1 juillet 2016

Les deux battus de la semaine : Johnson et Tapie


Deux nouvelles me réjouissent cette semaine. La première concerne le Brexit et les aventures du fameux Boris Johnson. Il fut l’un des plus virulents opposants à l’Union européenne — pour des raisons souvent ignobles — se voyant plus beau que beau et en tout cas plus beau que David Cameron et quelques autres leaders du Parti conservateur. Comme il ne croyait pas à sa victoire, Johnson prit quelque distance avec le peuple britannique au lendemain du vote et alla jouer au cricket quand il aurait fallu être à la Chambre des Communes. Car c’est là que les lames des poignards s’aiguisaient et que les « amis » se préparaient à le mettre à bas.

Quelques heures avant l’heure limite pour l’inscription des candidats à la direction des tories, un ministre de Cameron, Mister Gove, déposa en effet sa candidature surprenant tout son monde et surtout son ami à qui il avait promis fidélité et allégeance. Au pays de Shakespeare, les coups de Jarnac (province anglaise il y a quelques siècles) ne sont pas rares et les traîtres sont pléthore. Comme partout me direz-vous. Toujours est-il que Boris Johnson, ne sachant plus quoi faire de sa victoire, baissa piteusement les bras pour annoncer au peuple esbaudi qu’il…ne serait pas candidat au poste de Premier ministre. En réalité, il s’agit d’une excellente nouvelle pour les Britanniques. Après avoir fait rire les journalistes pendant deux décennies, il fit penser qu’il était un fils naturel de Donald Trump (je blague). Et après avoir hésité entre le in et le out, Johnson se retrouve Grosjean comme devant et objet de blagues à répétition. Les Britanniques ont de la chance car Johnson aurait été un dirigeant incompétent et hésitant. Il aurait confirmé le chaos en cours…

La seconde information réjouissante c’est évidemment la défaite de Bernard Tapie devant la Cour de Cassation. Alors qu’il clamait urbi et orbi qu’il allait obtenir la confirmation de l’arbitrage pourtant annulé par la Cour d’appel de Paris, Nanard se retrouve bien dépourvu même s’il a pris soin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, semant une grosse partie de ses 404 millions d’euros dans divers paradis fiscaux afin que l’Etat français ait les pires difficultés pour les recouvrer.
La Cour de Cassation a validé l’annulation de l’arbitrage mais elle a fait plus puisqu’elle permet à la Justice de demander des comptes à la « Sarkozye » au sein  de laquelle les Lagarde, les Guéant, les Woerth risquent de gros ennuis tout comme le Sarkozy d’avant la présidentielle. Les juges ont bien tenté d’interroger l’ancien président mais celui-ci s’est appuyé sur son immunité pour demeurer caché. Il n’empêche. Les différentes étapes judiciaires démontrent et démontent le rôle des protagonistes mis en cause. Ils ont permis à Tapie de bénéficier d’un arbitrage frelaté tout à l’avantage de l’ancien président de l’OM. Thatcher disait « I want my money back ». L’état français peut en dire autant à Tapie : « Nous aussi, nous voulons l’argent indûment versé. »

29 juin 2016

Charlie-Hebdo : vous qui partez, songez à ceux qui restent


On ne connaît vraiment bien sa famille qu’au moment de l’héritage. Les membres (anciens et actuels) de l’équipe de Charlie Hebdo sont en train d’en faire l’amère expérience. Tout cela pour des questions d’argent évidemment.

Personne ne sort indemne d’une tragédie comme celle vécue par les amis de Cabu, Wolinski, Riss, Charb et les autres (policiers, secrétaires, journalistes, etc.) et les survivants doivent faire face à une multitude de problèmes dont leur propre sécurité n’est pas la moins essentielle. Mais il y a les morts et leurs familles. Des épouses, des compagnes, des compagnons, des enfants…qui n’ont pas perdu que des êtres chers. Ils (et elles) ont également vu disparaître des piliers importantes de leur vie affective et matérielle.
Voilà pourquoi les promesses faites au lendemain du 14 janvier 2015 doivent être tenues. Voilà pourquoi l’immense capital accumulé sous le coup de l’émotion justifiée ne doit pas seulement servir de trésor ou d’épargne. Les proches des victimes méritent d’être correctement indemnisés puisque la survie de Charlie Hebdo n’est plus en cause et que les déchirements des semaines consécutives à l’attentat des djihadistes commencent à s’estomper.

Il se trouve que l’épouse d’un journaliste mort dans les attentats du 15 janvier 2015 ne comprend pas très bien les modes de calcul des dirigeants de Charlie Hebdo et n’accepte pas ce qu’elle appelle « un manque de transparence ». Il serait juste et digne que les comptables du journal satirique publient les recettes effectivement perçues et l’usage qui en est fait. Il est anormal qu’une minorité s’arroge le droit de disposer des sommes avant tout destinées à un collectif comprenant les vivants et les morts.

26 juin 2016

Les appentis sorciers du Brexit jouent la montre


Les Boris Johnson et Nigel Farage n’ont — malheureusement pour eux — pas de plan B. Ils ont gagné le référendum et obtenu le droit de sortir de l’UE mais face à cette victoire, ils sont comme tétanisés. Depuis des mois, ils font campagne pour le out sans en anticiper toutes les conséquences. On appelle ces gens-là des apprentis sorciers. Alors, comment faire face à une situation mal évaluée, mal calculée, mal préparée ? Une situation suscitant bien des troubles au sein des deux partis majoritaires, les conservateurs et les travaillistes. Corbyn, le responsable du labour, est d’ailleurs dans la ligne de mire des snipers du cabinet fantôme et demain pourrait bien être un jour de vérité pour celui qu’on accuse d’avoir été mou du genou pendant la campagne. 45 % des militants du Labour ignoraient que leur pari était favorable au maintien dans l’Union européenne. La  faute à qui ?

Que souhaitent les auteurs du Brexit ? Jouer la montre. Gagner du temps. Boris l’échevelé (une vidéo passé en boucle rappelle qu’en 2013 il défendait l’UE avec conviction) veut prendre tout son temps avant que le premier ministre adresse la fameuse lettre de sortie au président de la Commission européenne. Hâtons-nous lentement, c’est le nouveau mot d’ordre de ceux qui, hier, semblaient bien pressés de quitter l’union. Pourquoi attendre ? Pour engager dès maintenant des négociations permettant à la Grande-Bretagne de discuter en position de force les futurs accords économiques avec l’UE. M. Johnson veut le beurre, l’argent du beurre et si possible la crémière. Ce qu’il veut, c’est simple : priver la Grande-Bretagne des inconvénients de l’Union et en même temps bénéficier de tous ses avantages dont l’accès au marché unique…On connaît la chanson.

Va-t-on le laisser faire ? Surtout quand Angela Merkel, pour des raisons plus économiques que politiques souhaite ne pas déplaire aux auteurs du Brexit. Elle sait combien les relations entre l’Allemagne et le Royaume uni sont fortes, elle qui a si souvent trouvé en Cameron un appui solide. On comprend qu’elle veuille ménager ses anciens amis et ne pas insulter l’avenir. François Hollande ne semble pourtant pas disposé à jouer ce jeu subtil et combinard. D’où la recherche d’appuis auprès de Matteo Renzi, notamment, qu’il rencontre ce soir.

Car chaque jour qui passe ajoute à la confusion. Si, comme le prévoit les textes, une période de deux ans doit permettre la sortie en bon ordre de la Grande-Bretagne on ne doit pas pour autant satisfaire les extravagantes demandes de ses dirigeants actuels. Un pied dedans, un pied dehors, c’était bon hier. Boris, lui, a les deux pieds dans la m…Il l’a bien cherché. Qu’il se dépatouille sans nous.