24 septembre 2016

Les propositions de Marine Le Pen pour l'éducation : une vision de cauchemar


L’élection présidentielle arrive à grands pas et les candidat(e)s commencent à exposer leurs programmes. L’éducation étant un chapitre très important — même si certains privilégient les débats sur l’identité nationale — il n’est pas indifférent de connaître les projets de Marine Le Pen et de son parti sur l’éducation.
Disons le tout net et cela n’est pas étonnant, les propositions de Marine Le Pen ont de quoi hérisser le poil des enseignants et inquiéter parents et élèves. Une amie m’adresse le commentaire suivant : « un programme réac de chez réac. » Le port de l’uniforme, mesure emblématique, serait en quelque sorte la cerise sur le gâteau, un gâteau bien indigeste pour tous ceux et celles qui croient aux vertus d’un enseignement prenant en compte l’intérêt des enfants avant celui des gouvernants.
Disons le tout net, ce programme est à l’image du parti d’extrême droite : brutal. Quand on pense que Marine Le Pen prétend être celle qui défend les « oubliés » du système, ce qu’elle propose en accroîtra leurs difficultés au nom bien sûr de l’excellence, un mot que ne récuserait pas Nicolas Sarkozy qui en connaît un rayon surtout dans le domaine judiciaire. Examinons donc le programme de Marine Le Pen en détail grâce au site touteduc.fr que je remercie de m’avoir autorisé à reproduire ses constatations.

« Pour Marine Le Pen, l'Ecole a pour finalité de "donner à chacun la possibilité de faire valoir son mérite personnel". Elle l'a dit hier 22 septembre en conclusion de la "convention présidentielle" consacrée au "redressement" de l'Ecole et de l'Université. Dénonçant "la situation dramatique de l'Ecole de la République", mêlant idéologie et souci de reprendre les solutions proposées par "les vrais experts" que sont les acteurs de terrain, la candidate à l'élection présidentielle n'a pas donné son programme pour l'Ecole, mais a annoncé qu'elle reprenait déjà à son compte trois des 100 propositions que lui ont présentées les collectifs Racine et Marianne : à l'Ecole primaire, 50 % du temps serait consacré à l'enseignement du français, le collège unique deviendrait un "collège de détermination", où une orientation vers la voie professionnelle serait possible après la cinquième, la sélection serait instaurée à l'entrée de l'enseignement supérieur.

La présidente du Front national (même si le parti n'est jamais cité) s'en prend aux "folies pédagogistes", aux "dogmes" que seraient l'idée que "l'élève créerait son savoir", le collège unique et le refus de la sélection. Elle veut mettre fin aux réformes qui se succèdent "depuis Haby", aux expérimentations prévues par la loi Fillon alors que "les élèves ne sont pas des cobayes" pour en revenir à un enseignement "moins créatif". Le collectif Racine veut d'ailleurs "instaurer le cours magistral à tous les niveaux". Elle dénonce les sciences de l'éducation et les experts qui prétendent "faire la leçon" aux enseignants. Pour elle, c'est à partir de leurs propositions que doit être construit "le cadre" qui serait "issu du terrain", mais dont serait "réaffirmé le caractère national".

Voici les principales propositions qui lui ont été soumises.
— Les écoles primaires deviendraient des EPE (établissements publics d'enseignement) avec un directeur qui aurait un statut ; les collèges et lycées perdraient le L de EPLE (établissements publics locaux d'enseignement). Seraient supprimés les "projets d'établissement", les "conseils pédagogiques" et les "commissions éducatives". L'administration serait "recentralisée" et les Régions n'auraient plus la responsabilité de la carte des formations. 

— Les programmes seraient élaborés par un collège d'enseignants.

— Un nouvel enseignement, "civisme et droit" serait introduit, avec pour mission l'intégration à la nation, chacun sachant ce qu'il lui doit.

— Un enseignement des sciences informatiques serait créé (pour ces deux disciplines nouvelles seraient créés deux CAPES).

— La méthode syllabique "qui a fait ses preuves pendant des générations" serait imposée.

— Les programmes seraient annuels et un élève qui ne les maîtriserait pas à la fin de l'année redoublerait.

— La notation chiffrée serait rétablie.

— L'uniforme (à ne pas confondre avec la blouse) serait imposé.

— Les CPGE (classes préparatoires au grandes écoles), fondées sur "l'excellence", serviraient de modèle à l'ensemble du système scolaire. Elles fourniraient de plus le vivier des futurs enseignants qui, pour ceux qui ne seraient pas admis dans l'une des deux ENS (école normale supérieure), entreraient dans une "école normale régionale" où, loin des "pédagogistes", ils recevraient une "formation disciplinaire d'excellence" pour préparer le CAPES ou l'agrégation, avant de se préparer à enseigner pendant un an avec un tuteur.

— Le système APB serait supprimé.

-— Le port de signes religieux serait interdit à l'Université.

-— Serait supprimée "la spécialisation progressive" à l'Université.

(Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 23 septembre 2016)

23 septembre 2016

A Lille « La Citadelle » ne doit pas devenir une forteresse identitaire


« La LDH de Lille est intervenue auprès du Préfet de Région et de la Maire de Lille pour réclamer la fermeture et l’interdiction du Bar « La Citadelle », rue des Arts au centre de Lille. Nous ne surestimons pas l’audience publique d’un tel lieu qui deviendrait le centre de rencontres d’une poignée de nostalgiques du KKK, de l’apartheid et de la nuit de cristal. Mais nous ne la sous estimons pas non plus : « La Citadelle » contient tous les ingrédients propices au renforcement des atteintes aux principes républicains : xénophobie, homophobie, sexisme, islamophobie, ségrégation, exclusion, incitations à la haine ; toutes idées condamnées explicitement par la Charte de l’ONU, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le préambule de la Constitution de la République française.
Cela suffirait à justifier la fermeture et l’interdiction d’un tel lieu.

Mais « La Citadelle » va plus loin en prétendant devenir au cœur de la capitale de la Région Nord-PdC-Picardie, le quartier général d’un groupe identitaire qui, de ce lieu, pourrait étendre son réseau de contestation de la démocratie et des valeurs humanistes et troubler l’ordre public par des réunions, des films, des débats provocateurs contre les libertés, l’égalité des droits, les solidarités, la mixité sociale et le « vivre ensemble ».

Les lieux animés en région par les identitaires sont surtout connus par la fréquentation de personnages »sulfureux » mêlés à des trafics, à des actes de délinquance graves, à des incitations et à des pratiques de discrimination. 
Les contrôles illégaux dans le métro, la défense violente de la « race blanche », les pratiques de gros bras et d’agressions de militants antiracistes, la création d’un club de « boxe de rue » sont des faits qui montrent qu’au quotidien les identitaires ont l’intention de chercher à s’imposer comme l’expression d’un « ordre nouveau » contradictoire avec l’ordre républicain. Et «La Citadelle » veut être le lieu de contact, de formation, de promotion, d’organisation de ce réseau factieux.

Les laisser s’installer au centre de la ville de Lille – même sous forme d’un club privé - est un renoncement grave que nous ne pouvons cautionner par notre silence et notre apathie. Surtout dans le contexte social actuel. La préfecture du Nord et la ville de Lille disposent de moyens de dépasser la simple analyse juridique commerciale. Les principes constitutionnels et législatifs dépassent la simple application du code du commerce. C’est la raison de notre demande d’interdiction et de mise en œuvre de tous les moyens d’investigation, de contrôle et de répression dont elles disposent pour faire cesser le trouble à l’ordre public que constitue l’existence de ce club-bar dont le but avoué est de contredire le passé d’accueil de notre région et de notre ville au nom d’un repli identitaire passéïste.

Pour sa part, la LDH de Lille entend rassembler les syndicats et les associations républicaines pour organiser une riposte commune et inciter les pouvoirs publics à aller au bout de leurs convictions humanistes et de leur mandat constitutionnel pour briser l’enchaînement de la haine que constitue l’ouverture de « La Citadelle ».

(Communiqué de la section lilloise de la ligue des droits de l’Homme)

22 septembre 2016

Christine Boutin ? Une fanatique bien imprudente…

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Christine Boutin aurait fait une bien piètre journaliste. Il est vrai qu’elle ne s’est pas distinguée, non plus, lorsqu’elle était ministre. S’il est une information qu’on doit prendre avec des pincettes, la vérifier, la recouper, la vérifier encore, c’est bien l’annonce de la mort de quelqu’un. En balançant sur Twitter avec nonchalance et une forme de mépris que Jacques Chirac était mort, Christine Boutin a eu beau se défendre en mettant en avant une source sure, elle a commis plus qu’une bévue : une faute grave contre l’éthique et la vérité. Qu’elle se rassure. Jacques Chirac est un homme et comme tous les hommes sont mortels, il finira par mourir un jour. Comme nous. Il suffit de respecter le bon timing.

Ce qui est remarquable dans le tweet mensonger de Mme Boutin, c’est qu’il correspond à une forme de caractère et de personnalité très singulière. Cette femme, homophobe (1), célèbre pour ses saillies contre l’avortement, le mariage pour tous, sa campagne contre le PACS et tout ce qui touche au « sacré » version rétrograde, est une militante sectaire voire fanatique. Qui aura eu tort sur tout. Venue à Louviers, il y a maintenant plus de 20 ans, j’avais eu l’occasion de l’écouter narrer ses fables et sa vision fantasmatique du monde et pu mesurer la distance séparant sa vision de la vie en société avec celle communément admise dans une France au sein de laquelle la laïcité demeure une valeur première. Elle ne changera donc jamais.

Après sa perle regrettable, Christine Boutin va à nouveau être moquée et vilipendée sur les réseaux sociaux. Objet de raillerie, la militante chrétienne aussi caricaturale qu’excessive aurait dû se méfier de ses instincts. En voulant tirer plus vite que son ombre, elle a pris le risque, une fois encore, de faire le buzz. A ses dépens, ce qui n’est rien, et surtout de la vérité, ce qui est beaucoup plus grave.

(1) en déclarant que « l'homosexualité était une abomination » Mme Boutin a été condamnée par la justice de notre pays.


21 septembre 2016

Canal Plus à la veille d'un accident industriel ?


« Le grand rafraîchissement marketing de Canal+ se poursuit. Alors que le groupe audiovisuel va lancer, en partenariat avec Orange, le 7 octobre, un mini bouquet Canalsat à moins de 10 euros par mois. Avant cela, dès ce mercredi,
Il propose une offre à 20 euros permettant d’accéder à «la chaîne Canal+ et son replay[…] sans engagement, exclusivement sur PC, tablettes et Smartphones », annonce le directeur général, Maxime Saada. Pour Canal+, qui a toujours vécu sur la vente d’une seule offre d’abonnement à prix élevé (40 euros), cela ressemble surtout à un test grandeur nature pour un groupe en perte de vitesse. »
Ce communiqué paru dans Libération de ce jour démontre clairement que Canal Plus n’est pas loin de l’accident industriel. Abonné depuis 1989 à cette chaine, j’ai suivi de très près son évolution pour déplorer, aujourd’hui, combien un abonné d’origine peut être déçu et pourquoi ne pas le reconnaître, révolté, à l’égard d’une chaine payante devenue une catastrophe médiatique.
Vincent Bolloré, en devenant l’actionnaire de référence de Canal Plus, a géré cette entreprise comme il gère les ports africains : en terrain conquis. Il n’a rien compris (ou trop bien ?) à la culture de cette chaine, à ses subtilités, à son insolence contrôlée, à son humour corrosif même si parfois une certaine lourdeur paraît superfétatoire. Et puis, sa gestion des personnels semble totalement inadaptée aux temps modernes. Il a viré, sans plus d’explications, des cadres clés de Canal Plus et imposé le départ de certains et certaines comme on n’ose plus le faire dans une entreprise digne de ce nom. Si bien que le Grand journal est devenu une émission d’une pauvreté affligeante, le petit journal de Eldin une tragique méprise, au point que « Quotidien » de Yann Barthès sur le groupe TF1 démontre une audience toujours croissante. Je ne me croyais pourtant pas capable de rejoindre les rangs des «fans» du groupe Bouygues !
En perdant 500 000 abonnés en un an, Bolloré pouvait croire à un maximum. Pas du tout. La campagne de désabonnement se poursuit et ce n’est pas la médiocrité des matches de football de la ligue 1 qui va pousser l’amateur de football à renouveler son contrat. La première ligue anglaise fait maintenant le bonheur de M. Drahi lequel a compris d’où venait le vent et surtout vers où il poussait le bateau.
Le constat et les initiatives d’aujourd’hui posent un autre problème. Une offre à 20 euros mensuels pour une durée indéterminée crée une disparité énorme avec les abonnés traditionnels. Ceux qui, comme moi, paient 37 euros par mois, vont sans doute juger que la vache à lait a assez donné. L’hémorragie n’est donc pas terminée.

19 septembre 2016

Nuit noire à Louviers : l’économie réalisée en vaut-elle la chandelle ?


Dans un souci d’économie, le maire de Louviers a décidé une expérimentation que d’autres avant lui, ont initié dans leur village ou dans leur ville. Éteindre les feux, dès 22 heures et jusqu’à 5 heures du matin pour réaliser 50 000 euros de gain annuellement. Cette décision fait que des quartiers entiers et des rues importantes ne bénéficient plus de l’éclairage public alors que l’automne va arriver et que l’hiver sévira en son temps.
Le premier souci des Lovériens, face à cette expérimentation est évident : « notre sécurité sera-t-elle assurée ? »
Le maire assure que oui eu égard aux statistiques démontrant que la nuit, même avec l’éclairage, les faits délictueux ne croissent pas. La sécurité étant avant tout un sentiment ou une impression, je ne suis pas certain que les arguments mathématiques pèseront très lourds comparés au ressenti de la population. Les couche-tard, qu’ils soient piétons ou au volant de quelque engin, jugeront peut-être qu’il est plus difficile de déambuler et de circuler sur des places et des rues privées d’éclairage, d’autant que des obstacles connus ou inconnus se dresseront devant eux. Je pense notamment aux aménagements réalisés pour limiter la vitesse et privilégier le stationnement. La route de Pacy, par exemple, ou la route de Saint-Pierre, appartiennent à cette catégorie.
Les astronomes seront, paraît-il, très heureux de cette innovation puisque les étoiles et les galaxies seront plus facilement observables avec un ciel d’encre. Il doit bien en exister une vingtaine dans notre ville. Qu’il ne faille pas systématiquement déplorer le changement est souhaitable. J’espère toutefois que le maire saura dresser un bilan objectif de l’expérience et qu’il nous fera connaître ses conclusions…éclairées.