9 avril 2018

Pierre Mendès France et le bon fonctionnement de la démocratie


François Loncle, qu'on ne peut soupçonner d'être hostile à la réduction du nombre de parlementaires a eu la gentillesse de me communiquer le texte de la causerie de Pierre Mendès France, le 29 janvier 1955. Je ne sais si son texte plaide en faveur de 400 ou de 577 députés, il n'en reste pas moins que l'ancien Président du conseil plaide pour un lien de proximité entre les élus et les citoyens. Quand il évoque une circonscription plus réduite que la surface du département tout entier, il ne fait que conforter la nécessité d'une bonne connaissance entre le parlementaire et le citoyen. « Le salut exige que le régime républicain soit fondé sur des relations étroites qui seules permettent la franchise réciproque la plus complète…»
Quand le département de l'Eure comptera trois (?) circonscriptions au lieu de cinq, le travail du député changera du tout au tout. Finies les permanences d'élus, finies les rubans coupés et les inaugurations…le député se devra d'être constamment à Paris. Je sais bien qu'un député est un élu de la nation mais tout de même, on changera de pratique surtout si la proportionnelle s'en mèle. Il serait bien de le préciser et de prévenir les Français.

8 avril 2018

Contre la réduction du nombre de parlementaires, une mesure essentiellement démagogique


La suppression d’un tiers des membres du sénat et de l’Assemblée nationale, pour être populaire, n’en est pas moins une mesure démagogique. L'air du temps veut qu'on vilipende les élus, devenus les boucs émissaires des maux de la société. Aucune raison objective ne vient pourtant au secours de cette proposition du candidat Macron devenu président de la République. Si l’on regarde attentivement le territoire et le découpage des circonscriptions, on constate que, grosso modo, toutes les régions et tous les départements sont représentés par un corps législatif homogène capable de voter la loi et de contrôler l’action du gouvernement.

Réduire le nombre de députés et de sénateurs d’un tiers et en en faisant élire 15 %, a priori, au scrutin proportionnel va obliger le gouvernement à un redécoupage sanglant des circonscriptions. Cela aura pour effet d’agrandir sensiblement les territoires représentés et d’éloigner, par la force des choses, les élus des citoyens. Je vois mal le député du coin passer son temps à bord de sa voiture pour se rendre, le week-end notamment, à telle ou telle manifestation où sa présence est souhaitée. Le risque est d’avoir des élus hors sol, loin du terrain, loin des préoccupations quotidiennes des Français. Les députés ne sont pas des chauffeurs !

L’un des arguments du président est qu’ainsi réduits le sénat et l’assemblée nationale travailleront mieux ! C’est un pari. Risqué d’ailleurs. Car aujourd’hui, avec la loi sur le cumul des mandats, les parlementaires le sont déjà à temps complet et peuvent donc se consacrer à 100 % à leur tâche. Constate-t-on pour autant un progrès dans la présence en commissions ou sur les sièges du Palais Bourbon ? S’ils le veulent vraiment, les élus de la nation ont actuellement la capacité de proposer des amendements, de discuter les projets de l’exécutif, de le contrôler à temps complet. 

Réduire la compétence d'une assemblée au nombre de représentants qui la compose est illusoire…ou l’objet d’un calcul politicien. Briguer les suffrages des électeurs c’est un engagement. Un acte militant au sens noble. Je souhaite que les parlementaires refusent de se faire hara-kiri et réfléchissent bien avant de céder à la facilité toujours éphémère.