10 février 2016

La carrière de Laurent Fabius couronnée par la présidence du Conseil constitutionnel

Laurent Fabius à la fête de la rose de Val-de-Reuil. (Photo Jean-Charles Houel)

N’en déplaise à tous ses détracteurs, passés, présents et futurs, Laurent Fabius est un de nos plus importants hommes d’état. Que de procès injustes ne lui a-t-on pas faits ? Insincère, intéressé, anti-européen, complice du drame du sang contaminé…et bien d’autres épithètes beaucoup moins mesurées essentiellement dues à ses origines familiales de grand bourgeois de Paris. Mais comment peut-il être de gauche ? Heureusement, Laurent Fabius, toutes convictions chevillées au corps, a su défier tous ses adversaires, tous ses ennemis (les antisémites notamment) et se situer à des hauteurs qui sont celles des grands hommes politiques français. 
Que le président de la République le choisisse pour présider le Conseil constitutionnel a deux conséquences : priver la France d’un ministre des Affaires étrangères aussi compétent qu’efficace dans la mesure où la diplomatie exige patience et anticipation, et offrir au Conseil constitutionnel, si important dans l’ordre judiciaire, un président soucieux du bien public, de la défense des liberté et des droits individuels.
Laurent Fabius sera un président intègre, juste et raisonnable. Il arrive dans une institution au sein de laquelle siègent des juristes, hommes et femmes de droite et de gauche, connus pour leur parcours au service de la loi et des grands textes qui font de la France la patrie mondiale des droits de l’homme. Il y retrouvera même Lionel Jospin, son ancien camarade de parti, lui aussi rangé des voitures.
L’ancien Premier ministre, ministre, président de l’Assemblée nationale, député, élu local et régional, met donc un terme à sa carrière politique. Durant cette longue activité, il n’aura pu connaître la consécration puisqu’il ne put jamais devenir président de la République. Barré par Ségolène Royal puis par François Hollande, le député de Seine-Maritime ne sut pas être présent au bon moment et à la bonne place. Dommage pour la France et les Français. 
Laurent Fabius succède à des hommes prestigieux et experts comme Robert Badinter ou excellent juriste comme Jean-Louis Debré. Ce dernier a présidé le conseil alors même que des réformes importantes modifiaient son fonctionnement et son rôle. Les QPC, questions prioritaires de constitutionnalité, ont donné des droits nouveaux aux justiciables, aux avocats et aux juristes de tous poils.
Laurent Fabius aura pour tâche de sacraliser ces pratiques nouvelles tout en ne sacrifiant rien des textes fondamentaux régissant notre république. Je ne doute pas un seul instant de ses compétences mais également de son talent.

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