6 mars 2017

Le travail de Pénélope Fillon auprès de M. Joulaud n'était que « paroles verbales » (1)


(capture d'écran).
Dans le JDD d’hier, Pénélope Fillon est longuement interviewée par deux journalistes. Le plus intéressant n’est pas tant les réponses qu’elle donne que la publication deux pages plus loin d’extraits des procès verbaux des interrogatoires des époux Fillon par les policiers de la police judiciaire. Je ne prendrai qu’un exemple du travail « effectif »…effectué par Pénélope Fillon auprès de l’ancien suppléant de son mari devenu député quand celui-là a été nommé premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Pénélope Fillon, au service de M. Joulaud, ancien suppléant donc de François Fillon, payée jusqu’à 10 000 euros par mois, n’avait qu’une action « orale » affirme-t-elle. Celle de le relier du Palais Bourbon (à Paris) à la circonscription de la Sarthe ! Une action orale ! Etonnons-nous, dès lors, que la réalité du travail accompli ne puisse être apportée ou concrétisée puisqu’il ne s’agissait que de « paroles verbales » comme disent les hommes politiques. Qui peut, dès lors, croire sérieusement que ce travail n’était pas fictif ? Qui peut croire qu’un travail « oral » peut convaincre le parquet et les juges d’instruction de la réalité d’une collaboration concrète et réelle ? François Fillon a beau clamer partout que sa femme a travaillé à la discrétion de son employeur « et que personne d’autre que ce dernier n’a à contrôler le contenu de ce travail » il sera certainement obligé de trouver un autre angle de défense s’il veut convaincre les juges d’instruction de sa bonne foi. 

Quant à M. Ladreit de la Charrière, de la Revue des deux mondes, s’il a embauché Mme Fillon, « c’est à la demande son mari » lequel l’a décoré de la croix d’officier de la Légion d’honneur quelques mois après, suscitant la curiosité des juges qui le soupçonnent de trafic d’influence (2) délit retenu par le parquet national financier.

De même, le toujours candidat LR à la présidence devra également répondre de « fausse déclaration de patrimoine » devant la Haute autorité pour la transparence de la vie publique qui sous-entend une sous estimation des propriétés que possède le couple Fillon. La perquisition effectuée récemment par la PJ dans le manoir-château de Sablé n’avait d’autre but que d’expertiser le bien des Fillon au prix du marché. Cet ensemble de délits aboutira sans doute à la mise en examen du couple Fillon.

Alain Juppé, ce matin, en réitérant sa volonté de ne pas être candidat à la présidence de la République, a clairement affiché son opposition aux arguments de Fillon. Le maire de Bordeaux assure que « le complot judiciaire et l’assassinat politique » n’ont aucune réalité (« le prétendu complot ») et que jamais la droite ne s’est trouvée dans une situation aussi catastrophique à quelques semaines du premier tour de la présidentielle. Venant d’un ancien Premier ministre, lui-même victime d’une condamnation pour emplois fictifs (à la mairie de Paris) ces propos devraient ouvrir les yeux des militants les plus radicalisés. L’élection imperdable est devenue l’élection ingagnable.

(1) pléonasme couramment utilisé en politique.
(2) Le trafic d’influence est le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.

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