le temps on comprend mieux pourquoi.

Les médias (radios et télévisions surtout) en ont-ils trop fait ? L’ont-ils mal fait ? Autrement dit, la course au scoop et à l’audimat a-t-elle gêné les forces de l’ordre dans leurs interventions et mis en danger la vie des innocents ? Le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel) a cru nécessaire, vendredi, d’appeler les journalistes professionnels au discernement. Etait-il indispensable d’entrer en relation téléphonique avec les frères Kouachi ? Etait-il utile de préciser pendant la prise d’otages que la chambre froide du magasin cacher cachait plusieurs personnes ?
Je ne vais pas jouer les hypocrites dans la mesure où j’étais de ceux qui suivaient l’évolution des événements sur une chaîne info en continu. J’imagine que la France entière retenait son souffle et souhaitait ardemment la réussite des opérations engagées par le GIGN et le RAID. Tout de même, une réflexion sera sans doute indispensable si, par malheur, une situation aussi dramatique venait à surgir à nouveau dans notre actualité.


Aucun commentaire: