13 septembre 2017

Gérer le chaos après le passage d'Irma la dure : la polémique patientera quelques semaines


Quand vous perdez tout, quelle que soit l’origine du drame que vous vivez, vous avez la haine. C’est normal, c’est humain. Du moins dans un premier temps. Vous criez à l’injustice, vous cherchez des responsables. Il est bien rare que vous n’en trouviez pas. En cas de catastrophe naturelle, c’est parfois la faute à pas de chance, en cas de séisme notamment, mais la responsabilité des hommes peut être également engagée face au réchauffement climatique et aux modes de constructions inadaptés. Même si le maire de la Faute-sur-Mer, par exemple, s’est très bien sorti judiciairement parlant des conséquences de la tempête xynthia, il n’en demeure pas moins qu’il était totalement aberrant de sa part d’avoir délivré des permis de construire dans une zone inondable, ô combien !

L'arrivée sur l'aéroport de Saint-Martin. (photo HP)
Aux Caraïbes et surtout à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ce sont les effets de l’ouragan Irma que la France déplore aujourd’hui. Alors qu’Emmanuel Macron a survolé les îles antillaises pour se rendre compte de visu du désastre et des pertes immenses, « la colère et l’exaspération » des populations l’attendaient de pied ferme à sa descente de l’hélicoptère. Le Front national — relayé par Ciotti et Mélenchon — a mis en cause le gouvernement dont « l’amateurisme » est selon lui patent. On savait, assure M. Sébastien Chenu, porte-parole de Mme Le Pen, depuis plusieurs jours, que l’ouragan de force 5 allait faire très mal et les autorités françaises « n’ont rien anticipé ». A l’entendre on se demande même si elles ne l’ont pas fait exprès. Voilà comment on décrit le monde vu d’un bureau à Paris.

Annick Girardin, ministre de l’Outre-Mer est sur place depuis le passage d’Irma. Elle a coordonné les secours et l’assistance basés en Guadeloupe puisqu’il eût été impossible de mettre en danger les futurs intervenants sur les îles visées elles-mêmes. Qu’il y ait eu des pillages, c’est évident. Malgré quelques défaillances, inévitables en cas de chaos, bien des rumeurs ont circulé, sans fondement. Un exemple : jamais la prison (côté hollandais de Saint-Martin) n’a permis à 250 détenus de s’échapper. Il reste que sans eau, sans électricité, sans téléphone, sans Internet, il est bien difficile, voire impossible, de rendre compte avec exactitude de la situation et de coordonner forces de sécurité, militaires, médecins, croix rouge, distribution d’aliments de bouteilles d’eau. Quand la préfecture elle-même, la caserne des pompiers, l’hôpital sont inutilisables, il est quasi impossible de mettre les plus fragiles à l’abri…

Une commission parlementaire dira si le gouvernement a failli : et si oui, quand, comment, pourquoi ? Comme dirait le président, les temps actuels ne sont pas à la polémique mais à l’action. Ce que font le gouvernement et les secouristes. On ne pourra en tout cas pas reprocher à Emmanuel Macron son manque de compassion ou son indifférence. Jupiter est descendu de l’Olympe pour entendre le peuple qui souffre et répondre aux questions qu’il se pose. Autant je ne lui pardonne pas son « fainéant » autant je partage son point de vue sur l’attitude des politiciens qui s’opposent pour s’opposer. Elle est indigne.

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