23 janvier 2017

Benoît Hamon a donné du sens au vote des électeurs de la primaire à gauche


Dépouillement dans les bureaux du Moulin. (photo JCH)
Une impression de vide. En pénétrant, hier dans le bureau de vote situé au Moulin à Louviers, j’ai ressenti subitement des regrets après ce que j’avais vécu en 2011 lors de la première primaire de la gauche. Pas une âme, pas un chat. Il était midi, il est vrai, mais j’ai compris que cette votation ne serait pas un grand succès populaire. Elle ne le fut pas, en effet, au point que la direction nationale du Parti socialiste minaude à n’en plus finir pour rendre publics les chiffres de la participation. 1,5 million, 1,6, moins ou un peu plus ? Décidément, Cambadélis n’a toujours rien compris aux exigences de 2017 et à l’absolue nécessité d’en finir avec la langue de bois.

Les votants ont eu raison
Ceux et celles qui sont venus voter ont quand même eu raison. Organiser un suffrage ouvert à tous présente évidemment des risques. Quand un gouvernement dit de gauche « offre » le bilan tel que celui défendu par Manuel Valls et qu’on demande à des gens de gauche de l’avaliser ou de le critiquer, il faut être très motivé pour faire acte de civisme, apporter son écot, signer la charte des valeurs et choisir parmi les sept postulants, celle ou celui qu’on préfère ou qu’on déteste le moins. Abandonnons donc le verre à moitié vide.

 Montebourg éliminé
J’ai éliminé Montebourg de mon choix dès l’annonce de sa candidature. Comment celui qui en 2007 avait qualifié François Hollande de « plus grand défaut de Ségolène Royal » a-t-il pu se désister en sa faveur en 2011 lors de la primaire et faire perdre, ainsi, Martine Aubry ? Il connaissait l’homme, ses limites et ses pratiques. Devenu frondeur sur le tard, Arnaud Montebourg ne pouvait retrouver, à mes yeux, la sincérité d’un Benoît Hamon.Voter Valls ? Impossible. La déchéance de nationalité exigée par le FN et Sarkozy m'est restée au travers de la gorge. Céder là-dessus, c'était céder aux sentiments les plus vils. Quant aux 5000 réfugiés — seulement — accueillis en France, quelle pitié !

Privilégier le terrain social
En se plaçant d’emblée sur le terrain social, Benoît Hamon, le député de Trappes a évidemment rallié bien des sympathies. Un candidat de gauche doit avant tout se soucier de justice sociale ; Tout en découle. L’éducation, l’emploi, la culture, la santé, le traitement du chômage et de la lutte contre la pauvreté. Benoît Hamon, en démissionnant du gouvernement Valls, a annoncé la couleur : la politique de l’offre sans contreparties est indéfendable. Le revenu universel, sans doute utopique sur le papier, est une idée réaliste dont le mérite est de susciter un débat de fond pour de futurs gouvernants de gauche. Bien sûr qu’un coup annuel théorique de 350 milliards d’euros est impossible à assumer. Bien sûr que la valeur travail est aussi et surtout une valeur de gauche. Bien sûr que les richesses ne sont pas produites d’un claquement de doigt et que l’entreprise (petite et grande) a une importance colossale dans les échanges économiques et la création d’emplois. A condition de réinvestir les profits et de partager avec les salariés une partie de la valeur ajoutée. 

Ne pas sacrifier les jeunes générations
Comment assurer l’autonomie, l’indépendance des jeunes s’ils ne sont pas aidés par la société et assurés d’un revenu minimum apte à les lancer dans le grand bain de la vie professionnelle ? Le revenu universel ? Il y faudra des critères, des analyses, des projections mais, de grâce, ne partons pas battus et ne sombrons pas dans l’agression contre une idée qui a d’abord le mérite d’exister et de motiver celles et ceux et qui, hier, ont voté comme ils l’ont fait.

Reconquérir les territoires
Et maintenant. Il reste une petite finale dimanche avec un Valls en retard et Un Hamon confiant avec le soutien de Martine Aubry et ses amis. Imaginons Hamon désigné par le vote. Il portera les couleurs des socialistes au premier tour de la présidentielle. Les sondages actuels le placent à 5%. C’est très peu. Cela ne garantit pas une présence au second tour et peut contribuer à favoriser un duel entre Fillon-le-brutal et La famille Le Pen. Que cherche-t-on ? Un Macron à l’efficacité purement électoraliste et éphémère ou la construction d’une gauche doté d’un avenir par la reconquête des territoires et des collectivités. Benoît Hamon ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs. Il devra être patient, courageux et obstiné. Comme Mitterrand et Jospin avant lui.

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