29 novembre 2016

Les évêques de France s'immiscent dans les débats parlementaires : un activisme troublant


Certains d’entre vous ont crié au scandale lorsque j’ai mis en cause François Fillon et son attitude à l’égard de l’interruption de grossesse. Alors que dans son livre « Faire » Il affirmait que l’IVG était un droit fondamental des femmes, il est revenu sur cette déclaration pour corriger son propos et affirmer sur les antennes d’Europe numéro 1 qu’il était « personnellement » contre l’IVG mais qu’il ne proposerait pas un changement de la loi. Il s’agit d’une promesse de campagne mais comme toutes les promesses ne sont pas toujours tenues qui dit qu’un jour, dans un contexte donné, l’éventuel futur président de la République ne sera pas contraint par des lobbies puissants tels que « Sens commun » de revenir sur la loi initiée par Simone Veil.

Cette question n’est pas seulement formelle. Elle a du sens. Pourquoi ? Parce que François Fillon est croyant, ce que personne ne lui reprochera. Que dans la sphère privée, il exprime sa foi et ses valeurs, très bien. La sphère publique a cependant des exigences beaucoup plus larges et implique un respect des opinions et des croyances différentes. C’est si vrai que la loi sur le voile démontre que cette sphère publique peut imposer des comportements induits par des choix personnels.

La question de l’IVG refait la une de l’actualité suite à la lettre que Mgr Pontier, président des évêques de France, vient d’adresser dernièrement au président de la République. Le prélat demande à François Hollande d’empêcher l’adoption par le Parlement d’un texte présenté en commission des affaires sociales et visant à autoriser la fermeture judiciaire de certains sites internet répandant de fausses nouvelles sur l’IVG, ces sites désirant dissuader les femmes en détresse de passer à l’acte. 

Il est rare que des responsables religieux s’immiscent dans la vie parlementaire au point de dénier aux députés, par exemple, le droit de légiférer comme bon leur semble. Cette intervention, au moment même où François Fillon vient d’être interpellé par Alain Juppé sur ses positions sur l’IVG, avec la réponse que l’on sait démontre que les opposants à l’IVG ne renoncent pas à modifier un jour la loi de liberté des femmes de mener à terme, ou non, leur grossesse.

Mes détracteurs reconnaîtront, s’ils sont de bonne foi, que cette coïncidence entre les déclarations de François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre et la lettre des évêques de France exprime un activisme troublant. Je n’ai jamais dit autre chose.

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