27 janvier 2017

Les résultats officiels du premier tour de la primaire citoyenne


Thomas Clay, le président de la Haute autorité de la primaire.
Après la cacophonie de dimanche et lundi derniers, les responsables de la Haute autorité de la primaire citoyenne ont publié les résultats définitifs du premier tour. Je les publie ci-dessous. Je suis même confiant (preuve de naïveté ?) sur la sincérité d’un scrutin qui aurait pu, dû, s’épargner le ridicule des projections nocturnes sans modifications des pourcentages. On a cru à une manipulation pour rentrer dans l’épure, comme l’a déclaré Cambadélis qui aurait mieux fait de se taire.

Précautions de second tour : pas de projections nocturnes
Pour le second tour, Thomas Clay, le président de la Haute autorité, a pris ses précautions. Pas de projections anticipées au cours de la nuit de dimanche à lundi mais publication de résultats vérifiés, contrôlés, attestés. Ségolène Royal propose même que les responsables fédéraux adressent leurs résultats directement auprès de la Haute autorité et non rue de Solférino où se trouve le siège du PS. Il est vrai que Ségolène Royal conserve un souvenir amer de l’élection qui succéda au congrès de Reims mais alors il s’agissait d’un vote interne et pas d’une primaire ouverte.
Dimanche prochain, les électeurs (trices) de gauche, mais pas seulement eux, auront donc à départager Valls le réaliste et Hamon l’utopiste si tant est qu’on puisse les résumer en un mot. Valls part avec un handicap sérieux à la fois mathématiquement et politiquement. Le désistement d’Arnaud Montebourg sera-t-il suivi par ses électeurs ? Le 3e homme tient dans ses mains la clé du scrutin. Si c’est Hamon le vainqueur, comme on peut le pressentir, tout un travail de reconstruction et de conviction sera engagé. Dès cette présidentielle mais aussi après les législatives. Qui peut dire quel sera l’état du Parti socialiste pris en étau entre Macron et Mélenchon ? Un Macron qui mise sur Hamon et doit se réjouir (en silence) des malheurs de Fillon.

Les résultats du premier tour au niveau national :
Nombre d’inscrits :  45 654 821, Nombre de votants : 1 655 919, Suffrages exprimés : 1 634 039, Blancs et nuls : 21 880, Participation : 3,63%.
Ont obtenu : Manuel Valls, 521 238, Sylvia Pinel, 33 067, Vincent Peillon, 112 718, François de Rugy, 63 430, Arnaud Montebourg, 290 070, Benoît Hamon, 596 647, jean-Luc Bennhamias, 16 869.

Les trois points-clés de l'affaire Fillon trop vite passés sous silence, notamment à la télévision


Les invités de l’émission de la 5 consacrée à l’affaire Fillon, hier après-midi, ont insisté sur certains aspects du dossier mais, selon moi, ont oublié d’autres éléments de ce qui ressemble bien à une affaire. 
A aucun moment, Roland Cayrol ou Caroline Roux n’ont évoqué les 100 000 euros versés pour la contribution intellectuelle de Pénélope Fillon à la « Revue des deux mondes » dirigée par un ancien cadre de Elle, compagne de Franz Olivier Giesbert qui, paraît-il, ne se prive pas pour alimenter en conseils sa tendre moitié. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi M. Giesbert a osé qualifier les idées de Benoît Hamon d’une forme de « trumpisme de gauche ». M. Giesbert hante les rédactions (et les plateaux télé) de tous bords depuis des décennies, du Nouvel Observateur au Figaro, il est devenu la caricature de lui-même et n’est pas à un excès près. 
Deux comptes-rendus de lecture de Mme Fillon, deux ans, 100 000 euros de salaire payés par la société d’un ami de François Fillon. Qui dit mieux ? La justice dira si ces versements relèvent de l’abus de bien social.

Besoin de proximité
Revenons à notre sujet. François Fillon, pour sa défense, raconte qu’il a embauché sa femme parce qu’il a confiance en ses talents et ses compétences et que c’est un moyen de l’avoir proche de lui : « Ma femme a le droit de travailler. » Quand François Fillon a été nommé Premier ministre — durant cinq ans tout de même — son épouse est devenue l’assistante parlementaire de son suppléant originaire de la Sarthe avec un salaire plus que décent (1). Elle n’était plus proche de son mari mais émargeait à là encore à des plafonds surprenants. De quelle proximité parle-t-on ?

Disparue des listes
Autre fait troublant. Quand en 2013 les règles ont changé et obligé les parlementaires à rendre publics les noms de leurs assistants, Mme Fillon a subitement disparu de la liste des bénéficiaires des emplois d’assistants ! Pourquoi ? Alors que François Fillon était redevenu député de Paris et que les compétences de Mme Fillon n’avaient sans doute pas disparu, non plus qu’un besoin en assistants parlementaires, ce besoin de proximité n’était donc plus nécessaire ? Ou avait-on des choses à cacher ?

Rapidité de l'enquête
François Fillon, comme tout citoyen, bénéficie de la présomption d’innocence. Que Mme Valérie Pécresse s’étonne de la « rapidité » de l’ouverture de l’enquête préliminaire démontre seulement qu’elle fait preuve d’une totale mauvaise foi dans la mesure où le parquet financier a agi avec autant de célérité dans l’affaire Baupin, l’affaire du footleaks, des panama Papers et bien d’autres. Et le tout après des révélations de la presse. Les éléments de langage du staff Fillon ont donc été préparés à la va-vite avec beaucoup d’approximation et de fébrilité. Peut-être est-ce la mode des faits alternatifs (2) ?

(1)  Comme les emplois familiaux sont plafonnés autour de 4500 euros, notamment entre conjoints, Mme Fillon a pu être salariée à hauteur de 7900 euros — sans plafond donc — puisqu’au service du nouveau député de la Sarthe, ancien suppléant de son mari avec lequel elle n'a pas les mêmes liens de proximité.
(2)  Faits alternatifs : expression inventée par la cellule communication de Donald Trump pour contrer les vérités dérangeantes. Ces faits alternatifs ne sont que purs mensonges.

26 janvier 2017

« J'aime ma femme » : Fillon pathétique sur TF1 ce soir. Il faut interdire les emplois familiaux sur fonds publics


Il n’y a pas à tortiller. Pour éviter l’affaire Pénélope Fillon comme on avait eu avant l’affaire Le Maire, l’Affaire Copé, l’Affaire Bartolone, et éviter des soupçons mortifères pour leurs auteurs en particulier et les parlementaires en général, je ne vois qu’un moyen. Il est réglementaire. Les députés et les sénateurs doivent se doter d’un règlement interdisant l’embauche des conjoints, des enfants, des membres de la famille en un mot, comme assistants parlementaires. Il faudra aussi éviter les embauches croisées destinées à contourner les règles. Point barre comme dirait le chargé de communication de Donald Trump.

Les députés européens se trouvent déjà dans ce cas et le parlement européen ne s’en porte pas plus mal. A Strasbourg, les emplois fictifs du Front national et qui font actuellement l’objet de procédures judiciaires sont d’un autre ordre. La famille Le Pen et quelques députés frontistes ont rémunéré sur des fonds publics européens des permanents du FN qui n’ont jamais mis les pieds dans les instances européennes ! Quand on pense que ces dirigeants du FN nous font la leçon à longueur de journée, qu’ils dénoncent un système dont ils abusent et qui les nourrit.

Au fait, je me demande bien quel travail Mme Fillon a bien pu fournir pour un salaire de 7900 euros brut mensuel ! C’est plus que l’indemnité de base du député Fillon ! Je connais des assistants parlementaires à Paris et en province qui sont employés à temps complet, font donc leurs 35 heures par semaine, tiennent des permanences, préparent des courriers, rédigent des questions écrites, des communiqués de presse, assurent des rendez-vous avec les citoyens. Ils gagnent 2600 euros mensuels et s’estiment correctement rémunérés.

Les défenseurs des Fillon assurent la main sur le cœur que Mme Fillon ne se met jamais en avant, qu’elle est bardée de diplômes…et j’ai même entendu un sénateur affirmer qu’un parlementaire est un employeur et qu’à ce titre, il est le seul à pouvoir juger du travail des salariés qu’il emploie. Le mérite universitaire de Mme Fillon n’est pas en cause. Tout le monde n’est pas M. Ladreit de la Charrière qui a versé 100 000 euros à Mme Fillon pour deux comptes-rendus de lecture en…deux ans ! C’est pourquoi l’enquête préliminaire relève d’ailleurs l’abus de bien social. S’agissant de fonds publics, leur utilisation doit respecter un objectif : servir l’intérêt général, pas des intérêts particuliers. Le travail parlementaire étant spécialisé et pointu, les citoyens peuvent comprendre qu’un député ou un sénateur soit aidé de personnes compétentes.

Sans atteindre, sans doute, le degré d’analyse et de sophistication de Mme Pénélope comme j’aurais aimé que mes piges, celles que j’adressais aux journaux parisiens qui avaient eu la bonne idée de faire appel à mes services il y a deux décennies, soient rétribuées à cette hauteur. Rendez-vous compte monsieur François Fillon, candidat à la présidentielle, ce qu’il faut de labeur, de temps passé, d’efforts et de sérieux de la part d’un homme ou d’une femme ordinaire pour gagner 100 000 euros ! Et c’est vous qui allez demander aux Français de faire encore plus d’efforts, qu’ils se serrent encore plus la ceinture pour satisfaire votre programme brutal, on le savait, et injuste, on s’en doutait.

Car c’est là que le bât blesse. L’affaire judiciaire est une chose. M ; Fillon, ce soir à TF1 trouvera tous les dossiers et tous les agenda du monde qu’il veut. On le croira sur parole. Mais l’affaire politique est celle qui intéresse tous les Français. Ce candidat à la présidence nous a-t-il tout dit, que nous cache-t-il encore ? La transparence absolue est une forme de tyrannie. Certes, chaque individu doit pouvoir recéler sa part de secrets. Un homme public, candidat à la présidence, ne doit pourtant pas être celui qu’on menace, qu’on peut faire chanter, qu’on peut faire taire. Rien dans l’armoire, rien dans les placards. C’est vrai pour M. Fillon, ça l’est aussi pour M. Macron et tous les autres.

PS / j’ai regardé et écouté François Fillon ce soir sur TF1. Pénélope ? « Je l’aime et je la protégerai jusqu’au bout » a-t-il déclaré avant d’annoncer qu’il allait porter plainte contre les journaux qui affirment que l’emploi de Pénélope Fillon était fictif. Qu’il aime sa femme, est-ce le sujet ? Franchement, M. Fillon était pathétique. Il a quand même promis que s’il était, un jour, mis en examen, il renoncerait à sa candidature à la présidence de la République. Les policiers vont maintenant éplucher le dossier que Me Antoine Lévy, avocat, leur a apporté cet après-midi devant trente caméras et cinquante journalistes. Le feuilleton Fillon ne fait que commencer.

Quelle a été la réalité du travail de Pénélope Fillon, attachée parlementaire de son mari pendant plusieurs années ?


Pénélope Fillon, si discrète pourtant…
« Servir ce n’est pas se servir ». En campagne électorale, cet adage vieux comme la politique est utilisé par tous les camps dès qu’une faille à la moralité — dans sa définition communément  admise — ou pire à la légalité, est rendue publique. Le Canard enchaîné de cette semaine nous apprend que Pénélope Fillon, l’épouse de l’ancien premier ministre, candidat de la droite et du centre à la prochaine élection présidentielle, a touché près de 500 000 euros brut sur huit ans pour un emploi d’assistante parlementaire.Les mensualités ont même atteint 7900 euros lors de la meilleure période.

Un emploi fictif ?
En soi, le fait ne serait pas répréhensible puisque de nombreux députés et sénateurs (de droite et de gauche) embauchent des membres de leur famille pour les assister. On compte 20 % de parlementaires qui utilisent les services de leur conjoint(e) ou fils, ou fille, ou cousin…Ce qui serait beaucoup plus grave, d’après le journal satirique, c’est que Mme Fillon aurait été employée fictivement ! Que personne ne l’ait aperçue dans les couloirs de l’Assemblée nationale n’aurait rien d’étonnant puisque Mme Fillon, racontent les porte-parole du candidat, était installée à Sablé dans la Sarthe où François Fillon avait sa circonscription avant d’être élu à Paris. Mais l’a-t-on rencontrée à la permanence du député Fillon ou celle de son suppléant-sucesseur ? A-t-elle reçu du public, monté des dossiers, organisé des rendez-vous, préparé du courrier, rédigé des questions écrites ? Que sait-on des activités réelles et concrètes de Mme Fillon ? Bien peu de chose puisque Mme Fillon brillait par sa discrétion…Le parquet financier qui a ouvert une enquête préliminaire pour détournements de fonds et recel devrait pouvoir, dans les semaines à venir, faire toute la lumière sur la réalité concrète de Pénélope Fillon. Si j'ose dire, ils vont pouvoir tisser leur toile.

Devoir d'exemplarité
Quand un candidat aux plus hautes fonctions de notre République promet de supprimer 500 000 emplois de fonctionnaires, de faire travailler les salariés 39 heures payées 37, de réduire les prestations sociales notamment dans le domaine de la santé…il se doit d'être exemplaire. il ne pourrait, sans dommage, se permettre d’avoir offert des faveurs, non seulement à son épouse, mais à son couple puisque François Fillon, de manière directe ou indirecte aurait tiré un certain profit de ces 500 000 euros brut. Je ne doute pas que les journalistes du Canard enchaîné possèderont bientôt les réponses à ces questions indépendamment de l'enquête policière.

25 janvier 2017

Le duel Hamon-Valls ce soir à la télé : ça va saigner !


Benoît Hamon et des syndicalistes enseignants à Val-de-Reuil. (photo JCH)
Le face à face de ce soir à la télévision est prometteur. D’un côté Manuel Valls, ex-Premier ministre de François Hollande, l’homme du 49-3, de la laïcité intégriste et de la déchéance de la nationalité, de l’autre Benoît Hamon, ancien ministre devenu frondeur après que le gouvernement a mis en place sa politique de l’offre faisant la part belle aux entreprises sans aucunes contreparties. Lui, il est l’homme du revenu universel, du rêve comme disent ses détracteurs qui répandent la rumeur déjà tentée avec Ali-Juppé : Hamon est l’ami des Frères musulmans ! Diantre. Entre camarades, on n’y va pas de main morte comme entre deux gauches irréconciliables.

Sur le papier, le match semble équilibré. C’est pourtant un trompe l’œil car la dynamique est incontestablement du côté de Benoît Hamon. Il est sorti en tête au premier tour, bénéficie de cinq points d’avance, il a reçu les renforts d’Arnaud Montebourg et de Martine Aubry. Si ce dernier a gagné face à ses six concurrents c’est aussi et surtout parce qu’il représente une forme de nouveauté, place dans ses priorités la justice sociale et met en avant des mesures favorables aux jeunes de notre pays. Rares sont ceux qui leur parlent les yeux dans les yeux sans mentir sur les difficultés qui attendent le prochain président, quel qu’il soit.

Manuel Valls met en avant la crédibilité de son projet, s’appuie sur son expérience au plus haut niveau, assure qu’il est le seul présidentiable digne de ce nom à gauche. Après une campagne hésitante, il a décidé de frapper dur et fort sur son camarade-adversaire qui ne serait qu’un marchand d’illusions. Il va loin dans sa charge puisqu’il refuse, cette semaine, et contrairement à la lettre et l’esprit de la charte des candidats à la primaire citoyenne, de s’engager à soutenir Benoît Hamon si celui-ci gagne la finale. Un refus de perdant potentiel sans aucun doute. D’autant que les Français ont mis à terre Sarkozy, Juppé, Hollande, Duflot, des sortants sortis sans ménagement. Valls pourrait bien connaître le même sort funeste.

Après cinq ans de hollandisme, les Français veulent renverser la table. Ils ont assez des demi-mesures et des hésitations ainsi que des faux pas. Pourquoi n’essaieraient-ils pas un homme tourné vers l’avenir : revenu universel, taxe robot, révolution écologique… et qui a fait de la question sociale sa priorité. La vie quotidienne des Français, leur emploi, leur pouvoir d’achat, leur santé, l’éducation de leurs enfants, cela vaut tous les coups de menton sur la sécurité (indispensable) la lutte contre le terrorisme (nécessaire)…Deux gauches, deux visions du monde. A suivre ce soir sur France 2 et TF1.

24 janvier 2017

Cafouillage et bafouillages lors du premier tour de la primaire citoyenne


Eric Lardeur a veillé à une organisation parfaite à Louviers
Pour que le résultat d’un vote soit admis par tous, candidats et électeurs compris, il doit être irréprochable. Est-ce le cas des opérations électorales du premier tour de la primaire citoyenne du dimanche 22 janvier ? Évidemment non. Il est ébouriffant qu’un grand parti dit de gouvernement soit incapable de publier au fur et à mesure de l’obtention des résultats par bureaux et par départements des chiffres sûrs et contrôlés.

Les cafouillages de la nuit de dimanche à lundi et de la journée de lundi, s’ils ne portent pas atteinte à la sincérité du scrutin, laissent tout de même planer une ombre d’incertitude, pour le moins, sur la qualité de l’organisation au plus haut niveau du Parti socialiste. La presse s’est emparée avec une avidité légitime des bafouillages des responsables du PS contraints de justifier…l’injustifiable.

Benoît Hamon ne s’y est pas trompé qui, pourtant vainqueur de ce premier tour, a exigé lundi que toute la lumière soit faite sur les bugs et autres fautes individuelles avant le second tour de dimanche prochain. Il est impératif, si l’appareil socialiste veut conserver quelque crédibilité avant la vraie campagne présidentielle, qu’aucun doute ne subsiste sur le verdict final du premier tour. On ne peut pas demander à des citoyens de participer à des votations qui seraient placées sous le signe de l’amateurisme et d’une forme de laxisme.

Dans l’Eure, Marc-Antoine Jamet, s’est félicité de la bonne tenue des opérations de vote. Dans les 51 bureaux de l’Eure, il n’y eut que très peu d’incidents (1). Le face à face Valls-Hamon qui devrait motiver un plus grand nombre de votants qu’au premier tour exige de la part des organisateurs transparence et publicité. Localement c’est acquis. Nationalement ?

(1) Au Moulin à Louviers, des portes sont restées closes un certain temps…

23 janvier 2017

Benoît Hamon a donné du sens au vote des électeurs de la primaire à gauche


Dépouillement dans les bureaux du Moulin. (photo JCH)
Une impression de vide. En pénétrant, hier dans le bureau de vote situé au Moulin à Louviers, j’ai ressenti subitement des regrets après ce que j’avais vécu en 2011 lors de la première primaire de la gauche. Pas une âme, pas un chat. Il était midi, il est vrai, mais j’ai compris que cette votation ne serait pas un grand succès populaire. Elle ne le fut pas, en effet, au point que la direction nationale du Parti socialiste minaude à n’en plus finir pour rendre publics les chiffres de la participation. 1,5 million, 1,6, moins ou un peu plus ? Décidément, Cambadélis n’a toujours rien compris aux exigences de 2017 et à l’absolue nécessité d’en finir avec la langue de bois.

Les votants ont eu raison
Ceux et celles qui sont venus voter ont quand même eu raison. Organiser un suffrage ouvert à tous présente évidemment des risques. Quand un gouvernement dit de gauche « offre » le bilan tel que celui défendu par Manuel Valls et qu’on demande à des gens de gauche de l’avaliser ou de le critiquer, il faut être très motivé pour faire acte de civisme, apporter son écot, signer la charte des valeurs et choisir parmi les sept postulants, celle ou celui qu’on préfère ou qu’on déteste le moins. Abandonnons donc le verre à moitié vide.

 Montebourg éliminé
J’ai éliminé Montebourg de mon choix dès l’annonce de sa candidature. Comment celui qui en 2007 avait qualifié François Hollande de « plus grand défaut de Ségolène Royal » a-t-il pu se désister en sa faveur en 2011 lors de la primaire et faire perdre, ainsi, Martine Aubry ? Il connaissait l’homme, ses limites et ses pratiques. Devenu frondeur sur le tard, Arnaud Montebourg ne pouvait retrouver, à mes yeux, la sincérité d’un Benoît Hamon.Voter Valls ? Impossible. La déchéance de nationalité exigée par le FN et Sarkozy m'est restée au travers de la gorge. Céder là-dessus, c'était céder aux sentiments les plus vils. Quant aux 5000 réfugiés — seulement — accueillis en France, quelle pitié !

Privilégier le terrain social
En se plaçant d’emblée sur le terrain social, Benoît Hamon, le député de Trappes a évidemment rallié bien des sympathies. Un candidat de gauche doit avant tout se soucier de justice sociale ; Tout en découle. L’éducation, l’emploi, la culture, la santé, le traitement du chômage et de la lutte contre la pauvreté. Benoît Hamon, en démissionnant du gouvernement Valls, a annoncé la couleur : la politique de l’offre sans contreparties est indéfendable. Le revenu universel, sans doute utopique sur le papier, est une idée réaliste dont le mérite est de susciter un débat de fond pour de futurs gouvernants de gauche. Bien sûr qu’un coup annuel théorique de 350 milliards d’euros est impossible à assumer. Bien sûr que la valeur travail est aussi et surtout une valeur de gauche. Bien sûr que les richesses ne sont pas produites d’un claquement de doigt et que l’entreprise (petite et grande) a une importance colossale dans les échanges économiques et la création d’emplois. A condition de réinvestir les profits et de partager avec les salariés une partie de la valeur ajoutée. 

Ne pas sacrifier les jeunes générations
Comment assurer l’autonomie, l’indépendance des jeunes s’ils ne sont pas aidés par la société et assurés d’un revenu minimum apte à les lancer dans le grand bain de la vie professionnelle ? Le revenu universel ? Il y faudra des critères, des analyses, des projections mais, de grâce, ne partons pas battus et ne sombrons pas dans l’agression contre une idée qui a d’abord le mérite d’exister et de motiver celles et ceux et qui, hier, ont voté comme ils l’ont fait.

Reconquérir les territoires
Et maintenant. Il reste une petite finale dimanche avec un Valls en retard et Un Hamon confiant avec le soutien de Martine Aubry et ses amis. Imaginons Hamon désigné par le vote. Il portera les couleurs des socialistes au premier tour de la présidentielle. Les sondages actuels le placent à 5%. C’est très peu. Cela ne garantit pas une présence au second tour et peut contribuer à favoriser un duel entre Fillon-le-brutal et La famille Le Pen. Que cherche-t-on ? Un Macron à l’efficacité purement électoraliste et éphémère ou la construction d’une gauche doté d’un avenir par la reconquête des territoires et des collectivités. Benoît Hamon ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs. Il devra être patient, courageux et obstiné. Comme Mitterrand et Jospin avant lui.

Le premier tour des primaires analysé par Marc-Antoine Jamet


« La démocratie, dans l’Eure, comme dans le reste du pays, a parlé et trois constats émergent - évidemment - de ce premier tour des « primaires citoyennes de la Gauche et des écologistes » qu’avait voulues le Parti socialiste et ses alliés radicaux et écologistes.

Premièrement, les opérations de vote, dans les 51 bureaux qui avaient été constitués à l’initiative de la Fédération, sur tout le département, se sont passées de manière remarquable, dans une clarté et une discipline parfaites. Aucune critique et fort peu d’incidents, dus en général à des problèmes d’inscription, n’ont entaché cette consultation. Il faut féliciter les militants et les sympathisants qui, en peu de temps ont su organiser ce scrutin de manière exemplaire. Je les en remercie. Il n’y a eu, pour ces primaires, aucun résultat étonnant à Evreux, aucun candidat dépassant ses scores nationaux à Vernon, aucun résultat incohérent avec les tendances hexagonales à Gisors et aux Andelys.

Deuxièmement, la participation est, dans notre département, à l’image de ce qu’elle a été dans le pays. Elle est certainement plus faible qu’en 2011. Elle est cependant bien plus importante que ce qui était annoncé et les participants à ce scrutin dépassent de beaucoup les frontières de notre parti. Chacun, en outre, a rencontré devant les urnes des électeurs heureux, enthousiastes, confiants, beaucoup de jeunes, prêts à affronter en mai, puis en juin, conservateurs, démagogues et opportunistes.

Troisièmement, le résultat ne souffre d'aucun doute. Les deux qualifiés du second tour sont au coude à coude dans l’Eure, mais, avec plus de 35% des voix, Benoît Hamon l’emporte nettement, y compris à Val-de-Reuil qu’il avait fidèlement aidé et soutenu depuis quinze ans, contre un peu plus de 30% pour son challenger, l’ancien Premier Ministre de François Hollande. En dépassant de quinze points les autres candidats de cette primaire, l’ancien ministre de l’Education Nationale et Manuel Valls ont rendu leur avance incontestable. Il est à noter, phénomène assez rare pour qu’il soit notable, qu’elle est générale et homogène dans l’ensemble du département.

Le second tour sera donc passionnant, car il fera se confronter autour des mêmes valeurs, autour des mêmes principes, deux lectures proches, mais différentes, de la société, deux réponses aux dangers que représentent la droite et l’extrême droite, mais avec des modalités d’action originales. Militants, sympathisants, électeurs auront donc un véritable choix dimanche prochain. Je souhaite dans ces conditions que nous soyons plus nombreux à nous prononcer dimanche 29 janvier que dimanche 22 janvier. En se déterminant pour l’un ou pour l’autre, ils sauront répondre à la question qui leur est posée qui n’est pas de savoir qui dirigera le Parti Socialiste, après le congrès qui ne manquera pas d’avoir lieu à l’automne, mais quel sera le candidat des socialistes, des écologistes et des radicaux, à la Présidence de la République, capable, dans un environnement international bouleversé par l’élection de Donald Trump, devant une situation intérieure marquée par la décrue trop faible du chômage et la nécessité de préserver la sécurité des Français, de créer l’élan, de susciter l’envie, de provoquer l’adhésion.  

Mon rôle sera simple. Je veillerai scrupuleusement à l’honnêteté, à la régularité de ce second tour, et je m’attacherai, dès la proclamation des résultats, à organiser le rassemblement des socialistes et des forces de Gauche pour que mes idées, mes convictions, triomphent en mai et juin prochain. »

Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste de l'Eure

22 janvier 2017

Trump le bonimenteur, Minc ferait mieux de se taire, au Pakistan les blogueurs risquent leur vie


Les femmes américaines montrent l’exemple
(capture d'écran) Les Américains ne se laisseront pas influencer par Trump le bonimenteur.
Des centaines de milliers d’Américains, mais pas seulement, sont descendus dans les rues des grandes villes des États-Unis pour dénoncer le sexisme, l’homophobie, le racisme, l’islamophobie du président dorénavant investi. Dans des centaines d’autres villes du monde entier des hommes et des femmes solidaires ont également tenu à dénoncer les propos mensongers, les provocations, les conflits d’intérêts d’une sorte de brute épaisse arrivé là où il est au gré des faiblesses d’Hillary Clinton, de l’aveuglement de la presse américaine et d’un coup d’état silencieux de la part des électeurs-trices désirant se venger de Barack Obama, ce président noir que l’Amérique profonde exècre.
Il ne faut pas croire, même si Trump fait celui qui n’entend ni ne voit rien d’autre que lui, que ces mouvements naissants sont inutiles ou vains. Ils sont destinés à créer le bruit de fond de cette nouvelle présidence. Pendant les quatre années à venir, il se trouvera toujours, à New York un jour, à Los Angeles, un autre jour, à Chicago ou à Détroit, un groupe de citoyens motivés pour dénoncer telle ou telle agression contre l’Obamacare, telle ou telle disparition du site présidentiel (1) telle ou telle remise en cause des droits et des libertés fondamentales. Trump sera sous surveillance constante. Il devra rendre des comptes en permanence que cela lui plaise ou non. Et au Congrès rien ne dit que tous les Républicains se feront dicter leur loi par ce nouveau venu dans la politique. C’est aussi cela la résistance en 2017 !

Alain Minc ferait mieux de se taire
Il aurait dû se taire et s’abstenir de prendre publiquement position. S’il avait réellement souhaité la victoire d’Emmanuel Macron, Alain Minc, puisqu’il s’agit de lui, n’aurait pas dû « causer » dans le poste et apporter son soutien à l’ancien ministre de l’économie. Car Minc est le symbole même du système que dénonce une majorité de Français. Tantôt de centre-gauche, tantôt sarkozyste, tantôt conseiller d’un libéralisme pur et dur, Alain Minc justifie son soutien en affirmant que Macron est le seul vrai candidat européen.
Européiste, plutôt. Car les vrais européens devraient se soucier plus qu’ils ne le font actuellement du dumping social, des inégalités flagrantes, de l’incompréhension de la gouvernance. L’effet Trump et America first vont obliger les gouvernements de la vieille Europe à se prendre en main et à compter sur leurs peuples. Enfin ?

Que de on : Hamon, Macron, Mélenchon
Les primaires de la « belle alliance populaire » ont lieu aujourd’hui. Nul ne sait vraiment quel sera le résultat en termes de participation et de classement des candidats On peut être sûr que ni Jean-Luc Benhamias ni Sylvia Pinel ne seront qualifiés pour le second tour. On parle d’un effet « Hamon ». Le député de Trappes a cristallisé un mouvement d’adhésion à certaines valeurs et propositions. Il pourrait bien être la bonne surprise de ce premier tour surtout si Manuel Valls parvient à disputer la finale.
Le débat de second tour entre Valls et Hamon apporterait sans doute une clarté bienvenue dans les différentes voies à explorer pour construire le futur. Jean-Luc Mélenchon a, d’ores et déjà, pris ses marques. Il appelle, avant même qu’on connaisse les conséquences du vote de la primaire de gauche, au désistement du candidat socialiste. Il parie sur deux mouvements antagonistes l’un en faveur de Macron, l’autre en sa faveur. Hamon, Macron, Mélenchon montent dans un bateau…


Au Pakistan, les blogueurs d’opposition disparaissent
Les réactions à mon billet sur l’idiot du village lovérien ne manquent pas. Tant mieux. Ce blog a vocation à susciter des débats et c’est l’avantage des réseaux sociaux. Au Pakistan, le problème des blogueurs qui déplaisent au pouvoir se règle dans la violence et la terreur. On apprend que cinq blogueurs d’opposition ont disparu il y a plusieurs jours et on ignore ce qu’ils sont devenus. Ont-ils été tués ? Sont-ils au fond d’un cachot ? Sont-ils torturés ? Leurs familles, à la fois inquiètes et révoltées, sont même menacées physiquement et vilipendées par des Islamistes radicaux. On sait que le staff d’Al Qaïda a trouvé refuge dans ce pays et que le pouvoir politique joue un double voire un triple jeu. La liberté d’expression n’y existe plus et la démocratie, elle, a bel et bien disparu.



(1) Tous les éléments liés au changement climatique ont disparu, dès hier, du site Internet de la présidence des Etats-Unis. Et ce n’est pas un coup des Russes !