25 juin 2016

Un vent mauvais souffle sur l'Europe, les démagogues sont pléthore


Farage : un fieffé menteur.
Nigel Farage, le leader de l’UKIP, ce parti populiste anglais favorable au Brexit, est un fieffé menteur. Il a reconnu, hier, lors d’une interview télévisée, qu’il avait menti aux Britanniques lors de la campagne pré-référendaire. En affirmant que le Royaume uni versait chaque semaine 350 millions d’euros au budget européen et que la sortie de l’UE permettrait d’économiser cette somme et de la consacrer au service de santé, le démagogue de service a reconnu que cette promesse était à la fois fausse intenable.

Non seulement le montant de la contribution du RU au budget est nettement moins élevé (eu égard à ce qu’il reçoit) mais en plus, il ne sera pas question d’alimenter le budget santé puisqu’un nouvel accord avec l’UE pour accéder au marché unique européen obligera la Grande-Bretagne à verser son écot. Et quand la journaliste lui dit : « mais nombre de votants pour le Brexit ont cru à votre argument » Farage répond le plus tranquillement du monde que le résultat étant acquis, on ne reviendra évidemment pas en arrière…

Voilà bien le danger du vent mauvais qui souffle sur l’Europe en cette année 2016 et depuis plusieurs années maintenant. Les populistes de tous poils usent d’arguments mensongers, facilement gobés par un public qui ne comprend que ce qu’il souhaite et ne cherche pas à intégrer la complexité des situations. La France n’est pas exempte de ces bonimenteurs avant tout intéressés par le pouvoir pour des raisons parfois obscures, parfois claires, comme ces accusations d’abus de position portées contre des élus FN peu scrupuleux voire aux attitudes carrément mafieuses.

Et ce vent mauvais, n’en doutons pas, va continuer de souffler pendant des mois voire des années. Les élections française et allemande de 2017, présidentielle et législatives, vont permettre à ces charlatans d’occuper les antennes à longueur de journée. Si les journalistes et les hommes politiques sérieux ne sont pas plus vigilants et plus combatifs, de graves désillusions nous guettent. Il appartient donc aux citoyens de se montrer curieux, attentifs aux arguments développés et de veiller, pour le moins, à la vérité des faits et des chiffres. Ensuite chacun d’entre eux sera placé devant sa conscience.

Brexit et Union européenne : l'avertissement prophétique de Pierre Mendès France

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Pierre Meneès France à son bureau de la mairie de Louviers.
Un ami de Françoise Chapron, vient de lui adresser ce texte (d'ailleurs repris par Edwy Plenel dans Mediapart) s’appuyant sur un discours que prononça Pierre Mendès France avant la signature du traité de Rome en 1957. Prophétique.
« À bientôt soixante ans de distance, ce discours oublié semble une mise en garde prophétique, tant Mendès France y met en évidence les vices originels d’un marché économique commun qui, politiquement, ne pouvait que produire un éloignement progressif des peuples de l’idéal européen. Mendès France, qui sera parmi les 207 voix contre la poursuite des négociations sur l’élaboration du Traité (322 pour, 30 abstentions), n’hésite pas en effet à affirmer que ce projet « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle » et à y voir, si la politique économique de la France devait lui être soumise, « l’abdication d’une démocratie ».
Autrement dit, pour Mendès France qui, pourtant, prenait l’économie au sérieux, celle-ci ne pouvait être l’absolu d’une politique. Ou, plutôt, la politique, comme bien commun, délibération permanente et confiance partagée, ne pouvait s’y dissoudre, sauf à perdre en route la démocratie elle-même, son idéal et sa vitalité. Écoutons donc ce Cassandre, fort lucide et toujours jeune, qui, déjà, plaide au nom d’une forte exigence sociale et, surtout, prédit l’engrenage fatal d’une pédagogie anti-démocratique de la future Union européenne.
« L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, affirme le député Mendès France, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés. »
« Mes chers collègues, poursuit Mendès France, il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre gestion économique. Mais je ne suis pas résigné, je vous l’avoue, à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui est loin d’être le nôtre. Sur ce point, je mets le gouvernement en garde : nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision dans des matières qui touchent d’aussi près notre conception même du progrès et de la justice sociale ; les suites peuvent en être trop graves du point de vue social comme du point de vue politique.
« Prenons-y bien garde aussi : le mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. (…) Nous ne pourrons plus nous dégager. Nous serons entièrement assujettis aux décisions de l’autorité supranationale devant laquelle, si notre situation est trop mauvaise, nous serons condamnés à venir quémander des dérogations et des exemptions, qu’elle ne nous accordera pas, soyez-en assurés, sans contreparties et sans conditions. »
À la lecture de ces anciennes paroles, Mendès France prend soudain stature de devin tragique, anticipant ce que ses contemporains ne voient pas, parce qu’ils sont aveugles ou parce qu’ils s’aveuglent. Car c’est peu dire que la suite, notamment celle vécue ces trente dernières années par des gouvernements de gauche, élus sur des promesses sociales alternatives, aura donné raison à cette prophétie.
À la fin de son discours, Mendès France souligne le cœur du désaccord : ce projet de marché commun, résume-t-il, « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Autrement dit, un libéralisme économique qui ruine tout libéralisme politique, imposant la loi d’airain de la concurrence à la vie sociale, au détriment des solidarités collectives et des libertés individuelles.
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, conclut Mendès France, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
« Dire cela, ajoutait Pierre Mendès France, ce n’est pas être hostile à l’édification de l’Europe, mais c’est ne pas vouloir que l’entreprise se traduise, demain, par une déception terrible pour notre pays, après un grand et bel espoir, par le sentiment qu’il en serait la victime et, tout d’abord, ses éléments déjà les plus défavorisés. »
Faute de l’avoir écouté, nous vivons aujourd’hui ces temps de « déception terrible » prédits par Mendès France.

24 juin 2016

François-Xavier Priollaud et le Brexit : « les Européens doivent se ressaisir pour transformer la défiance en espérance »

« Le peuple britannique a décidé de quitter l’Union européenne à laquelle il avait adhéré il y a 43 ans. On ne peut que prendre acte de ce choix souverain qui marque une rupture historique et lourde de conséquences avec cette « union sans cesse plus étroite entre les peuples d’Europe » inscrite à l’article 1er des traités.

L’Union européenne est clairement menacée de dislocation. L’accumulation des crises associée à la montée des extrêmismes nous placent au pied du mur : les Européens doivent se ressaisir rapidement pour ne pas céder aux sirènes du populisme et se donner enfin les moyens de transformer la défiance en espérance. La jeunesse britannique, largement favorable au maintien dans l’Union européenne, est aujourd’hui désemparée.

Le Royaume-Uni vient de faire le saut de l’inconnu, entraînant dans son sillon tout un continent. Plusieurs mois de négociations seront nécessaires pour définir les modalités concrètes du retrait britannique.
La Normandie se trouve directement concernée à travers le programme transfrontalier Interreg V et aussi les nombreux échanges commerciaux qui nous lient au Royaume-Uni. Le Brexit nous impose d’inventer un nouveau cadre pour les relations transmanche qui tienne compte de notre proximité géographique, historique, culturelle et économique avec le Royaume-Uni. Une page se tourne, mais le livre ne doit pas se refermer. »

Commmuniqué de François-Xavier Priollaud, Vice-Président de la Région Normandie en charge des affaires européennes et internationales



Le Royaume Uni choisit le grand large


Les Ecossais ont choisi l'Europe à une forte majorité. Vue sur Saint-Andrews.  (photo JCH)
Après le Brexit voté majoritairement par les citoyens du Royaume uni, j’éprouve au moins une satisfaction. La défaite de David Cameron est une bonne nouvelle. Il a voulu jouer avec le feu en exerçant un chantage constant à l’égard de l’Europe — qu’au fond de lui-même il déteste — et en tirer le maximum. Rappelons nous Mme Thatcher et son « I want my money back ». Les dirigeants conservateurs aiment l’Europe quand elle les sert mais ils ne la servent pas. La décision de David Cameron d’organiser un référendum pour ou contre l’Europe avait deux objectifs principaux : il souhaitait reprendre la main contre les députés conservateurs eurosceptiques, tentés par l’UKIP de Farage, pour conserver le pouvoir et espérait tirer de l’Europe beaucoup plus que n’y apporte la Grande-Bretagne. Comme d’habitude. D’où les demandes extravagantes récentes acceptées pour quelques unes d’entre elles par ses collègues européens.

La victoire du Brexit c’est donc, d’abord, la défaite d’un homme, Cameron ; ensuite, il serait vain de ne pas reconnaître qu’il s’agit aussi de la défaite de l’Union européenne. Trop de différences sociales, économiques, culturelles entre les 28 devenus 27. Trop de différences financières entre la zone euro et les autres. Trop de paperasse, trop de règles tatillonnes, trop de directives sans direction. Londres et la City aiment bien l’Europe quand il s’agit d’accueillir les sièges des banques, des chambres de compensation…mais au-delà ?

Cameron s’en ira cet automne. Qui pour le remplacer ? Ce sera un dirigeant forcément favorable au Brexit. C’est lui (ou elle) qui devra négocier le retrait de la Grande-Bretagne de l’UE. Je lui souhaite bien du plaisir. D’autant que visiblement les tenants du retrait ne semblent pas presser de sortir, certains jouant la montre…face à l’abime. François Hollande l’a remarqué, ce matin dans son discours, en insistant pour que les dirigeants de la Grande-Bretagne annoncent publiquement et rapidement leur calendrier. Maintenant qu’ils sont dehors, ils doivent assumer ce choix et ne pas lanterner. Il n’est plus temps de tergiverser.

23 juin 2016

Le FN profite à fond du système qu'il dénonce…

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Je ne fais pas de fixation sur le Front national mais il est important que chacun sache comment se comportent les élus et les militants de ce parti d’extrême droite. La tarte à la crème de la famille Le Pen, père, fille, petite-fille, c’est la dénonciation du système. Ah le système. Quelle affaire. L’UMPS, la droite ou la gauche, tous pourris sauf le FN ! Comme c’est vite dit. Non seulement les élus de droite et de gauche ne sont pas tous pourris (il y a en leur sein, comme partout, des brebis galeuses) mais les membres du FN, plus que d’autres, se font pincer pour maintes entorses et fraudes commises contre les lois électorales et financières.

Jean-Marie Le Pen, député européen, vient de se voir signifier par les autorités dépendant de la Commission de Bruxelles, une baisse de son indemnité et la suppression de ses indemnités pour frais. Il est accusé d’avoir employé de 2009 à 2014 un assistant parlementaire payé par l’Europe pour laquelle il n’a pu présenter le moindre commencement de début de travail. Monsieur était ailleurs, il bossait pour le parti !

Le seul travail que connaît le FN à l’égard de l’Europe c’est un travail de sape et une volonté permanente de destruction. Pour ce faire, les députés européens du FN, non seulement émargent au budget européen, en plus ils font travailler des assistants pour leurs besoins militants et au service du parti bleu marine. Vous avez dit système ? En fait dirigeants du FN se paient sur la bête et profitent à fond du système qu’ils dénoncent.

Evidemment, l’enquête ouverte en mars 2015 se poursuit en France et débouchera, si tout va bien, sur des procès en correctionnel. A Bruxelles, d’autres élus européens FN sont dans le collimateur et devraient se voir signifier eux aussi des baisses d’indemnités. Il suffit d'être patient. Comme il fallait s’y attendre, les filous crient à la persécution ! Ben voyons, ils sont pris les doigts dans le pot de confiture et pourtant ils nient toute évidence. Nous ne nous lasserons pas de dénoncer ces profiteurs. FN ou autres, les élus touchent des indemnités provenant de fonds publics. On doit être assuré qu’on les paie pour ce qu’ils font dans le cadre de leur mandat pas pour faire tourner la machine de Saint-Cloud.

21 juin 2016

Plus de 40 % des Français prêts à cautionner la torture !


Quelque chose ne tourne pas rond dans notre République. Plus de 40% des personnes interrogées (dans le cadre d’un sondage commandé par une association chrétienne contre la torture) considèrent que la torture est une méthode admissible pour lutter contre le terrorisme ! La torture ? Sévices physiques, harcèlement moral, souffrances psychologiques, n’en jetez plus ! Ce pourcentage est aussi ahurissant qu’inquiétant. Décidément, notre démocratie est bien malade.

Etonnez-vous, en prenant connaissance de ce sondage, que les Français soient de plus en plus nombreux à souhaiter le rétablissement de la peine de mort…et, ce faisant, soient de plus en plus nombreux à voter pour les candidats du Front national. Ce sont les idées des Le Pen (toutes familles confondues) qui, en cette France de 2016, progressent à grands pas. Tuer, faire du mal, couper la tête, torturer…voilà donc les méthodes que préconisent un grand nombre de Français pourtant élevés au lait des droits de l’Homme. Des Français ont peur et leur peur les effraie tant qu’ils en oublient toute humanité, toute fraternité.

Il faut croire que l’éducation — et le système qui va avec — ne produit que peu de résultats positifs. Pour que les instincts prennent le pas sur la raison et, donc, pour que les tripes dominent le cerveau, il a fallu un abaissement progressif mais constant des valeurs morales supérieures. Ces valeurs qui font la différence entre une société évoluée et une autre…souvent totalitaire.

Et pourtant. Les Français devraient consulter plus souvent leurs livres d’histoire. La torture en Algérie reste une tache sur le drapeau de notre pays. Des forces armées toutes puissantes au service d’un pouvoir politique faible ont commis l’irréparable. Nombre de militants pour l’indépendance, qu’ils soient Français ou Algériens, ont connu les supplices de la gégène, de la baignoire, et d’autres encore ont été victimes de « la corvée de bois. » Comment pourrions-nous, même pour lutter contre le terrorisme, utiliser les mêmes moyens que les fanatiques djihadistes ? Comment pourrions-nous accepter dans une démocratie digne de ce nom que plus de 40 % de ses citoyens cautionnent des actes barbares ? La loi du Talion ne s’applique qu’au sein de la Mafia. Pas dans une République et un état de droit.

20 juin 2016

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : la participation des citoyens est nécessaire


« Le gouvernement a décidé d’organiser une consultation des électeurs de Loire-Atlantique, qui aura lieu le dimanche 26 juin. Les électeurs auront à répondre par « oui » ou par « non » à la question suivante : « Etes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? ». La LDH ne s’est pas prononcée sur l’opportunité de la construction de ce nouvel aéroport et ne se prononcera donc pas sur la réponse à apporter à la question posée par cette consultation. Elle considère, en effet, qu’une telle décision ne relève pas de son mandat ; elle entend, en revanche, donner son avis sur la procédure qui y a conduit.

Décider, aujourd’hui, de consulter les citoyennes et les citoyens, c’est dire que la procédure antérieure, pourtant présentée par le gouvernement comme satisfaisante, ne l’était pas. La démocratie se nourrit du débat public. Elle ne peut se limiter à la prise de décision des élus ou aux affirmations des experts. Tout particulièrement en ce qui concerne les grands projets. Manifestement, dans ce cas précis, comme dans beaucoup d’autres, les mécanismes de consultation et de débat ne répondent pas aux besoins d’un dialogue et d’une consultation réelle et non purement formelle. L’attitude du gouvernement qui provoque une autre expertise, démentant partiellement le projet initial, la poursuite des procédures d’expulsion en même temps que l’on appelle les citoyens et les citoyennes aux urnes, la circonscription restreinte de la consultation alors que le projet est présenté comme d’intérêt régional, tout cela conduit à penser que le résultat de cette consultation ne suffira pas à légitimer la décision qui sera prise ensuite, quel qu’en soit le sens.

Au-delà du cas d’espèce, c’est l’ensemble du processus qui amène à décider de tel ou tel grand projet qui doit être profondément revu. La transparence des projets, la diffusion des expertises et le débat contradictoire autour d’elles, l’information et la consultation effective des populations concernées doivent accompagner la décision des élus. Sans cela, les formes de la démocratie auront été, sans doute, respectées, mais pas l’esprit de celle-ci, qui seul permet l’adhésion la plus large. La LDH regrette qu’une telle démarche n’ait pas été mise en œuvre et ne soit toujours pas à l’ordre du jour, pour ce projet comme pour les autres.

La Ligue des droits de l’Homme appelle les pouvoirs publics à construire le dialogue sur le fondement d’informations complètes et de la participation du public à celui-ci, afin de pouvoir faire des choix conformes à l’intérêt général. Elle appelle les citoyens et les citoyennes à s’emparer de ce débat, dont cette consultation ne peut être qu’un des éléments. »

Le contenu de ce communiqué de la Ligue des droits de l’Homme me va bien. Il exprime un besoin de citoyenneté porté à un niveau supérieur. Pour que ce besoin soit satisfait, les autorités doivent faire preuve de la plus grande transparence sur les objectifs — et les moyens pour les atteindre — au prix de débats contradictoires avec le concours des promoteurs, des experts, des citoyens. La LDH n’oublie pas de souligner le rôle essentiel des élus « accompagnés » par les citoyens mais qui conservent le droit exclusif de décision. Sinon à quoi bon désigner des représentants même si « tout cela conduit à penser que le résultat de cette consultation ne suffira pas à légitimer la décision qui sera prise ensuite, quel qu’en soit le sens. »

19 juin 2016

Réflexions au débotté : le style des journalistes sportifs, le Brexit, Cambadélis le rusé, le référendum à toutes les sauces


Qu’il s’agisse de « Libération » ou de « l’Equipe », le style des journalistes sportifs n’est pas très différent mais il est peu châtié. A l’occasion de l’Euro, ils dissertent à l’infini sur les stratégies des sélectionneurs et ne se lassent pas d’évoquer le comportement des joueurs et des équipes. Ils font leur métier quoi. Il leur arrive de répéter des barbarismes et autres solécismes…regrettables, a priori, pour des professionnels de la syntaxe.
Prenons un exemple. Il est devenu courant de lire sous la plume des journalistes sportifs ou d’entendre dans les commentaires des envoyés spéciaux de la télévision qu’une équipe a « déjoué ». Pour dire « mal joué ». Quiconque consultera le dictionnaire y lira que le verbe déjouer est un verbe transitif et que, jamais, il n’a le sens employé par les professionnels des mots. On déjoue un complot, un attentat mais une équipe de peut « déjouer » même si ses membres jouent comme des pieds. Ce qui, pour un footballeur, est un grave handicap.
Pendant que j’y suis, je voudrais corriger quelques fautes de langage courant : on ne dit pas je vais « sur » Paris mais je vais à Paris. On ne visite pas un ami comme on visite un musée. On rend visite à un ami. Les avis ne peuvent être divers et variés. S’ils sont divers, ils sont variés et réciproquement.

Le leader de l’UKP, favorable au Brexit, pose sur une affiche de campagne mettant en cause les files de réfugiés fuyant la Syrie dont de nombreux enfants. Avec un slogan détestable, il fustige ces « flots » d’étrangers qui, soit dit en passant, sont plus le problème des autorités françaises à Calais que celles de Douvres depuis 2003 et l’accord que Sarkozy signa en faveur de la Grande-Bretagne.
Paradoxalement, si cette dernière sort de l’Union européenne, l’accord de 2003 pourra être remis en cause par François Hollande et les Britanniques auront, sur leur sol, cette fois, ces soi-disant hordes étrangères si méprisées des partisans du Brexit. D’ailleurs Jo Cox, la députée travailliste assassinée par le nazillon aujourd’hui inculpé de meurtre, se battait pour que l’accueil des réfugiés soit organisé, rationnel, digne. Elue depuis un an au siège de députée, elle avait vanté la richesse des échanges entre des populations d’origines, de religions, de couleurs différentes.

photo JCH
Qu’il est rusé ce Jean-Christophe Cambadélis. Il est vrai qu’on ne devient pas premier secrétaire du PS par hasard. Il propose une primaire à gauche réservée aux partis adhérents à ce qu’il appelle « la Belle alliance ». Cette alliance comprend le PS, le PRG et les écologistes pro-gouvernement Valls. Comme la primaire de toute la gauche s’avère impossible eu égard aux positions de Jean-Luc Mélenchon, du PCF et des écologistes canal historique et leur hostilité à François Hollande, Camba a eu cette idée géniale de proposer une primaire qui se soldera par le choix cornélien suivant : Hollande…ou Hollande.
Les frondeurs, les Hamon, Montebourg et Lienemann sont tellement pressés d’en découdre qu’ils vont se jeter dans la gueule du lion dès que le starter aura donné l’ordre de départ favorisant du même coup la candidature du social libéral. Le JDD nous révèle aujourd’hui que si Hollande a accepté le principe de cette primaire c’est parce qu’il est sûr du résultat autrement dit qu’il était sûr d’être désigné au second tour.
Cette primaire, modèle réduit, n’aura toutefois pas que des inconvénients. Même si elle ne sera en rien comparable à celle de 2011, elle permettra à la gauche de gestion d’occuper le temps de parole des médias et de contrebalancer la campagne (féroce) de la primaire à droite. Car n’en doutons pas, les Sarkozy et consorts comptent sur cette campagne pour noyer les journaux et les télés sous le flot de leurs débats.

 La mode est au référendum. Peine de mort : référendum. Extension du terrain d’aviation de Nantes-Notre-dame–des-Landes : référendum. Sortie de l’UE : référendum. Autoroute : référendum. Révocation des élus : référendum. On en mange à toutes les sauces mais surtout aux sauces populistes. C’est fou ce que le référendum plaît aux extrêmes. De droite ou de gauche, le peuple a toujours raison…surtout quand il n’a pas tort. Ce qui est remarquable c’est que les partisans du référendum sont toujours ceux et celles qui s’opposent aux projets comme s’il s’agissait d’une recette miracle destinée à contourner les fameux corps intermédiaires si honnis par Sarkozy. Les syndicats ? poubelle. Les association : nulles. Les élus : révoqués. C’est oui ou c’est non. On est pour ou on est contre. C’est le bien ou le mal. Pas de nuances, on taille dans la masse. Mais, fichtre, il arrive que le peuple, mal informé, trop ému ou pas assez réfléchi, se trompe lui aussi ? N’est-ce pas M. Robespierre ? Et alors, badaboum c’est la cata, la terreur. 
On se dit qu’une démocratie plus patiente, moins brutale, plus attentive aux contradictions de toutes sortes, n’exclut ni les convictions fortes ni les engagements sincères. Evidemment, il ne faut pas attendre de Daech ou de Marine Le Pen des nuances ou des tons de pastels. Toujours le gros rouge qui tache !