J’aurais honte de me faire payer mes costumes
Il venait d’être désigné
comme étant le vainqueur de la primaire de la droite et du centre. Une petite
semaine venait de s’écouler quand Robert Bourgi, avocat de profession mais qui
jamais ne plaida, proposa à François Fillon de lui payer deux costumes chez
Arnys (d’une valeur de 13 500 euros) l’un des tailleurs les plus selects de
Paris. Ou est-ce Fillon qui le sollicita ? L’enquête judiciaire en cours
permettra de le déterminer.
Interrogé par un journaliste
sur l’opportunité de ce cadeau, le candidat de la droite rétorqua : Et
alors ? Et tous les Fillonistes de reprendre cet élément de langage :
et alors ? Ma première réaction a été la suivante : je considère
qu’il est humiliant de se faire payer des vêtements par un tiers. Il faut être
peu scrupuleux voire radin pour accepter que quelqu’un — pas n’importe qui,
soit dit en passant — vous offre vos costumes. Comme si François Fillon, ancien
premier ministre, député de Paris, détenteur d’une société de conseil (bien
juteuse) ne pouvait pas lui-même faire face à ses dépenses courantes ? A
sa place, j’aurais honte. Mais je ne suis pas à sa place et je méconnais, sans doute,
les us et coutumes de certains hommes de pouvoir au dessus de la loi commune.
Quant au sulfureux Robert Bourgi, l’homme qui porta les valises remplies de
millions d’euros de l’Afrique à la France, en faveur de MM. Chirac et Villepin
« il se bidonne » face au scandale. Drôle de compassion à l’égard de celui
qu’il voyait comme le futur président de la République…
Le nom de Le Pen est depuis toujours attaché à
l’argent
Dans la famille « affaires
judiciaires » je demande les Le Pen. L’émission « envoyé spécial » sur France 2
a permis aux Français intéressés par la vie politique de mieux connaître
l’arrière cuisine de Marine Le Pen, là où elle mijote avec ses affidés, les
coups les plus tordus et les plats les plus amers. Les Chatillon, les Lousteau,
les anciens du mouvement étudiant d’extrême droite (le GUD) les nostalgiques
d’Hitler et du fascisme, déploient des trésors d’imagination pour pomper
l’argent des contribuables français et européens soit dans le cadre des
campagnes électorales soit en utilisant des emplois fictifs, notamment à
Strasbourg. Mises en examen, perquisitions, enquêtes policières et judiciaires,
le panier de Marine Le Pen s’est alourdi avec le témoignage d’un de ses anciens
proches, un certain Aymeric Chauprade. Il raconte en détail comment Marine Le
Pen a mis au point un système élaboré destiné à doter chaque député européen FN
(ils sont 20) d’assistants parlementaires dont l’un d’entre eux sera employé à
travailler pour le parti. Une machine redoutablement efficace dont le principe
est évidemment scandaleux mais pas si étonnant que cela. La Grande histoire
nous apprend en effet que les pouvoirs autoritaires ou autocratiques aiment
l’argent, beaucoup d’argent. Voyez Poutine, sa fortune est évaluée à 47 milliards de dollars.
J’ose espérer que lors du
débat de lundi soir à la télévision (sur TF1) il se trouvera un candidat
courageux pour dénoncer cette escroquerie intellectuelle qui voudrait nous
faire passer des vessies pour les lanternes et le FN pour un parti « tête haute
mains propres ». La tête est pourrie et les mains sont noires comme leurs
chemises.
La clause Molière est
surtout la clause Tartuffe
Certaines
délibérations récentes de collectivités territoriales dirigées par Valérie
Pécresse, Hervé Morin, Laurent Wauquiez, pour ne citer qu’eux, à travers la
clause dite « Molière » visent à interdire à des salariés étrangers, ne parlant
pas Français, de travailler en France. Derrière cette clause, « c'est la clause
Tartuffe » (1) dont il faut se méfier. En effet, celles-ci ne sont pas
inspirées par l’amour de notre langue, mais par l’objectif électoraliste de
faire obstacle à la concurrence d’entreprises étrangères. Ces délibérations
sont à la fois illégales, discriminatoires et inutiles car le droit en
vigueur prévoit déjà les dispositions nécessaires (sécurité des chantiers,
pratique du français nécessaire à l’objet du marché, lutte contre la fraude au
travail détaché). Les collectivités dirigées par la droite, avec ces provocations
gratuites, mettent en péril la situation des 150 000 travailleurs Français
qui exercent leur activité en détachement dans d’autres pays de l’UE. Le vrai
enjeu est d’aboutir à la révision de la directive travail détaché.
Loncle et Destans
rejoignent « en Marche »
François
Loncle et Jean-Louis Destans, les deux parlementaires de gauche de l’Eure, ont
d’ores et déjà décidé de rejoindre « en Marche » et Emmanuel Macron. L’ancien
président du conseil général de l’Eure, dont la situation électorale n’est pas
des plus faciles dans une circonscription, disons délicate, agit suffisamment
en amont pour ne être taxé d’opportunisme au cas où Emmanuel Macron deviendrait
le prochain Président de la République. Rien ne dit, cependant, que la
commission présidée par Jean-Paul Delevoye et chargée d’examiner les prochaines
candidatures d’En Marche aux législatives, retiendra la candidature de Jean-Louis
Destans. Ce dernier a tout de même pour lui son action à la tête du conseil
général de l’Eure qui contraste fortement avec l’amateurisme de Sébastien
Lecornu devenu ex-porte parole de François Fillon après le retrait des Le
Mairistes.
Quant
à François Loncle, son évolution de carrière l’a conduit là où il est. Tout
près de Manuel Valls et contre les frondeurs et donc contre Benoît Hamon. Dans
la mesure où il ne sera plus candidat aux législatives, les électeurs(trices)
ne pourront pas lui reprocher d’avoir changer de casaque et de cheval…
(1) L'expression est de Bernard Cazeneuve, Premier ministre.