8 mars 2015

Jean-Luc Mélenchon traite Daniel Cohn-Bendit de « grand dégénéré » et insulte la mémoire de Boris Nemtsov


Jean-Luc Mélenchon à Alizay. (DR)
Je prie, par avance mes amis…amis de Jean-Luc Mélenchon de m’excuser, mais ce que je vais écrire ne va pas leur faire plaisir. Depuis des lustres, surtout depuis son départ du Parti socialiste lors du congrès de Reims, JLM est devenu un farouche adversaire du gouvernement et de la majorité PS-PRG à l’Assemblée nationale. Après tout, il en a parfaitement le droit même si je juge quelque peu excessif l’argument consistant à préciser que le président de la République actuel, ayant été élu avec les 4 millions de voix réunies par Mélenchon, doit conduire la politique voulue par ce dernier, bien minoritaire à gauche.

JLM poursuit François Hollande de sa vindicte mais le président n’est pas le seul à subir les foudres de l’ancien ministre de Lionel Jospin. Il vient de se distinguer à deux reprises dans les médias. En qualifiant Daniel Cohn-Bendit de « grand dégénéré », Mélenchon s’est planté.  Même si DCB a traité Mélenchon d’«antiallemand» après une mise en cause d’Angela Merkel, en juin dernier, cela ne justifie aucunement ce type de réponse et d’attaque infamante. On peut évidemment penser ce qu’on veut de Daniel Cohn-Bendit, mais en Allemagne comme en France, il est une figure de la vie politique. C’est d’autant plus lamentable que Mélenchon tente un rapprochement idéologique et politique avec Europe-Ecologie-les Verts, mouvement qu’a soutenu et soutient encore Cohn-Bendit. J’y vois là une forme de brutalité devenue habituelle chez Jean-Luc Mélenchon. Une brutalité qu’il exerce le plus souvent, même s’il s’est calmé, à l’égard des journalistes.

Il y a pire peut-être. En défendant Vladimir Poutine à tout crin — et donc ses actes et ses décisions politico-militaires — Jean-Luc Mélenchon rejoint la cohorte de deux et celles qui voient la main des USA partout. Les caniches d’Obama seraient « les fascistes Ukrainiens » d’abord, les européens ensuite, et l’Union européenne ne ferait que manger dans la main des Etats-Unis contre une Russie forcément démocratique. Cette lecture, assez exclusive, je dois le dire, est navrante. Elle permet à JLM de justifier l’annexion de la Crimée afin de permettre à la Russie de consolider les défenses maritimes de ce pays et d’insulter la mémoire de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin par des tireurs encore inconnus (1). Un Nemtsov décrit par Mélenchon comme un « déchet » de l’ère Eltsine, un suppôt des oligarques. Si JLM voulait « justifier » ce meurtre, il ne s’y prendrait pas autrement.

Dans un billet récent, Reynald Harlaut s’est indigné qu’on puisse classer l’extrême gauche ou disons la gauche de la gauche, parmi les nouveaux antisémites. Je suis d’accord avec lui. On ne peut pas, sur ce plan, comparer Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Mais si l’antisémitisme les sépare, la même idolâtrie les réunit : ils sont tous deux Poutinien, tous deux très antiaméricains, tous deux très opposés aux institutions européennes. Pierre Laurent, le secrétaire général du PCF et Clémentine Autain, peu suspects d’un excès de sympathie pour le PS, viennent de prendre leurs distances avec les propos de Jean-Luc Mélenchon tenus sur son blog. On ne voit pas, là, la possible relève des socialistes pourtant promis à un échec cuisant lors des prochaines élections.

(1) Des « suspects » caucasiens ont été arrêtés hier.

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