13 juin 2016

« Non, M. Lecornu, l'Eure ne veut pas de votre école « low cost » »

A quand la non fermeture du collège Mendès France ? (photo archives JCH)
Réunie en Bureau Fédéral, la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure a condamné la décision prise par le Président du Conseil Départemental de fermer deux collèges eurois : Pablo Neruda à Evreux et Pierre Mendès France à Val-de-Reuil. De manière particulièrement choquante, ces deux établissements ont été rayés brutalement de la carte scolaire selon une logique étroitement comptable sans prendre le moindre avis pédagogique, sans consulter à un seul moment les autorités compétentes, rectorat et direction académique, grossièrement mises devant le fait accompli, sans en informer les communautés éducatives, parents, élèves, professeurs, traitées avec mépris. Au-delà de la méthode désinvolte à l’égard du monde de l’enseignement et symptomatique de cette gouvernance faussement décontractée, qui tient lieu désormais d’attitude au CD27, cette décision acte le tournant pris par la droite de démanteler les politiques éducatives et culturelles également indispensables aux habitants des quartiers les plus fragiles de notre département :

Parce qu’elle vise les deux seuls établissements classés réseaux d’éducation prioritaire du département, où ils participaient au maintien de la cohésion sociale notamment dans ces quartiers de grande pauvreté, de grave précarité, où vivent de nombreuses familles fragiles. Ce sont donc les deux collèges qui accueillent les populations les plus défavorisées du département que la droite a décidé de raser, perdant les crédits de fonctionnement et les moyens qui allaient avec. Par cette décision, plusieurs centaines de collégiens, à Evreux comme à Val-de-Reuil, ne bénéficieront plus du niveau de soutien, d’aide et d’encadrement qui permettait de corriger injustices et inégalités. Sébastien Lecornu a décidé de frapper sciemment deux quartiers dont l’électorat ne lui est pas promis, deux territoires dont les suffrages ne lui seront très probablement jamais acquis. C’est une décision tactique, opportuniste et politique. C’est un choix politicien d’un Président qui sert d’abord les intérêts de ses amis des Républicains. Ce n’est ni digne ni correct pour celui à qui a été confié l’intérêt général et les services publics locaux.

Parce qu’elle déstabilise des territoires et détruit leur homogénéité éducative au profit d’une carte scolaire remaniée dans une improvisation qui frise l’amateurisme : alors que M. Lecornu parle d’ordre et de discipline, il organise une vraie insécurité. Où et dans quelles conditions seront accueillis les centaines de collégiens qui étudiaient jusqu’à présent dans ces deux établissements ? Des élèves entassés dans des locaux inadaptés, des enfants empilés dans des cours de récréation, des postes d’éducateurs et de conseillers d’éducation disparaîtront, on entassera les élèves à 30 par classe. Ce sont non seulement les deux établissements directement concernés qui payeront les pots cassés de cette politique de gribouille, mais aussi tous ceux qui, autour, vont devoir compenser cette disparition et vers lesquels on va transférer les élèves de Neruda et Mendès France. On va créer des collèges ghettos et fragiliser des établissements qui connaissaient une certaine réussite comme Michel de Montaigne au Vaudreuil. On connaissait la préférence de la droite pour une justice de classe. On la découvre dans l’Eure adepte d’une éducation à deux vitesses.

— Parce qu’elle est, par désinvolture, incompétence ou arrogance, en train de détruire l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire. Il faut bien réaliser que le Président/collaborateur de député qui, depuis 15 mois, dirige l’Eure du haut de ses 29 ans, mastère de droite en poche, refuse de s’adresser au monde de l’enseignement et n’a pas daigné siéger une seule fois au Conseil Départemental de l’Education, instance stratégique de l’Education Nationale dans le département. C’est la preuve d’un désintérêt pour les enjeux éducatifs qui ne sont plus une priorité sur notre territoire.

Parce qu’elle méprise le travail des enseignants et plus généralement de l’ensemble de la communauté éducative. C’est un manque de considération global pour le travail réalisé dans les écoles. La droite préfère une politique éducative « low cost », une politique éducative au rabais dans laquelle les collégiens eurois ne sont que des unités sur des mètres carrés. On compte les surfaces au sol mais on ignore volontairement les projets pédagogiques développés pour aider chaque jeune à s’épanouir et se construire. La réalité d’un collège est tout autre. Il suffit de fréquenter ces établissements, de les visiter et d’y pénétrer dans d’autres occasions que les inaugurations pour s’en rendre compte. C’est un lieu de promotion sociale où l’acquisition des savoirs et de la connaissance permet de trouver sa place dans la société indépendamment de son origine ou de son milieu. C’est la fin de l’ascenseur social.

En fermant deux collèges de notre département, Sébastien Lecornu s’en prend à un pilier de notre modèle républicain. Les socialistes, fidèles aux valeurs d’égalité et de solidarité partout dans tous nos territoires, s’opposent à cette casse de l’école et appellent toutes celles et ceux, enseignants, parents, associations, qui sont attachés à une école de la réussite pour chacun à manifester leur opposition le lundi 20 juin à 9 heures devant le Conseil Départemental. 

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