4 juillet 2016

Elie Wiesel aussi a lié son nom à l'histoire de la ville nouvelle de Val-de-Reuil


Monument de Val-de-Reuil Nicolas Borel pour Jakob+Macfarlane
J’ai rappelé ici la venue de Michel Rocard à Val-de-Reuil sans omettre la visite qu’il fit au Lycée agricole du Neubourg lorsqu’il fut ministre de l’Agriculture. Je ne saurais passer sous silence le remarquable concours apporté par Elie Wiesel, décédé lui aussi ces jours derniers, à l’occasion de l’érection du monument à la Mémoire et pour la Paix construit à Val-de-Reuil également.

L’idée en revient à Bernard Amsalem, maire de la ville nouvelle, qui souhaitait la réalisation d’une œuvre, non pas consacrée à célébrer des victoires ou à rendre des hommages, mais plutôt un monument symbolique porteur d’un bien très précieux, la paix, servi par l’outil magique et humain qu’est notre mémoire. A l’époque, il serait exagéré de dire que le projet de M. Amsalem fit l’unanimité. De nombreuses voix, à droite surtout, à gauche aussi,  se lamentèrent pour tenter de discréditer une proposition originale et novatrice. Mais la paix, la mémoire, cela ne rapporte pas d’argent ! Cela en coûte même puisqu’il fallut en passer par un concours d’architecture (1) et financer une réalisation qui, pour être simple, fut assumée à 100 % par la ville.

Avec le temps et le recul, on mesure combien ce monument possède des caractères uniques. D’autant plus uniques que ce moment privilégié de la ville fit l’objet d’un parrainage exceptionnel de la part d’Elie Wiesel. De Boston, le prix Nobel de la paix adressa une lettre manuscrite au maire pour lui accorder sa « bénédiction » et surtout lui faire don d’une citation appelée à dépasser le temps des hommes et à inspirer bien des générations : « Bouclier contre la laideur de la haine et l’absurdité de la guerre, la mémoire seule permet aux hommes d’espérer. » Voilà pourquoi je n’ai jamais bien compris comment une association d’anciens combattants a pu transformer ce monument en un monument aux morts ce qui, à mes yeux, ne peut être qu’un contresens.

Elie Wiesel ne fut pas le seul à accepter de parrainer ce monument. Bien des philosophes, des humanistes, des hommes et des femmes politiques, ont offert un témoignage personnel et exclusif d’ailleurs objet d’un recueil toujours actuel. L’un d’eux, Maurice Pons, récemment disparu lui aussi s’en tira par une pirouette dont il avait le secret : « Et moi, je me contenterai de parodier le grand poète Saint-John Perse. L’homme à la mémoire d’or se dévêt de son or en l’honneur de la paix. »

(1) Concours gagné par Dominique Jakob+ Brendan Mac Farlane, architectes débutants à l’époque du concours, devenus des créateurs de renommée mondiale.

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