7 avril 2015

Le suicide de Jean Germain, ancien maire de Tours, nous atteint tous


Le suicide de Jean Germain nous atteint tous. Du moins tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans le monde politique, un monde cruel et impitoyable. Sa mort programmée et expliquée dans une lettre destinée à ses proches, choque ses amis du parti socialiste mais aussi ceux que la politique placent sur le devant de la scène, souvent sans pudeur ni respect.

L’ancien maire de Tours n’a pas supporté, au premier jour de ce qui devait être son procès, les accusations de malhonnêteté et de détournement de fonds dans une affaire liée à des mariages à la chinoise. Il affirme n’avoir jamais touché un centime d’argent propre ou sale dans le cadre de ses fonctions d’élu et donc en souhaitant s’enrichir personnellement. Il jure n'avoir pas pu supporter, ne serait-ce que sous la forme d'un doute, une mise en cause de sa probité et de son comportement.

Pour avoir préféré la mort au déshonneur et à la salissure, Jean Germain — c’est du moins mon avis — devait avoir la conscience tranquille. Comme Pierre Bérégovoy, ancien premier ministre de François Mitterrand, Jean Germain a commis l’irréparable dans une forme sacrificielle qui n’appartient qu’aux personnes exceptionnelles. L’un, l’ancien ajusteur et ancien Premier ministre harcelé dans une affaire de prêt sans intérêt, l’autre, l’ancien maire de Tours, avaient évidemment des points communs dont le principal était de croire en des valeurs et non en la valeur.

La politique est-il un monde cruel ? Sans nul doute puisqu’il exige des élus un comportement inattaquable moralement et sans tache matériellement ce qui est normal mais les place dans une situation exposée, que cela soit juste ou non. La société médiatique fait le reste sans nuances. L’élu reçoit l’onction du suffrage universel, ce qui ne le change pas fondamentalement du jour au lendemain mais lui confère une image de désintéressement et d’engagement. Dès lors, quand des accusateurs ou des comités de salut public lancent leurs chiens aux basques des honnêtes gens, le regard de l'autre devient un reproche, une insulte permanente.

Les Tapie, les Balkany et tant d’autres comme Jérôme Cahuzac ont abusé et usé de leurs positions ou de leurs relations au pouvoir. Mis en cause par la justice, je n’imagine pas un seul instant que ces anciens ou actuels élus aient été indifférents aux articles de presse parfois écrits dans l'urgence et le sensationnalisme. Il se trouve pourtant qu’ils ne sont pas nombreux ceux et celles qui sont capables de surmonter la suspicion de malhonnêteté quand toute leur vie a été construite sur l’exemple. Choisir la mort ressemble alors à une ultime exigence d'amour propre. Ce qui n'empêche pas la rumeur de continuer à courir…

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