15 février 2015

Les conférences de la SED : Claude Cornu raconte « l'admission » des femmes en politique dans l'Eure


Claude Cornu au micro. (photo Jean-Charles Houel)
Claude Cornu demeure un pédagogue. Retraité de l’éducation nationale au sein de laquelle il exerça son métier de professeur avec passion, cet érudit sait transformer une simple conférence en un moment d’histoire et d’information captivant. La salle Pierre Mendès France était occupée, ce samedi, par les membres de la SED (société d’études diverses) et quelques autres venus pour écouter Claude Cornu nous parler du sort des femmes en politique dans l’Eure. Depuis les tentatives engagées, ici ou là, avant la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours pour que les femmes soient considérées comme des citoyennes à part entière d’abord, des candidates « acceptables » ensuite et des élues compétentes enfin.

Claude Cornu a beaucoup cherché et travaillé sur le sujet. Et comme notre département n’est pas sensiblement différent des autres, ses trouvailles et constatations pourraient être élargies à la nation tout entière. Il se trouve que Pierre Mendès France, ancien maire de Louviers, est de ceux qui ont engagé un processus reconnaissant aux femmes non seulement la légitimité de l’élection mais également la nécessité de leur participation à la délibération collective pour obtenir une société harmonieuse.
Les trois K allemands (Küche, kirche, kinder : cuisine, église, enfant) se sont appliqués longtemps dans notre pays. Les hommes de la 3e République n’ont jamais franchi le pas permettant aux femmes françaises de bénéficier d'une citoyenneté pleine et entière (1) obtenue ailleurs dans les pays anglo-saxons. L’élection des six femmes lovériennes en 1936 prouve combien Pierre Mendès France considérait leur rôle et leur place dans la cité.

Avec le temps, les choses ne se sont pas arrangées. Quelles que soient les élections (municipales, cantonales, législatives) les femmes élues dans l’Eure sont demeurées longtemps très minoritaires. Quant aux responsabilités dans les exécutifs, n’en parlons pas. Peu de maires femmes, peu d’adjointes femmes, deux députées (Catherine Nicolas et Catherine Picard) il aura fallu attendre les lois sur la parité pour que les faits établis bougent quelque peu. Le prochain conseil départemental comprendra d’ailleurs autant de femmes que d’hommes (23 hommes et 23 femmes) puisque le binôme est dorénavant imposé par la loi. Tout comme cette parité pas si égale que cela puisque par le jeu des têtes de listes et de la proportionnelle les hommes demeurent majoritaires dans les conseils municipaux dans les villes de plus de 1000 habitants. Mme Nicole Duranton (UMP) a tout de même réussi à surmonter l'obstacle sexiste en devenant sénatrice…à la proportionnelle. Car là est le principal problème : la fascination des hommes pour le pouvoir et ils ne veulent pas le lâcher (2) !

Leslie Cléret, conseillère générale socialiste, présente à la conférence, reconnaît que l’égalité homme-femme est un combat permanent. Que rien n’est jamais acquis définitivement et que les jeunes filles (comme les jeunes hommes d’ailleurs) doivent s’engager au service de la collectivité où chacun(e) peut apporter ce qu’il a de meilleur : la solidarité et le dévouement.

(1) Bien des élus hommes de la 3e République, les radicaux surtout, craignaient que les femmes soient sous l'influence de l'Eglise…leur vote également.
(2) Claude Cornu a raconté comment les socialistes de l'Eure avaient souhaité contourner les impératifs nationaux lors de deux parachutages parisiens totalement ratés.

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