5 avril 2015

La grosse colère de Leslie Cléret, victime non consentante…


Leslie Cléret avec Eric Lardeur sur le marché de Louviers. (photo JCH)
Leslie Cléret n’est pas contente. Fidèle à sa franchise habituelle, elle ne mâche pas ses mots dans un entretien accordé à La Dépêche cette semaine. Elle a attendu les résultats du second tour des élections départementales pour exprimer son amertume et ses regrets même si elle le fait avec un certain panache. Elle considère, en effet — et elle a totalement raison — que sa défaite dès le premier tour des élections départementales est à la fois injuste et imméritée. S’il est une conseillère générale qui s’était attelée à la tâche avec efficacité et pendant plus d’une décennie c’est bien elle. Ce n’est pas le bilan de la majorité de gauche sortante qui a été condamné. C’est la collusion de quelques facteurs que je vais tenter d’expliquer.

Leslie Cléret était la sortante du canton de l’ancien canton de Louviers-nord. Les électeurs de Heudebouville, Vironvay, Saint-Pierre et Saint-Etienne du Vauvray, et de quatre bureaux de la ville de Louviers, s’ils avaient été attentifs, auraient retenu le bilan de Leslie Cléret très orientée sur l’aide sociale et le travail des associations. Sans parti pris, elle a su tisser des liens forts avec la population et ses différentes réélections prouvent que quand l’action locale est visible et prioritaire, les citoyens savent le reconnaître.

Cette élection de 2015, sous la forme de binômes homme-femme, aurait donc dû conforter les choix de Leslie Cléret, féministe active sans être partiale. Mais les votants ont décidé de faire de ces départementales une forme de législative sanctionnant l’action du gouvernement et de sa politique plutôt que de juger le bilan et le projet du couple Cléret-Yung. J’avais, en son temps, porté un jugement négatif sur le choix de l’ancien président de la CASE comme colistier eu égard à son ancienneté sur le terrain politique, sa défaite à la présidence de la CASE et son insuccès aux municipales. Il faut savoir passer la main, ce que le PRG n’a pas su faire même dans le Tarn-et-Garonne où Baylet, le président national du PRG, a pris la tasse. Il n’a pas su le faire non plus à Louviers.

La désunion ? Tous les authentiques gens de gauche regrettent que l’union de la gauche n’ait pas été recherchée dès le premier tour. Ils le regrettent mais tout a été fait pour l’empêcher. Le président sortant du conseil général, Jean-Louis Destans, a adopté une posture guerrière contre le front de gauche à Brionne (le PCF en réalité) empêchant tout accord départemental ailleurs. Les primaires à gauche ont donc été un massacre ! Il est difficile pour Leslie Cléret (et pour d’autres) d’avaler cette grosse couleuvre. C’est la preuve du peu de considération consacrée aux petits et aux sans grades. Elle considère avec raison que les élus « d’en haut » comme elle le dit bien dans ses déclarations, se préoccupent peu du sort de ceux « d’en bas ». C’est le premier message qu’adressent les électeurs du FN à ceux qui nous gouvernent.

Faute d’accord à gauche — et cet accord était sans doute possible à obtenir — la primaire a été ravageuse. La désaffection des gens de gauche a été aggravée par une réforme mal comprise, en cours d’examen au Parlement ( ?) et une médiatisation plus que faible pourtant indispensable quand on veut que les électeurs comprennent les enjeux et les approuvent. A Louviers, le taux de participation a été très bas et la gauche en a pâti. Si l’on ajoute que certaines personnalités du PS n’ont pas mouillé le maillot malgré les communiqués d’autosatisfaction, on se dit que ces départementales n’étaient pas si vitales que cela pour certains parlementaires du parti socialiste plus à l’aise devant les micros que sur les marchés.

Il est évident que les mêmes causes produisant les mêmes effets, si le contexte ne change pas d’ici au mois de décembre, les futures élections régionales risquent de faire déchanter la gauche. Marc-Antoine Jamet a raison d’insister sur le travail à engager dès maintenant pour tenter de limiter la casse. Cela passe évidemment par un sursaut militant, la volonté de privilégier ce qui rassemble plutôt que ce qui divise mais l’union ne se décrète pas, elle se construit et il faut que les différents partis en expriment la volonté. Le PS, le PCF, EELV ont géré la région (et bien) pendant six ans. Il est donc possible de travailler ensemble. Si cette union ne se réalise pas, on comptera les régions gagnées par la droite et pire, par le Front national. Qui a intérêt à cette extrémité ? Peut-être plus de gens qu’on ne le croit.

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