7 novembre 2016

Le Vendée globe ? Une des rares aventures humaines qui soient dignes d'être vécues…et partagées


La ville de Louviers a contribué au projet Imagine. (photo Jean-Charles Houel)
Une fois n’est pas coutume. J’ai décidé, cette année, de m’intéresser au Vendée Globe, la course autour du monde sans escale et sans assistance. Je me suis donc rendu aux Sables d’Olonnes ce weekend pour approcher de près les 29 skippers et suivre leur départ en compagnie de quelques centaines (!) de confrères des presses écrite, radiodiffusée et télévisée.
Je l’avoue, j’ai été bluffé par un contexte magique, magnifique. Car faire le tour du monde en trois mois (voire un peu plus) soit près de 50 000 kilomètres, en passant par les fameux caps (Bonne espérance, Lewin, Horn) seul à bord et face aux éléments, relève de l’exploit individuel et collectif (n’oublions pas les équipes). La foule des amateurs, curieux, badauds, ne s’y est pas trompée puisque plus d’1,5 million de personnes a visité le village ou assisté au départ des aventuriers en bordure du chenal ou des plages. Mais la course au large a ses lois et dès hier, la troupe n’a pas chômé.
Ce matin, la grande émotion de l'énorme foule du chenal et celle du départ autour du monde sont déjà dans le sillage. Pas de round d'observation, c'est à fond que les vingt-huit solitaires en course vivent leur première nuit de mer. L'Espagnol Didac Costa n'est en effet pas encore reparti des Sables d’Olonne, où il est revenu hier pour tenter de réparer une avarie électrique consécutive à une fuite de ballast. Sur l'eau, au milieu du golfe de Gascogne, les grands favoris ne se font pas prier pour allonger la foulée, atteignant des vitesses parfois supérieures à 20 nœuds. Les leaders ne sont plus qu'à une grosse centaine de milles du cap Finisterre qu'ils devraient doubler dès ce midi, en passant probablement entre la côte espagnole et le "rail", dispositif de séparation du trafic, qui leur est interdit.

Armel Le Cléac’h leader
Tous les bateaux neufs à foils - à l'exception du No Way Back de Pieter Heerema - sont aux avant-postes, dans un vent de secteur nord d'environ 20 noeuds qui s'avère relativement instable en force et en direction et oblige à des changements de voile et interdit le moindre sommeil, comme l'explique Kito de Pavant, seul skipper qui a pu être joint ce matin (lire ci-dessous). Un trio de tête s'est légèrement détaché, composé - dans l'ordre - de Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Jean-Pierre Dick (St Michel-Virbac) et Alex Thomson (Hugo Boss), qui se tiennent en moins de 3 milles. Quelques bateaux à dérives droites tiennent bien le choc, comme ceux de Vincent Riou (PRB), Paul Meilhat (SMA) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). Mais il y a déjà des écarts relativement importants avec les deuxième et troisième parties de la flotte, la moitié des concurrents accusant déjà plus d'une cinquantaine de milles de retard sur le trio des leaders. Rien de dramatique tant la route est longue, mais une première indication : le rythme de ce huitième Vendée Globe s'annonce déjà très élevé.

Ils ont dit

Kito de Pavant (Bastide Otio)
Kito de Pavant. (photo Jean-Charles Houel)
"La nuit a été dure, car j'ai eu une galère : mon solent (le J1) s'est déroulé dans le haut, a fait un noeud et j'ai du batailler pour réussir à l'affaler. J'ai perdu deux ou trois heures avec ça et je suis rincé… mais heureusement rien de grave. Le golfe de Gascogne n'est pas si simple car il y a de la mer et le vent de nord est instable en force et en direction, ce qui implique des réglages voire des changements de voile incessants. Là, je suis à 10 nœuds de vitesse, alors qu'il y a cinq minutes je marchais à 20 nœuds ! Il faut être dans le rythme, évacuer l'émotion du départ et surtout bien faire attention au bateau, car la moindre petite bêtise se paye cash. Je pense être au cap Finisterre en début d'après-midi."

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