2 décembre 2015

Une Maccarthyste déguisée et un cénobite masqué


Aux Etats-Unis, la violence est partout. Les 450 millions d’armes personnelles doivent servir à quelque chose, notamment à éliminer tous ceux et toutes celles qui déplaisent à des fous furieux, des terroristes, des kamikazes, de tous genres et de toute obédience. Parmi les personnes ou les groupes visés, il en est qui sont devenus les cibles favorites des fanatiques de tous poils.

Je veux parler des intégristes évangélistes, certains acharnés à assassiner les employés ou les militants du planning familial de certaines villes des Etats-Unis. Dans les lieux qu’ils occupent, les salariés ou les militants de cette association distillent des conseils sur la sexualité (mot tabou chez les cathos extrémistes) la contraception, l’interruption volontaire de grossesse…motifs pour lesquels trop de personnes ont perdu la vie. Ces jours derniers, un dingue absolutiste a tué plusieurs personnes d’un centre de planning familial, celles-là même à qui Marion Maréchal Le Pen veut supprimer les subventions de la région PACA au nom de son idéologie rigide et puritaine.

Car Marion Maréchal Le Pen considère que la France «appartient» à la catholicité et qu’ainsi, la laïcité doit se coucher devant cet ordre défendu par les activistes de la manif pour tous et autres adeptes de Saint-Pie X. Ils condamnent en bloc : l’homosexualité, l’IVG, l’information sexuelle et pour justifier leurs choix ils vont même jusqu’à accuser tel ou telle de défendre les théories du genre et autres fariboles totalement inventées. Les électeurs qui s’apprêtent à voter pour les candidats FN mesurent-ils la portée de leur acte ? Se rendent-ils compte qu’ils risquent de donner le pouvoir à des incompétents irresponsables capables de porter atteinte gravement à nos libertés essentielles et à notre mode de vie ?

Cette jeune fille ne porte pas par hasard le nom de Le Pen. Elle s’inspire des idées de son grand-père lequel exaspère la France depuis cinquante ans. Sous son air bonhomme et son sourire permanent, Marion Maréchal Le Pen n’est rien d’autre qu’une maccarthyste déguisée ou un cénobite masqué si tant est qu'une femme puisse être moine.

1 décembre 2015

Hervé Morin, le roi de la gaffe


Les radios la passent en boucle. Les journalistes s’en amusent. Hervé  Morin, le roi de la gaffe, s’est à nouveau distingué, récemment, lors d’un meeting public tenu à l’occasion des élections régionales. La tête de liste LR-UDI-Modem a fait allusion dans un suprême moment de tact et d’élégance à un patron de PME d’un village de l’Orne situé « dans le bout du trou du cul du monde. » 

On s’étonnera ensuite que M. Morin fasse de grandes et belles déclarations sur la ruralité et l’égalité des territoires. Si, ce que je ne souhaite évidemment pas, l’ancien grand absent du conseil régional de Haute-Normandie (1) venait à être élu président de la grande région normande, on peut imaginer la considération qu’il accorderait à ces territoires éloignés des cités urbaines pourtant indispensables à l’équilibre socio-économique de la région.
Territoires respectés. Tu parles Charles.

Le fait est qu’Hervé Morin est sans doute plus passionné par les saillies de ses meilleures pouliches — ce qui au demeurant est éminemment respectable — que par l’avenir des cinq départements normands et de leurs habitants. Lui qu’on donnait gagnant à coup sûr, il y a encore quelques semaines, a vu fondre son avance comme neige au soleil si bien que Nicolas Mayer-Rossignol retrouve des couleurs et par la même une vraie possibilité de victoire. Il est vrai également que le danger FN se fait plus aigu et qu’on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise.

L’exemple donné par les élus FN dans les différentes assemblées communales et régionales démontre par ailleurs que ces fanatiques de l’insécurité et de l’islamophobie seraient absolument dans l’incapacité de gouverner et de gérer au mieux les intérêts de nos collectivités territoriales. Aucun programme régional, rien sur la formation, rien sur le développement économique, rien sur les lycées…que des phrases toutes faites piochées ici ou là. Le FN n’est intéressé que par l’élection présidentielle même s’il sait que sans union de la droite et de l’extrême droite, jamais Marine le Pen n’arrivera au pouvoir. Ce serait donc un bien grand risque pour nos territoires que de les voir être dirigés par ces aventuriers.

(1) De 2007 à 2010, année de sa démission, Hervé Morin n’a jamais siégé au conseil régional de Haute-Normandie démontrant le peu d’intérêt qu’il accordait à son mandat et sa mission.

Dimanche prochain, tous contre le Front national


« Notre pays est profondément blessé. Dans le deuil et la colère, il reste porteur d’avenir. Les lieux d’art et de culture sont ouverts. Bientôt les bureaux de vote le seront aussi.
Un pays sortira des élections qui s’annoncent. Ce pays doit ressembler à ce qu’il y a de plus beau en nous : il doit ressembler au désir de générosité de liberté, de fraternité et de justice qui anime ses habitants, et en particulier sa jeunesse. C’est elle qui est d’abord blessée. Elle le sera plus gravement si le nouveau visage de notre pays est celui de la division et de la haine.
Le Front national ne doit pas diriger une seule région française. Il envahit déjà l’espace médiatique de sa rhétorique démagogue et populiste. Les partis républicains ont une responsabilité déterminante.
Les forces progressistes doivent se regrouper pour faire barrage à la contamination. Les discours politiques ne peuvent se réduire à la sécurité et l’économie. Chaque citoyen doit aussi prendre sa part de responsabilité par le vote. Aucun combat n’est perdu d’avance, tout peut encore être mis en œuvre. »

Communiqué du SYNDEAC – 8, rue Blanche 75009 Paris / contact@syndeac.org / www.syndeac.org

29 novembre 2015

COP21 : des ruches sur le toit de la mairie de Val-de-Reuil


Récupération d'un essaim. (photo JCH)
« Val-de-Reuil, plus jeune commune de France, mieux qu’une autre, doit s’associer aux objectifs de la COP 21.

1) La Ville, dès sa conception en 1967, participait par anticipation de la philosophie écologique qui guide la COP 21. Sa construction fut orientée Nord/Sud pour profiter d’un ensoleillement supérieur, de ce fait, de 10% à celui de ses voisines. Il s’agissait, au prix d’un équipement tout électrique censé être économique, de réduire la facture énergétique des habitants. En faisant le choix des immeubles de hauteur et d’un habitat groupé, la densité urbaine fût préférée au mitage foncier et conserva les zones humides ou de lisière favorables à la biodiversité. Les premières pompes à chaleur et les maisons solaires (suivant l’exemple de Marne-la-Vallée), des murs anti-bruits devenus végétalisés et des alignements d’arbres (1 planté pour 100 nouveaux m² occupés ou exploités) pour couper le vent d’hiver et créer des points d’ombre l’été, ainsi que les liaisons douces, y furent expérimentés de manière novatrice avec l’arrivée du premier habitant arriva en 1975. Aujourd’hui Val-de-Reuil possède une surface arborée une fois et demie supérieure à la superficie du Vatican.

2) La Ville, consciente de cet héritage aujourd’hui cohérent avec les orientations de la COP21, en a fait, entre 2000 et 2015, un des axes de sa renaissance. Il était en effet normal que Val-de-Reuil adopte une démarche "développement durable" à la faveur des deux opérations de renouvellement urbain (ORU et ANRU) qu’elle a menées depuis 2001. Lors de la rénovation des immeubles du germe de ville, initiative forte et qui se poursuit, une attention particulière a donc été portée à la maîtrise des énergies à travers la production d'eau chaude sanitaire à 48% pour 1.167 logements des patrimoines d’Eure Habitat et d’IBS, à l’isolation thermique de 2 035 logements, à l’ouverture vers d'autres sources d'énergies (notamment le gaz avec des chaudières à condensation peu émettrices de gaz à effet de serre) de 1418 logements pour un mode de chauffage évolutif, à l’adaptation des bâtiments communaux au chauffage à circuit d’eau d’ici 2017. Symbole de cet effort marqué, 82 logements d'Eure habitat forment maintenant, au sein du Bâtiment K, l’ensemble d'immeubles le plus écologique de l'Eure (eau chaude sanitaire solaire, double vitrage, bardage isolant en façade, utilisation du bois, végétalisation du toit, récupération des eaux de pluie pour l’arrosage les espaces verts, utilisation des panneaux photovoltaïques pour la production d’énergie électrique destinée à l’éclairage permanent des parties communes, lampes à faible consommation).
Le changement du mode d'éclairage public sur la plupart des artères de la ville a également été conduit grâce à l’installation de ballasts électroniques et d’une télégestion permettant de réaliser 30% d'économies d'énergie. 4250 points d’éclairage, dont 1000 neufs, bénéficient de ce dispositif novateur. Le plan de circulation de la commune a impliqué le rétrécissement des voies, la création de cheminements piétons qualitatifs et de pistes cyclables, la mise en place de noues paysagères permettant une gestion alternative des eaux de ruissellement, la création d’agrafes piétonnes et de passages sécurisés pour les piétons, l’installation de places de stationnement et d’arrêts de bus paysagers, l’équipement en bornes électriques pour automobiles, la mise aux normes d’accessibilité PMR.

Aujourd’hui, la Ville de Val-de-Reuil s’inscrit résolument dans la perspective de la COP 21 à travers cinq projets :

1. Associée à la SILOGE, bailleur social, sous la houlette de l’architecte/urbaniste Philippe Madec, la Ville propose un nouveau mode d’habitation respectueux de l’environnement : l’éco-village des Noés. S’étendant sur 4,9 hectares, il rassemble 98 logements écologiques, parfois sur pilotis, dans un esprit de village et renforce l’extension, déjà engagée, de la commune vers sa façade naturelle : les rives de l’Eure. L’opération comprend une chaufferie et un parc écologique, une crèche, une place de marché, une maison des jardiniers permettant une activité de maraîchage biologique (avec une association d’insertion) installée et développée en coeur du quartier. Les logements, individuels et collectifs, isolés ou reliés, en accession ou en location, favoriseront la citoyenneté et la convivialité. Les équipements permettront de renforcer la mixité sociale. Les choix architecturaux, de forme contemporaine, s’intègrent avec soin aux quartiers les plus proches et leurs habitants seront associés au processus d’aménagements (liaisons, accès, etc.). Les choix énergétiques, les matériaux utilisés (souvent le bois), sont les plus modernes, s’inscrivant dans les objectifs de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, objectifs prévus par le Grenelle de l’environnement. Cette conception permettra de maîtriser le niveau de charges pour les habitants. Après avoir obtenu la « labellisation » one planet living par le WWF (le seul en France) et remporté le Prix Energies Citoyennes dans la catégorie « villes de moins de 20 000 habitants », la Ville s’engagera à inscrire ce projet dans la démarche de labellisation internationale Biodivercity  portée par le Conseil International Biodiviersité et Immobilier. Grâce à ce label, l’éco-quartier de Val-de-Reuil entrera dans le cercle fermé des 5 projets immobiliers français et européen jugés à très haut niveau de performance dans leur prise en compte de la biodiversité urbaine. Une reconnaissance et une valeur ajoutée supplémentaires pour l’ensemble de ces 98 maisons et appartements.

2. La Ville favorise la création de deux parcs écologiques de promenades liant la commune à la base de loisirs et aux territoires Natura 2000 qui la bordent, l’un en prolongation de l’éco-quartier de la Siloge, l’autre sur d’anciennes ballastières de la société CEMEX et à ses frais.

3.EDF souhaite valoriser les déperditions de chaleur provenant de son data center de Val-de-Reuil. L’entreprise nationale serait prête à investir dans des projets allant dans ce sens (norme ISO 50 001). La Ville lui propose d’alimenter des serres et de chauffer des entreprises pharmaceutiques proches avec le flux de chaleur produit par le data center d’EDF puis celui d’Orange. Dalkia est en mesure de fournir l’appui technique pour assurer la liaison entre la source d’énergie et les serres.

4. Un chantier va être étudié pour remettre en fonction le moulin/turbine de l’île du Roi entre deux bras de l’Eure afin de produire de l’électricité, ainsi cette friche industrielle disposant d'un droit d'eau non exploité permettra l’installation d’une petite centrale hydroélectrique, non loin de la frayère à brochets.

5. La Ville installera une série de ruches-sentinelles sur le toit de la mairie. Premier pollinisateur et première espèce assurant la reproduction des plantes sur notre planète, le nombre des abeilles a reculé de 30 à 40% en France comme en Europe. Un projet en faveur d’une plus large protection de la biodiversité et qui, par la production et la vente du premier miel rolivalois, pourrait assurer le financement de projets éducatifs et associatifs ayant pour objet la découverte et la préservation de l’environnement à Val-de-Reuil.

Peu de villes dans l’Eure peuvent présenter un tel bilan et de tels projets. C’est ainsi que Val-de-Reuil, qui fête ses 40 ans, reste à travers les objectifs de transition écologique et dans le respect des contraintes de la COP 21, fidèle à l’esprit novateur et écologique qui marqua sa création, dernière née des villes nouvelles. »

Marc-Antoine Jamet
Maire de Val-de-Reuil

Les député(e)s vinent…la loi Evin au profit du lobby viticole


« C’est évidemment très bien de dénoncer le mauvais signal qu’envoient aux Françaises et aux Français leurs parlementaires en adoptant un texte affaiblissant la loi Evin. Mais faudrait-il aussi, pour davantage éclairer les citoyennes et les citoyens que nous sommes, expliquer comment on en est arrivé là.

Car avant de parvenir devant le parlement, les projets de loi (et ceux modificatifs de lois existantes) viennent en débat devant la commission ad hoc en l’occurrence sur le sujet qui nous concerne, la Commission des affaires sociales. C’est par un vote interne à la Commission que ses membres décident ou non de présenter les articles d’un texte de loi ou un amendement à la représentation nationale.

Or, on apprend de diverses sources qu’il n’existait pas, jusqu’à il y a peu, de majorité dans cette Commission des affaires sociales en faveur d’un assouplissement de la loi Evin. Deux voix manquaient pour la faire basculer.

Qui, pour cette raison, a décidé de procéder au remplacement de deux membres de cette commission parmi ceux qui n’étaient pas favorables à cette modification ? Qui, a décidé pour les remplacer quelques jours avant le vote, de nommer deux nouveaux députés, en l’occurrence deux députées, toutes deux favorables à la suppression de l’amendement barrant la route à la modification de la loi Evin ? Au grand dam de Catherine Lemorton, présidente de ladite commission qui a publiquement accusé Bruno Le Roux, le président du Groupe socialiste à l’Assemblée nationale, de lui « savonner la planche ». Et si c’est effectivement Bruno Le Roux qui était à la manœuvre, a-t-il décidé seul ? Nous en doutons fortement. A-t-il subi l’influence du très puissant lobby viticole ou a-t-il cédé à l’amicale pression du premier ministre, de membres du gouvernement ou de la présidence de la République ? Souvenons-nous que ce sont des dispositions contenues dans la loi Macron qui ont permis l’ouverture de la brèche.

Quoi qu’il en soit, ces deux députées n’ont pas été choisies au hasard. La première se nomme Catherine Quéré, députée de Charente-Maritime. Elle est viticultrice et présidente du Groupe d’étude sur la Viticulture – dénomination derrière laquelle ne se cache même pas le lobby viticole. Avec elle, à la fois juge et partie, on est en plein conflit d’intérêts, mais cela n’a pas eu l’air de déranger grand monde. La seconde, Anne-Yvonne Le Dain, est députée de l’Hérault, département totalement étranger à la viticulture comme chacun le sait. Anne-Yvonne le Dain est dans son rôle quand elle défend les intérêts de ses mandants. En revanche, son entrée dans la Commission des affaires sociales, dans cette circonstance, est tout à fait regrettable car elle intervient elle aussi à ce moment précis comme défenseure du lobby viticole contre l’intérêt général.

S’il suffit désormais de modifier la composition des commissions parlementaires au coup par coup pour obtenir, au gré des circonstances, le résultat que souhaite tantôt le lobby du vin, tantôt celui des céréales, tantôt celui du charbon, du pétrole ou du nucléaire, ou encore celui des laboratoires pharmaceutiques ou celui de la finance, c’est que notre république est vraiment bien malade. Et ceux qui possèdent l’esprit assez retors pour imaginer d’aussi sordides manœuvres bafouant la démocratie et ont la bassesse de les mettre en application sont bien méprisables et certainement pas dignes de nous représenter.

Raynald Harlaut