25 mai 2015

Le mariage Gay en Irlande, Podemos en Espagne, le courage et le talent à Cannes


Quelle belle leçon que celle administrée par le peuple irlandais. On le disait soumis au diktat de l’église catholique, on le disait conservateur au point de ne pas sentir les frémissements du monde et les changements de mentalités. Avec plus de 62 % lors d’un référendum populaire, les Irlandais et les Irlandaises ont dit au mariage homosexuel et célébré cet événement dans la joie collective.
Christine Boutin n’osera plus se rendre en Irlande. Elle n’osera plus aller prier dans des églises dont deux fidèles du trois soutiennent la liberté de choix et d’orientation sexuelle que la France n’a toujours pas digérée après le vote sur le mariage pour tous. Nos compatriotes devraient ouvrir les yeux, regarder autour d’eux, constater que les désirs ne sont plus refoulés et que ce qui compte, c’est de réussir sa vie, surtout affectivement. Les nouveaux couples irlandais pourront enfin convoler et régler à la fois des problèmes juridiques, financiers et assumer publiquement leurs choix. Vive l’Irlande !

Je ne sais si les tractations aboutiront à un succès mais d’ores et déjà on peut dire que les mairies de Barcelone et de Madrid ont une petite chance de basculer dans le camp de « Podemos ». Ce mouvement — il ne s’agit pas d’un parti — surgi de nulle part si ce n’est des fameux « indignés » du nom du livre de Stéphane Hessel, est en passe de prendre la troisième place dans la vie politique espagnole derrière la droite et les socialistes.
A Barcelone et Madrid, il leur faudra sans doute construire des coalitions et seuls les socialistes pourraient leur apporter un coup de main. La droite de Mariano Rajoy, empêtrée dans des affaires de corruption, recule mais ne cède pas. Elle conserve même la majorité relative dans douze régions, ce qui n’est pas rien en Espagne où les régions ont d’énormes pouvoirs. Un vent se lève dans la péninsule ibérique…attention de ne pas décevoir en quelques semaines l’espérance naissante.


Ce qui se passe en Grèce, en Espagne, notamment, devrait alerter les responsables politiques des partis de gauche en France. Car ces mouvements, venus du fond de la société et motivés par une colère sociale et économique légitime, expriment à la fois un besoin de changement mais également une défiance à l’égard des partis traditionnels. En France, le Front national et sa démagogie empêchent ces mouvements libertaires, autogestionnaires, d’occuper le devant de la scène politique. Le Parti communiste, le Parti de gauche, le nouveau parti anticapitaliste, les écologistes ne sont pas aptes à attirer ces mécontents et leurs revendications. Le PS paie au prix fort sa présence au pouvoir et ses ambiguïtés.
Il est quand même dommage que le FN apparaisse comme une solution alors que tout son programme est fondé sur l’exclusion, le rejet, et d’abord, paradoxalement, de ceux qui le soutiennent. Les catégories sociales dites défavorisées n’ont en effet rien à attendre d’un parti dont l’unique combat est celui d’un chef pour la conquête du pouvoir. On sait ce qu’il advient après : des souffrances et des larmes.

Le palmarès du festival de Cannes, dont le jury était présidé par les frères Coen, Joël et Ethan, a fait preuve de courage et d’engagement. Attribuer la palme d’or au film de Jacques Audiard sur le parcours de réfugiés sri-lankais dans la France de 2015, donner les prix d’interprétation masculine à Vincent Lindon, chômeur de longue durée en quête de survie et celui d'interprétation féminine à Emmanuelle Bercot, dans le film de Maïwen, c’est reconnaître à la fois la primauté des thèmes sociaux et la qualité du travail artistique. L’acteur, très ému et même émouvant, aura donc dû attendre ses 55 ans pour recevoir un prix. Et quel prix ! Quant à la réalisatrice de 46 ans, elle était épanouie, comme dans un rêve.
Le scénario n’est pas tout car le cinéma comme l’a bien dit une actrice féminine c’est « mettre en geste de l’écrit. » Il faut donc du talent aux réalisateurs(trices) comme Agnès Varda qui a reçu une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière débutée avec la Nouvelle vague. La compagne de Jacques Demy pourra exposer sa palme à côté de celle de son compagnon primé pour « les parapluies de Cherbourg. »





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