2 décembre 2016

François Hollande n'aura-t-il été qu'un demi-président ?

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François Hollande à Val-de-Reuil
S’il fallait résumer la personnalité de l’homme Hollande, je retiendrais un acte : la demie grâce partielle accordée à Jacqueline Sauvage suite à la mort de son mari violent. Tout l’homme se trouve dans ce demi acte ! Jacqueline Sauvage ? Pas assez coupable pour 10 ans d’emprisonnement mais pas assez excusable pour être libérée sur le champ. A mon avis, si grâce il y a de la part d'un président, elle ne peut être que totale puisqu’il s’agit du pari de la réinsertion-réhabilitation dans la société des hommes et non d’une peine en rapport avec l’acte commis puisque que des juges l'ont sanctionné conformément au code pénal.

La présidence Hollande ne fut faite que de demi-mesures (1), d’avancées certes, de reculades aussi finalement conformes à la personnalité de celui qui ne faisait pas assez président, le plus souvent, même si parfois il sut se montrer à la hauteur notamment après les attentats terroristes. Il a reconnu hier soir avoir commis une erreur : la déchéance de la nationalité. Cette déchéance, ô combien combattue sur ce blog, était tellement contraire aux valeurs de la gauche, tellement inefficace pour lutter contre le terrorisme, que je ne comprends toujours pas comment François Hollande, fin connaisseur de la politique, a pu se laisser entraîner — lui et les parlementaires qui ont voté cette déchéance — par le duo Sarkozy-Le Pen sur cette pente plus que savonneuse. Ce fut un tournant dans le discrédit du président au sein de son propre camp.

Et l’affaire Cahuzac ? J’ai écrit, dès le 4 décembre 2012, quand Mediapart a sorti les frasques financières du ministre d’alors, que François Hollande devait agir vite et fort puisqu’il avait les preuves de la culpabilité de son ministre sous les yeux. Il a tergiversé, laissé Cahuzac mentir devant les députés. Il lui a même fallu plus de quatre mois pour démissionner son ministre alors que des ravages irrattrapables en terme de morale publique et d’exemplarité réduisaient à néant les belles promesses du candidat Hollande. Depuis, la gauche a perdu beaucoup de sa crédibilité quand elle a voulu mettre en cause Sarkozy, Balkany, et toutes les affaires : libyenne, Bygmalion, Azibert, Bettencourt…« Et vous, et Cahuzac ? »

Par lucidité, François Hollande renonce. Candidat, il allait au devant d’un massacre électoral pour lui-même, ce qui n’est rien, mais aussi et surtout pour la gauche et ceux et celles qui croient encore à la justice sociale, au progrès scientifique, à une démocratie réelle, un système éducatif égalitaire, ce qui aurait été beaucoup plus grave. La primaire qui s’engage à gauche — je rappelle que j’étais favorable à ces primaires (2) dès le départ malgré les moqueries et les sarcasmes — va opposer des visions de l’avenir fondamentalement différentes. Montebourg, Hamon et Valls (voire Taubira demain) symbolisent des lignes d’action politique, sans doute pas irréconciliables comme l’a affirmé imprudemment le premier ministre actuel mais aptes à permettre un choix de société face au projet brutal de François Fillon et aux propositions insensées de Marine Le Pen. Le renoncement de François Hollande est, peut-être, un mal pour un bien.

(1) Lors de la primaire de 2011, Martine Aubry avait déclaré à François Hollande à l'occasion du débat de second tour : « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. » Elle ne croyait pas si bien dire.
(2) Je n'ignore pas que Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Emmanuel Macron refusent d'y participer. Ils s'excluent donc eux-mêmes d'un éventuel rassemblement anti-libéral.

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