8 juillet 2017

La Région « Normandie » et le Département de l'Eure n'informent pas les habitants !


Hervé Morin jeune : photo JCH
Il n’y a pas à tortiller : comment les citoyens peuvent-ils être informés des décisions, des projets, des comportements des élus locaux, départementaux ou régionaux ? Pas en assistant aux séances des conseils respectifs puisque la géographie (sinon locale) ne le permet pas. Je vois mal les citoyens, habitants de la Normandie ou de l’Eure, prendre leur véhicule pour aller à Caen ou Evreux suivre des débats souvent soporifiques à des heures où la majorité des concitoyens travaillent.

Les journaux locaux ou régionaux ne s’attachent à relater que les événements « marquants » des séances surtout quand il s’agit de polémique ou de scandales plus ou moins prouvés. Et tout un chacun ne lit pas la presse locale. Alors de quel outil disposent les citoyens pour connaître la politique conduite par les majorités et les oppositions, ce qui me semble essentiel aux choix démocratiques éclairés ? La réponse est simplissime : des journaux où la parole des uns et des autres côtoie les magazines, dossiers, sujets divers…d’intérêt général. 

Il se trouve que les majorités de droite actuelles à la Région normande et au département de l’Eure, pour ce qui nous concerne, ont décidé, par souci d’économie (tu parles !) de supprimer ces moyens d’explications et de réflexions. Du temps d’Alain Le Vern et de Jean-Louis Destans, et malgré les imperfections, la Région et le Département de l’Eure assuraient par le biais de journaux distribués partout et à tous, un minimum d’informations basiques expliquant l’action conduite. Au-delà de l’aspect politique, les Normands et les Eurois bénéficiaient de renseignements pratiques ou de services bien utiles compte tenu des compétences respectives des assemblées. Je déplore que M. Hervé Morin et jusqu’à très récemment, M. Sébastien Lecornu, n’aient pas ressenti le besoin de doter leur collectivité d’un lien permettant aux habitants de s’identifier à leurs lieux de vie, de loisirs, de culture, de travail, de sport, j’en passe et des meilleurs.

Quelle conception bizarre et regrettable que de croire en l’impuissance ou l’indifférence  — au choix — des citoyens à l’égard des élus qu’ils ont choisis. A Louviers et au sein de l’Agglomération Seine-Eure, où les majorités sont pourtant de droite, la conduite est bien différente. Les journaux de la ville et de la CASE sont bien faits, bien écrits et les oppositions politiques y ont toute leur place. Serait-ce trop demander à M. Priollaud (vice-président de la Région) pour qu’il intercède auprès de son président préféré et change cette conduite pour le moins rétrograde et surtout à l’époque des réseaux sociaux et du besoin de communication, totalement blâmable.

3 juillet 2017

«Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien»


Emmanuel Macron parle peu. Parfois, il ferait mieux de se taire. Paradant devant un parterre d’entrepreneurs de start-up rassemblés dans une ancienne gare, le président de la République (voir le titre) a évoqué le passé de l’endroit en saluant ceux qui utilisaient les trains à la différence de ceux « qui ne sont rien ». Il faut comprendre : sans travail…ou pire encore.

Je ne lis pas dans les pensées du président de la République mais si j’avais le don de bien les traduire, je dirais que le mépris qu’il manifeste à l’égard des défavorisés de la naissance, de la fortune ou du hasard, a quelque chose de choquant. Quand on parle des hommes ou des femmes de ce pays, on doit mesurer ses propos et avoir le sentiment « inné » de leurs conséquences. C’est un des caractères obligés de ce métier de président : la dignité, le respect…de chacun et de tous.

Je sais bien que cette bavure sémantique n’est pas la première. Il avait déjà évoqué les « illettrées » de Gad en Bretagne, et le fameux « costard » qu’on peut se payer à condition de travailler. Il serait bien qu’Emmanuel Macron descende de son trône sur lequel nous l’avons placé et décrive « son » réel d’une façon moins arrogante. Son discours devant le Congrès aujourd’hui devrait nous éclairer sur sa façon de concevoir le fonctionnement de la démocratie et de discerner la confiance qu’il manifeste envers la représentation nationale.

2 juillet 2017

Je retiendrai de Simone Veil son courage et sa ténacité face aux insultes des lobbies à croix gammée et à la haine de certains hommes politiques


Simone Veil à la tribune de l'Assemblée nationale en 1974.
Des nombreuses qualités de Simone Veil, je retiens celle qu’elle manifesta avec constance durant les débats de 1974 lors de l’étude de la loi sur l’interruption de grossesse. A l’Assemblée nationale, des élus de droite et de la droite extrême l’ont agressée, insultée, vilipendée l’accusant de mille maux et de porter atteinte aux principes sacrés de notre civilisation. Ceux qui n'ont pas connu ces années-là ne peuvent même pas imaginer à quel point rendre les femmes maîtresses de leur destin et de leur corps faisait bouger les lignes !

Face à des hordes souvent déchainées, Simone Veil fit face avec une grande sérénité, une intelligence exceptionnelle mêlant l’humanité et la solidarité à l’égard des 300 000 femmes françaises qui, chaque année, avaient recours aux faiseuses d’anges pour les moins riches et aux voyages en Angleterre pour celles
qui avaient quelques moyens et connaissances.

Les hommes de l’Assemblée nationale étaient en grande majorité des conservateurs et des pratiquants religieux. Ils n’acceptaient pas de regarder en face le malheur et la détresse des femmes, des jeunes filles, enceintes, et ne désirant pas conserver leur enfant pour mille raisons, qu’elles soient affectives, matérielles ou médicales. De tous temps, les femmes refusant leur grossesse ont fait appel à TOUS les moyens possibles et imaginables pour avorter. Les conséquences étaient parfois terribles : stérilité, septicémie, mort…Simone Veil avait compris en accord avec Valéry Giscard-d’Estaing, que la France ne pouvait pas demeurer ce pays sourd et aveugle au malheur de ces Françaises et de ces femmes en général vivant dans notre pays. Il lui fallait agir.

Inutile de dire que le lobbying de l’église catholique, de mouvements politiques influents, de groupes de pression puissants a pesé sur les débats qui ont duré trois jours et quelques nuits. Jamais Simone Veil n’a craqué. Elle, la survivante de la Shoah, a fait face à ses opposants et aux lettres anonymes ou aux croix gammées peintes sur les portes de sa maison avec la certitude servir une cause noble.

A Louviers, dès que la loi Veil a été adoptée, un centre d’orthogénie s’est créé sous l’impulsion du Docteur Ernest Martin. Pendant des mois et des années, il a pratiqué avec bien des bénévoles et des professionnels de santé, des IVG dans un contexte médical sécurisé à la fois psychologiquement — si c’est possible — et physiquement puisque la méthode par aspiration et venue de Californie avait fait ses preuves.
Avec le temps, les lois se sont améliorées. Marisol Tourraine a même obtenu le remboursement à 100 % de tous les à-côtés de l’intervention (analyses, échographies etc.) On ne dira jamais assez combien Simone Veil a été décisive dans ces progrès de la santé humaine et de la vie collective dans ce vieux pays de France plus prompt à accepter les réformes révolutionnaires qu’on veut bien le dire. Merci encore Mme Veil.