16 mars 2016

Nicolas Mayer-Rossignol devient directeur du pôle développement de Nutriset


 Il est rare qu'un élu, ancien président de région en l'occurrence, s'adresse publiquement à ses amis pour leur faire part du choix opéré dans un cadre professionnel privé. C'est que fait Nicolas Mayer-Rossignol, battu lors des dernières élections régionales. Avec un certain panache et une transparence notable, il annonce devenir directeur du pôle développement de Nutriset, une entreprise normande connue dans le monde entier puisqu'elle s'est engagée dans un combat exemplaire contre la malnutrition. Je suis heureux de publier la lettre qu'il a adressée aux militants socialistes de toute la Normandie mais, finalement, elle intéresse également tous les citoyens de notre grande région.
 
Pendant la campagne des régionales, rencontre à Val-de-Reuil. (photo JCH)
« Je vous écris pour vous informer de mon avenir professionnel. C'est pour moi une question de transparence et d'honnêteté. J'ai toujours considéré la politique comme un engagement, plus qu'un métier. Scientifique de formation, ingénieur, j'ai travaillé dans les secteurs public et privé avant d'être Président de la Région Haute-Normandie, de 2013 à 2015. Ayant perdu les élections régionales, j'ai souhaité reprendre une activité professionnelle. Face à la défiance, immense, de nos concitoyens vis-à-vis des élus qui les représentent, il me semble important de favoriser les rapprochements entre le monde politique et la société civile. De multiplier les passerelles. Pour porter des politiques sur l'emploi, le travail, les métiers, la formation, le soutien aux entreprises, l'innovation, cette expérience du terrain ne me semble pas — c'est un euphémisme — inutile. Les élus ne doivent pas être 'hors-sol'.
 
Je suis recruté depuis mercredi dernier par l'entreprise normande Nutriset, comme Directeur de son pôle 'Développement'. Basée à Malaunay en Seine-Maritime, Nutriset est une entreprise familiale indépendante, de taille intermédiaire (elle compte 200 employés environ). C'est le numéro un mondial pour la fabrication de produits contre la malnutrition, en particulier la malnutrition infantile dans les Pays du Sud. L'année dernière, 6 millions d'enfants en situation de malnutrition ont pu bénéficier des produits de Nutriset. Nous pouvons être fiers de cette pépite' normande dirigée par une femme au talent remarquable, Adeline Lescanne-Gautier.

Comme Directeur du pôle « Développement' de l'entreprise », j'aurai pour mission principale de mettre en œuvre et d'alimenter la stratégie de développement de l’entreprise, de rechercher de nouveaux partenariats, de favoriser l'émergence de nouveaux produits contre la malnutrition et pour l'autonomie nutritionnelle de tous. Nous travaillons notamment avec les Nations Unies, l'UNICEF, le Programme Alimentaire Mondial, Unitaid, l'OMS, Médecins sans Frontières et de nombreuses ONG. J'aurai la chance de pouvoir compter sur une équipe extrêmement dynamique, innovante, à la fois jeune et expérimentée, passionnément investie dans son travail.

Je tiens à lever toute ambiguïté concernant d'éventuels conflits d'intérêt : le dernier soutien financier de la Région Haute-Normandie à Nutriset remonte à fin 2013, il y a deux ans et demi. Durant ma présidence de Région en 2014 et 2015, je n'ai eu à gérer aucun dossier ni aucune demande d'aide financière pour cette entreprise.

Pourquoi Nutriset ? Pourquoi ce choix ? C'est pour moi un triple engagement, conforme aux valeurs de solidarité et de progrès que j'ai toujours portées dans mes responsabilités publiques :
— Un engagement éthique, d'abord : je fais le choix de la lutte contre la faim dans le monde. Mettre en adéquation mon travail et mes valeurs; c'est fondamental pour moi.
— Un engagement entrepreneurial ensuite : je fais le choix d'une entreprise de taille intermédiaire (une ETI), d'une « pépite ». Je crois que la France a besoin que l'on aide plus ses ETI. Je veux y contribuer, modestement mais concrètement.
— Un engagement territorial enfin : je fais le choix de la Normandie puisque Nutriset est, depuis toujours, normande.

Je reste bien sûr conseiller municipal de Rouen et conseiller régional, président du groupe « Socialistes, radicaux et citoyens » de Normandie. Comptez sur moi pour continuer de porter et défendre activement, avec honnêteté et exigence, ce en quoi je crois. Avec vous!
Chaleureusement »

Nicolas Mayer-Rossignol

Le ministre de l'agriculture doit défendre les insectes pollinisateurs et interdire définitivement les néonicotinoïdes


Il est temps de rentrer à la maison. (photo Jean-Charles Houel)
Les députés et les sénateurs vont devoir batailler dur. Pour imposer l’interdiction des Néonicotinoïdes en agriculture, les parlementaires affrontent un ministre et donc un gouvernement particulièrement suspects de laisser pourrir le dossier des pesticides et les abeilles avec. J’ai à maintes reprises sur ce blog dénoncé l’utilisation de ces produits phytosanitaires dont toutes les études scientifiques sérieuses démontrent la nocivité. Et en particulier pour les insectes pollinisateurs.

Nicolas Hulot, dont je ne partage pas tous les points de vue, a écrit une tribune fort intéressante dans le journal Le Monde il y a quelques jours. Je la fais mienne. Une tribune consacrée exclusivement aux pesticides tueurs d’abeilles. Il a mis en évidence le rôle maintenant unanimement reconnu des insectes pollinisateurs (bourdons, abeilles sauvages, abeilles mellifères etc.) en faveur du développement des récoltes fruitières, légumières et ainsi en faveur de la production de denrées alimentaires favorables à l’homme. Il a aussi, à son tour, mis en cause des produits jusqu’à maintenant interdits d’emploi mais seulement pour une durée limitée.

Ce qu’il faut c’est les interdire définitivement. Mais Stéphane Le Foll, notre ministre de l’agriculture, se fait tirer l’oreille et sous l’influence des syndicats agricoles, appelle les parlementaires à tergiverser comme sait le faire ce gouvernement dans tant de domaines. La question est pourtant simple : les néonicotinoïdes sont-ils, oui ou non, nuisibles pour les insectes pollinisateurs ? S’ils le sont et la réponse et oui, la solution coule de source : il faut convaincre l’Union européenne de l’interdiction définitive de ces pesticides aux effets ravageurs et durables. Une fois de plus, le gouvernement français minaude et joue la montre. Ce n’est pas acceptable. On attend des associations de protection de l’environnement, des associations apicoles, des citoyens et des élus aussi évidemment, une action commune contre les produits toxiques. Il s’agit d’un enjeu environnemental, écologique et économique. L’interdiction des néonicotinoïdes doit être immédiate et permanente !

15 mars 2016

« Vade retro satanas » ou le péché de Monseigneur Barbarin


J’ignore quelle suite sera réservée à l'action judiciaire en cours contre Mgr Barbarin, cardinal et archevêque de Lyon. Le prélat est mis en cause dans une affaire — devinez quoi ? — de pédophilie ! Non pas que le monsignore soit lui-même amateur de petits garçons mais il est inquiété pour avoir tu des agissements coupables de la part d’un curé trop pressant et trop entreprenant auprès de jeunes scouts qu’il avait sous sa garde. Depuis 2007, semble-t-il, Mgr Barbarin savait !

Mgr Barbarin est bien embêté et on le serait à moins car il fallu l’intervention des victimes directement auprès du Vatican pour que le cardinal se manifeste lui qui avait, si j’ose dire, fait le mort pendant plusieurs années en attendant l’oubli et des jours meilleurs. Il se trouve que l’Eglise vaticane est traversée par de nombreuses crises et notamment par la conduite pleine de reproches de prélats américains, à l’origine d’un film oscarisé et actuellement sur les écrans (1). Car la pédophilie est un crime. Se livrer à des attouchements sexuels sur des mineurs, filles ou garçons, est totalement interdit par la loi et encore plus scandaleux quand les victimes sont très jeunes, voire pré-adolescentes. Le Vatican ne veut plus du silence ni du secret.

Le pape François successeur de Benoit XVI, s’inscrit ainsi dans le droit fil de son action puisque ce pape retraité avait décrété la tolérance zéro à l’égard des brebis galeuses. Il se trouve pourtant que l’Eglise a du mal à faire le ménage au sein de son personnel et se limite trop souvent à entendre en confession les auteurs des crimes sexuels. Les mettre à l’écart des enfants est plus qu’un devoir moral, c’est une obligation de même que la dénonciation de ces crimes auprès des autorités policières et judiciaires.

Si je consacre un billet à cette affaire ce n’est pas par provocation à l’égard des catholiques. Mais Mgr Barbarin, grand donneur de leçons devant l'Eternel, a participé activement à la Manif pour tous qu’il a soutenue voire inspirée. Il n’a jamais été avare de paroles plus ou moins blessantes à l’égard des homosexuels désirant se marier. Peut-être aurait-il dû faire preuve de compassion à l'égard des futurs mariés d’autant plus que l’homosexualité, en France, n’est ni un crime ni un délit. La loi punit au contraire ceux et celles qui injurient, agressent des hommes ou des femmes pour leurs préférences sexuelles. Dans un état de droit, la loi s’applique à tous. Qu’elle plaise ou pas. Il appartenait à l’évêque de Lyon, non seulement de dénoncer le crime de ses ouailles en soutane mais surtout de veiller à ce qu’elles ne soient plus en situation de récidive…et de tentation. Ce qu’il n’a malheureusement pas fait. Vade retro satanas !

(1) Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis au jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois…

13 mars 2016

« Merci patron ». Quand la bipolarité de Marc-Antoine Jamet fait le buzz sur les écrans


Connaissant les liens qui m’unissent à Marc-Antoine Jamet : proximité idéologique, estime réciproque (du moins l’espérè-je…) respect mutuel des différences voire des divergences, certains de mes amis m’ont lancé un défi : « oseras-tu annoncer sur ton blog la projection du film Merci patron » diffusé sur les écrans lovériens en avril prochain. Certains journaux (sauf le Parisien libéré et les journaux du groupe LVMH) parlent de ce film comme d’une information vraie et surtout comme la preuve de la schizophrénie dont serait victime le maire de Val-de-Reuil. Car le thème de la controverse est simple : « comment peut-on être de gauche (1) et également secrétaire général du groupe dirigé par Bernard Arnault, peu connu pour ses idées sociales et sa philanthropie ? »

Marc-Antoine Jamet. (photo JCH)
Il ne m’appartient pas de répondre à ces questions relevant à la fois de la psychanalyse, du goût du pouvoir, de l’acquis familial (du côté de sa mère) des dons et des qualités personnels de MAJ, de sa volonté de bien gagner sa vie (résultats d’une réussite sociale et éducative) et aussi d’exercer une diversité de genres que permettent à la fois ses responsabilités élevées dans le secteur privé et ses engagements concrets au bénéfice des gens moins favorisés qu’il aspire à défendre dans le domaine public. D’un côté, donc, le salarié éminent d’une grande entreprise du CAC 40, de l’autre l’élu animateur du débat idéologique au sein du parti de Jaurès, de Blum…et de Mitterrand et acteur de la vie locale et régionale avec des bilans plutôt positifs.

François Ruffin, réalisateur de « Merci patron » a longuement répondu aux questions de La Dépêche de cette semaine. Il y explique la nature de son projet et déclare s’inscrire dans une action permanente visant à dénoncer les méfaits d’un capitalisme inhumain et injuste — ce que je ne lui reproche point, bien au contraire —. Certes, il reconnaît que les moyens utilisés ne répondent pas toujours à une éthique exemplaire (avec l’utilisation d’une caméra cachée par exemple) mais c’est une concession nécessaire, affirme-t-il, quand on veut dénoncer des pratiques qu’il juge condamnables et qui sans cela, demeureraient cachées…ou en tout cas inconnues du grand public. Son film répond ainsi à un besoin de transparence si nécessaire eu égard au déplorable spectacle que nous offrent les acteurs de la vie politique française, à droite souvent et à gauche parfois.

Interrogé, Marc-Antoine Jamet personnage important ( ?) du film — à son corps défendant — considère, selon le journaliste de La Dépêche, ce documentaire « sans intérêt. » Il est évident que placé là où il est, il préfère botter en touche et ne pas remettre un euro dans le bastringue de la mise en cause personnelle. Le film ? Pour le juger, et j’en parlerai évidemment sur ce blog, j’attends de le voir et de m’en faire une idée personnelle. Ce que j’en sais aujourd’hui c’est ce que je lis et ce qui s’en dit. LVMH, Bernard Arnault et par conséquent Marc-Antoine Jamet en prennent pour leur grade.

Dans ce documentaire, l’objectif de François Ruffin est de venir en aide à une famille détruite par la violence d’un licenciement résultat de choix industriels tant de fois dénoncés par les syndicats de salariés et nombre de partis de gauche. La délocalisation d’activités textiles a entraîné la suppression de dizaines d’emplois dans le nord dont ceux du couple Klur poussés par le directeur du journal « Fakir » à réclamer une indemnisation à hauteur du préjudice subi. « Le Monde diplomatique » (dans lequel écrit François Ruffin) met en cause nommément « Antoine Jamet ancien hiérarque socialiste. » (sic) ce qui est approximatif car Marc-Antoine Jamet (c’est son vrai prénom) est toujours le Premier secrétaire de la fédération de l’Eure du PS au sein de laquelle il ne manque d’ailleurs pas d’opposants. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce film fait le buzz pour dénoncer le double langage que tiendrait MAJ à Paris…et à Val-de-Reuil. François Ruffin sera présent à Louviers le 19 avril jour de la présentation de son film au cinéma Forum et pour une rencontre avec le public et des explications. Il a eu beau jeu de proposer au secrétaire général de LVMH un débat contradictoire que Marc-Antoine Jamet a évidemment refusé considérant sans doute qu’il s’était fait piéger.

Plus équilibré, me semble-t-il, serait de proposer à François Ruffin de tourner un autre documentaire sans caméra cachée, cette fois, sur l’action de Marc-Antoine Jamet à Val-de-Reuil. Il s’intéresserait, par exemple, au-delà des changements importants apportés à l'urbanisme de la ville, au sort de la famille Dramé. Voilà une famille sénégalaise de six personnes (deux parents et quatre enfants) menacée, il y a maintenant quelques années, de reconduite à la frontière qu’une lutte importante de la société civile relayée par la mobilisation des élus (2) a permis de sauver de l’expulsion programmée. Aujourd’hui cette famille est intégrée à la vie rolivaloise, elle dispose de papiers pérennes, le père travaille, la mère parle le Français comme vous et moi et les enfants, doués, excellent à l’école. A l’heure où tant de voix s’élèvent contre l’accueil des réfugiés, contre l’ouverture de nos frontières et où tant d’intellectuels crient avec les loups, François Ruffin ferait œuvre salutaire en mettant en exergue l’intégration réussie de cette famille appelée à devenir française. Et je ne parle pas des 10 familles (dix !) syriennes accueillies à Val-de-Reuil, une ville qui n’est pas Calais.
 
S’attarder sur les défauts, ou présentés comme tels, de Marc-Antoine Jamet, personnage public, n’est pas critiquable. Comme tout un chacun, il a ses limites et ses contradictions. Elles mériteraient toutefois d’être compensées par les actions qu’il engage ou initie en faveur des collectivités qu’il sert et des populations qui lui en sont gré. Je souhaite que François Ruffin reçoive ce message 5 sur 5.

(1)  Si « socialiste » rime encore avec gauche évidemment.
(2)  Marc-Antoine Jamet, maire, a donné sans hésiter une seconde un travail à Keba Dramé alors même qu’il ne possédait aucun titre de séjour mais c’était la condition de sa régularisation. François Loncle, député, a agi auprès de la préfète d’alors Fabienne Buccio, pour débloquer le dossier administratif et Franck Martin a proposé un logement d’urgence à Louviers d’où le succès commun.